CASABLANCA: De Casablanca, le temple du foot, à Rabat, la placide capitale du royaume, les Marocains ont explosé de joie mardi, après la qualification historique de leur équipe nationale en quarts de finale du Mondial aux dépens de l'Espagne.
Au bout d'un suspense irrespirable, des chants, des cris, des larmes, des craquages de fumigènes, un tohu-bohu strident de klaxons et de vuvuzelas ont célébré l'exploit, à l'issue de la séance des tirs au but, des Lions de l'Atlas, première sélection arabe à atteindre ce stade de la compétition.
A Rabat, au coup de sifflet final, des milliers de fans ont envahi la prestigieuse avenue Mohammed V dans une atmosphère bon enfant.
Le roi Mohammed VI, arborant le maillot rouge à l'étoile verte et le drapeau national, y a été aperçu à bord d'une berline blanche circulant au milieu de la foule joyeuse, selon des vidéos postées sur les réseaux sociaux.
Dans un appel téléphonique, le monarque chérifien a salué la "prestation historique" des membres de la sélection nationale.
«Magique»
"On était des millions derrière le Maroc. Cette équipe représente un esprit, une union", a exulté Imad Aït Ounejjar, un chef de projets, dans une trattoria bondée de Casablanca, patrie des deux géants rivaux du foot marocain, le Raja et le Wydad.
"Cette victoire est pour le Maroc, l'Afrique, le monde arabe et toutes les nations qui ont cru en nous. Nous sommes fiers d'être Marocains", s'enthousiasme le jeune homme.
De fait, les Lions de l'Atlas sont la dernière sélection africaine ou arabe encore en lice au Qatar.
"Je n'arrive pas à y croire! Cette équipe fait des miracles! C'est tellement beau!" renchérit à côté Lamia Afria, 24 ans. "Je ressens de la fierté, on a fait l'impensable!".
"Magique". "Le plus beau match de l’histoire du Maroc !!!", a tranché Tourabi Abdellah, un vieux supporter rabati.
Pour eux tous, c'est un rêve qui se concrétise après tant d'années d'attente et de frustrations.
Jamais les Lions de l'Atlas n'étaient allés aussi loin dans le tournoi mondial. Avant lundi, leur meilleur résultat dans la compétition reine du football remontait à 1986, lorsqu'ils avaient atteint les huitièmes.
Des milliers de supporters du Maroc sur les Champs-Elysées à Paris
Plusieurs milliers de supporters du Maroc ont afflué sur les Champs-Elysées mardi dans la soirée, pour fêter la qualification historique des Lions de l'Atlas pour les quarts de finale du Mondial au Qatar aux dépens de l'Espagne, a constaté une journaliste de l'AFP.
Brandissant le drapeau national ou grimés aux couleurs rouge et verte, les supporters se sont regroupés à proximité de l'Arc de Triomphe, au milieu des fumigènes et sous la surveillance de nombreux policiers. L'affluence a grossi au fil de la soirée.
Klaxon bloqué, des voitures se sont mêlées aux célébrations sur la célèbre avenue, lieu habituel de rassemblement des supporters de l'équipe de France.
Malgré le froid saisissant, les trottoirs, une partie de la chaussée et même les rues adjacentes étaient parcourus par les supporters, dans une ambiance bon enfant.
Dans ce restaurant casablancais, l'ambiance a paru irréelle. Jusqu'au bout, les supporters - hommes et femmes confondus - enveloppés dans les drapeaux rouges et arborant le maillot à l'étoile verte ont poussé derrière les Lions.
Après la victoire, la salle a scandé, d'une même voix, "Au suivant" et "Dima Maghrib (Toujours avec le Maroc)".
«Frères et voisins»
Ce duel épique a pris des allures de derby: les côtes espagnoles ne sont qu'à 14 km de Tanger, de l'autre côté du détroit de Gibraltar.
Au-delà du pur aspect sportif, Rabat et Madrid partagent des intérêts communs, économiques, mais aussi dans la lutte contre l'immigration illégale.
Après une brouille diplomatique de près d'un an, à propos de la question du territoire disputé du Sahara occidental, les deux voisins ont normalisé à la mi-mars leurs relations.
Aujourd'hui, elles semblent au beau fixe.
Plusieurs internationaux marocains évoluent dans le championnat espagnol comme l'attaquant Youssef En-Nesyri et le gardien Yassine Bounou (Séville FC), l'ailier Ez Abde (Osasuna) et le défenseur Jawad El Yamiq (Real Valladolid).
La star de l'équipe nationale Achraf Hakimi, auteur d'une audacieuse panenka lors du tir au but qui a délivré les siens, est quant à lui né à Madrid et a été formé au Real.
Mais les Lions de l'Atlas ont aussi conquis les cœurs en dehors des frontières du royaume chérifien.
Des scènes de liesse ont éclaté en Syrie, en Arabie Saoudite et jusqu'à Gaza après les matches de poule du Maroc. À Paris, plusieurs centaines de fans ont célébré la victoire mardi sur les Champs-Elysées.
Des supporters palestiniens ont même improvisé un chant en l'honneur des onze marocains.
De leur côté, les héros marocains ont posé sur les photos d'après-match à Doha avec le drapeau de la Palestine.
Même dans un contexte de crise aiguë entre le Maroc et l'Algérie, le football a réussi à unir les deux "peuples frères".
"Loin de tous les trolls haineux et malveillants des réseaux sociaux, le peuple algérien est derrière le peuple marocain (...) Vos frères et voisins sont avec vous", a écrit mardi la page DZfoot qui compte plus d'un million d'abonnés sur Twitter.
Plusieurs internationaux algériens ont également salué l'exploit marocain sur les réseaux sociaux.