PARIS : Après avoir tourné en France avec Catherine Deneuve, le Japonais Kore-eda pose ses valises en Corée du Sud et enrôle la star Song Kang-ho pour «Les bonnes étoiles», réflexion sur l'adoption et les liens familiaux.
En salles mercredi, le film a valu le prix d'interprétation masculine à Song Kang-ho, le père de famille de «Parasite», trois ans après le succès mondial du film.
«J'ai conscience qu'avoir un casting aussi prestigieux et d'avoir travaillé avec une équipe technique qui rassemble les meilleurs techniciens du pays, ça peut rendre les réalisateurs coréens probablement un peu jaloux», a affirmé à l'AFP le réalisateur à Cannes, où le film était en compétition lors du dernier festival.
Comme dans «Une affaire de famille», Palme d'or 2018, Kore-eda a imaginé des êtres se rencontrant fortuitement et qui recréent une famille, cette fois-ci autour d'un bébé abandonné dans une boîte où les mères peuvent laisser leur nouveau-né. Un dispositif qui existe en Corée et au Japon, que le réalisateur a découvert il y a une dizaine d'années.
L'occasion de s'interroger sur les liens du sang, les séquelles de l'abandon, la douleur des séparations... Des sujets qui sont chers à cet explorateur des liens familiaux.
Pour ce film, «j'ai rencontré beaucoup de gens, des gens abandonnés dans des boîtes à bébé, j'ai visité des orphelinats... La question qui les hantait: est-ce que leur vie avait une valeur, est-ce qu'il avait bien fait de venir au monde ?», raconte Kore-eda, qui a souhaité apporter «un regard différent» sur les femmes abandonnant leur enfant.
Song Kang-ho joue un homme criblé de dettes qui découvre le bébé abandonné et se porte volontaire pour lui trouver une nouvelle famille, en échange d'argent.
- «Faire famille» -
Autour de lui gravite Dong So, qui l'aide dans la «transaction», et la jeune mère, dont les motivations restent longtemps opaques.
La vente du bébé va se transformer en road-movie entre Busan et Séoul, dans un van décati. L'habitacle sera le théâtre de rapprochements entre les personnages.
«Chacun a vécu une situation de rejet dans sa famille d'origine et se retrouve à faire famille au départ de façon assez artificielle», développe le réalisateur.
Le film réunit à l'écran plusieurs stars sud-coréennes: outre Song Kang-ho, Bae Doo-na («Cloud Atlas»), Gang Dong-won («Peninsula») et la star de la K-Pop Lee Ji-eun, IU à la scène. Elle avait déjà reçu des critiques élogieuses pour son rôle dans la série télévisée «My Mister» (2018), où elle jouait une jeune femme lourdement endettée. C'est sa prestation qui avait tapé dans l'œil de Kore-eda.
«Ce qui m'a motivé au départ, ce n'était pas tant de tourner en Corée mais d'avoir rencontré des acteurs coréens. Souvent, des projets naissent d'une rencontre avec quelqu'un. J'avais en l'occurrence très envie de tourner avec eux», raconte le réalisateur.
Song Kang-ho s'attendait à une direction d'acteurs «méticuleuse et calculée» de la part de Kore-eda. «Mais il nous a vraiment respectés et a fait ressortir nos émotions d'une manière qui soit vraiment libre, bienveillante et inépuisable», racontait-il début mai à Séoul.