PARIS: Les représentants des cultes catholique, protestant, musulman et juif n'adopteront pas de front commun dans le débat sur la fin de vie, même si leurs positions sont proches, expliquent-ils dans une interview croisée au Journal du dimanche.
A la question de savoir si les responsables des cultes feront une déclaration commune en amont de possibles débats législatifs sur la question, le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort, répond: "non, nous avons plutôt éliminé cette option. Le temps présent est au débat et nous ne sommes pas le tribunal des religions qui jugeraient la société".
"Pour l'instant, la question est: faut-il envisager des changements dans la loi actuelle? Nous n'anticipons pas. Nous participerons à ce débat (...) ensuite, à la société de faire son grain avec, ou pas", renchérit dans la même interview le Grand rabbin de France, Haïm Korsia.
Le président Emmanuel Macron a évoqué à la fin de l'été un changement de législation sur la fin de vie. Une convention citoyenne formée de 150 Français tirés au sort doit en débattre à partir du 9 décembre. Elle formulera au printemps prochain des propositions censées orienter les choix de l'Etat, et notamment de décider s'il convient de changer la loi Claeys-Leonetti sur l'accompagnement médical de la fin de vie, éventuellement en légalisant une "aide active à mourir".
Les grandes religions ne présentent "pas un front uni, politique, qui voudrait s'imposer, mais un ensemble de préoccupations partagées. Nous voulons mettre en avant l'humanité et la nécessité d'un accompagnement humain", explique dans l'interview le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz.
"On ne peut pas parler de front des religions. Quand bien même nos appréciations sont proches les unes des autres, nous ne partons pas en guerre contre une possible loi", ajoute Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France.
"Au sein du protestantisme, nous ne sommes pas tous alignés", souligne-t-il en outre. Haïm Korsia note lui aussi qu'"il existe des nuances intercultes et en interne, y compris dans le judaïsme".
Le rôle des responsables religieux dans le débat "consiste à faire apparaître qu'on ne peut pas réduire cette question à sa dimension technique ou juridique (...) , elle concerne notre humanité", résume Mgr de Moulins-Beaufort.