«Serial thinker», le prof de philo qui cartonne avec ses vidéos TikTok

Les concepts du baccalauréat de philosophie condensés en vidéos de trois minutes : avec son compte "serial thinker", le professeur strasbourgeois Lev Fraenckel fait sensation sur TikTok, où son style décontracté et ses emprunts à la pop culture séduisent les lycéens. (AFP).
Les concepts du baccalauréat de philosophie condensés en vidéos de trois minutes : avec son compte "serial thinker", le professeur strasbourgeois Lev Fraenckel fait sensation sur TikTok, où son style décontracté et ses emprunts à la pop culture séduisent les lycéens. (AFP).
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Publié le Dimanche 27 novembre 2022

«Serial thinker», le prof de philo qui cartonne avec ses vidéos TikTok

  • Il baptise son compte «serial thinker» (penseur en série), nom qu'il reprendra sur TikTok
  • Un hommage crypté à Socrate : «il a été considéré comme un 'serial killer' ("tueur en série", ndlr) alors qu'il était un 'serial thinker'»

STRASBOURG : Les notions du bac philo condensées dans des vidéos de trois minutes: avec son compte "serial thinker", le professeur strasbourgeois Lev Fraenckel cartonne sur TikTok où son style décontracté et ses emprunts à la culture pop séduisent les lycéens.

"On dit 'les jeunes ne sont pas curieux, ils ne se posent plus de questions'. Je crois que c'est complètement faux, ils (s'en) posent énormément. Mais le système éducatif actuel ne favorise pas l'émergence de ces questions", estime cet enseignant de 41 ans qui s'est lancé "il y a trois ans", d'abord sur Youtube, pour "enseigner autrement".

Il baptise son compte "serial thinker" (penseur en série"), nom qu'il reprendra sur TikTok. Un hommage crypté à Socrate : "il a été considéré comme un 'serial killer' ("tueur en série", ndlr) alors qu'il était un 'serial thinker'", "un vieillard qui marche dans Athènes en posant des questions et qui a été condamné à mort", explique-t-il.

Philosophie «badass»

"C'est le premier qui déstabilise le système" et "je voulais montrer le côté 'badass', martial de la philosophie", sourit-il.

Pour illustrer ses questionnements sur l'amour, le véganisme ou le sens de la vie, Lev Fraenckel pioche dans la "pop culture" pour coller au "référentiel d'un jeune de 16, 17 ans" et lui parler de philosophie "dans sa langue", en convoquant séries ("Snowpiercer", "Dahmer") ou blockbusters ("Fast and furious").

Ses premières vidéos Youtube, plutôt destinées au grand public et dont certaines dépassent la vingtaine de minutes, connaissent un succès modeste.

Mais en juin, au moment du bac, il se lance sur TikTok : le succès sera immédiat, "avec 100 000 abonnés en quelques jours" et "6 ou 7 millions de vues. C'était impressionnant", se souvient M. Fraenckel.

Le secret? Des vidéos de trois minutes à l'écriture serrée, tournées dans son appartement strasbourgeois avec un ancien élève, Simon Schott, qui a monté sa société de production, Wolfdog. Des véritables fiches de révision dans lesquelles, en jeans et t-shirt, il résume d'un ton décontracté les 17 notions du bac philo (l'Etat, l'Inconscient, le Langage, la Liberté...).

Ponctuées de citations d'auteurs clés, elles font vite un tabac auprès de lycéens en pleines révisions avant l'épreuve de philosophie.

Aux dires de nombreux élèves, leur efficacité est redoutable. Etudiant en médecine, le Strasbourgeois Cyril Hadef, 18 ans, dit avoir eu "19" au bac grâce à elles : Lev Fraenckel "a le don d'arriver à simplifier des trucs assez compliqués pour en faire quelque chose" de compréhensible par "tout le monde", s'enthousiasme le jeune homme.

"Preuve", pour l'enseignant, que sa "méthode fonctionne. On peut faire de la philo sérieusement" qui sera en même temps "un peu divertissante".

Le salaire de Mbappé

"Je n'aime pas les choses trop fermées", poursuit celui qui, enfant, n'appréciait "pas trop l'école" mais se posait "des tas de questions existentielles". Mais à l'époque, "on me disait : 'si tu fais de la philo, tu vas finir clochard'", se souvient-il.

Après quelques années dans l'expertise-comptable, il réalise qu'il risque de "dépérir complètement" s'il reste dans ce domaine et s'inscrit en philosophie à l'université de Strasbourg. Un "choc", de son propre aveu : "je me dis : voilà, c'est là que j'aurais dû être depuis toujours".

Il entame une thèse, toujours en cours, sur la psychanalyse et l'existentialisme, et en 2014, passe avec succès le Capes de philosophie.

Actuellement en disponibilité du lycée strasbourgeois où il enseigne, il donne toujours des cours d'histoire des religions à l'université, histoire de garder un pied dans l'enseignement "IRL, in real life" ("dans la vraie vie"), glisse dans un rire celui qui se donne un an pour vivre de son activité sur TikTok.

Il va sortir prochainement un livre "pour aider les élèves de Terminale à réussir le bac philo". D'autres suivront, "plus grand public", dans lesquels il compte développer des thèmes abordés dans certaines vidéos, par exemple "Mbappé mérite-t-il son salaire ?"

Et début décembre, il va mettre en ligne un échange avec Gad Elmaleh autour de son film "Reste un peu", récit d'une introspection religieuse.

"Des choses plus décalées", explique Lev Fraenckel. "Je donne ce que j'aime. La philosophie, pour moi, ça doit aussi avoir un aspect amusant."


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte d'origine libanaise et française, dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tel que l'encre, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes, n’échappent pas à un regard averti.  Les peintures, bien que légères, servent de canal à son engagement émotionnel. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent Dubai où il exerce « un metier classique ».  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les 80 ans de Dave: «pour un beatnik, faire carrière est un gros mot!»

Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris
  • Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965

PARIS: "A 20 ans, je rêvais de vivre en chantant, surtout pas faire carrière! Pour le beatnik que j'étais, c'était un gros mot!": à 80 ans, Dave, l'interprète des indémodables "Vanina" et "Du côté de chez Swann", n'en revient pas d'être devenu un chanteur populaire mais refuse de songer à des adieux.

"J'aimerais bien chanter jusqu’à la fin. La scène, c'est le nirvana et on nous paie pour ça, en plus!", confie à l'AFP le plus Français des Néerlandais, connu aussi pour son franc-parler.

Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris, avant une nouvelle tournée qui passera par Amsterdam et Bruxelles.

"Quand je suis devenu chanteur populaire, je n'ai rien compris. En plus, je n'étais pas du tout branché +variétoche+...", ajoute celui qui est toujours fan de jazz.

Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965: "je faisais la manche dans le Quartier latin. En m'accompagnant à la guitare, je reprenais les succès du moment", raconte Dave, qui vient de publier une autobiographie, "Comment ne pas être amoureux de vous" (Talent Editions).

"On m'a conseillé d'aller plutôt à Saint-Tropez. (...) Maintenant, j'y retourne, mais comme client!", ajoute le chanteur vite remarqué par le producteur Eddie Barclay.

En 1972, il est enrôlé dans l'opéra-rock "Godspell". Deux ans après, il perce enfin avec la reprise de "Sugar Baby Love" des Rubbets, adapté en français par son compagnon Patrick Loiseau, qui deviendra son parolier attitré. La même année, "Vanina" dépasse le million d'exemplaires.

Après "Dansez maintenant" et "Mon cœur est malade", deux autres tubes, Dave se maintient au sommet du hit-parade avec "Du côté de chez Swann", une ballade romantique signée encore Patrick Loiseau et devenue l'une des chansons emblématiques des seventies.

«Comme Henri Salvador»

"Quand Patrick m'a proposé ce texte, je lui ai demandé s’il n'était pas fou. Cela me semblait trop littéraire et je pensais que ça ne marcherait jamais... Finalement, le succès a été énorme. Ma seule chanson diffusée sur France Inter!", ironise-t-il.

"Sans prétention, les textes étaient plutôt intéressants à l'époque. Aujourd'hui, ils ont perdu un peu en qualité", juge-t-il. Dans la jeune génération, Zaho de Sagazan et Vianney sont toutefois ses préférés.

"Depuis toujours, j'aime amuser la galerie avec des blagues caustiques mais je suis un gentil avec un bon fond", assure le chanteur, victime d'une lourde chute en 2022 qui a entraîné quatre jours de coma, avec, pour seules séquelles, la perte de l'odorat et du goût.

A 80 ans, le chanteur rêve d'un album "à un million d’exemplaires, comme Henri Salvador à la fin de sa vie".

"Pour le plus tard possible", Dave a laissé des instructions pour qu'on grave sur son urne funéraire le mot "ouf": "parce que je serai probablement content que cela se termine et parce que +ouf+ en verlan, veut dire fou. Un bon résumé de ma vie".