PARIS: Gérald Darmanin recevra mardi midi au ministère de l'Intérieur le président de l'exécutif corse Gilles Simeoni puis une quarantaine de parlementaires et de maires de l'île de Beauté, dans le cadre du salon des maires, a appris l'AFP lundi auprès de son entourage.
"Il s'agit d'une rencontre informelle, pas politique", insiste-t-on de même source, un mois et demi après le report d'une visite du ministre de l'Intérieur en Corse dans le cadre d'un cycle de concertations sur l'avenir de l'île.
Le président autonomiste du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a précisé lundi soir dans un communiqué qu'il avait deux entretiens prévus mardi à Paris, l'un avec M. Darmanin et l'autre avec la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
Le principe de la rencontre avec le ministre de l'Intérieur avait "été arrêté dès après l’arrêt rendu le 29 septembre dernier par la chambre d’application des peines de Paris concernant le refus de libération conditionnelle de Pierre Alessandri", a souligné M. Simeoni.
M. Alessandri, 64 ans, a été condamné à la perpétuité en 2003 pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac et est libérable depuis 2017.
Le refus de sa libération conditionnelle avait suscité l'"indignation" des élus de l'Assemblée de Corse qui avaient appelé le gouvernement à "recréer les conditions" d'une "confiance réciproque" pour poursuivre le dialogue entre l'Etat et les représentants insulaires sur l'avenir de la Corse.
Faute de conditions réunies pour "un débat serein", Gérald Darmanin avait reporté dans la foulée un déplacement prévu début octobre au cours duquel il devait évoquer la question des déchets et de l'énergie, en présence du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu.
M. Simeoni a ajouté que le "tête-à-tête" qui doit avoir lieu mardi "[vise] à faire un point sur la situation politique globale".
Il avait été confirmé au lendemain de l'invasion de l'Assemblée de Corse par une cinquantaine de militants d'associations de défense des prisonniers selon eux "politiques" qui réclamaient le vote d'une motion demandant à l'Etat un "acte fort" concernant ces détenus. Cette motion solennelle avait effectivement demandé à l’Etat "des actes politiques de façon à créer les conditions de la reprise du processus en cours".
Le responsable corse précise également que la seconde réunion avec la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, sera "l’occasion d’un large tour d’horizon sur les relations entre la Corse et l’Etat, incluant la question de la commission d’enquête parlementaire sur les circonstances" de l’agression mortelle d’Yvan Colonna.
La veuve d'Yvan Colonna n'approuve pas «les événements» organisés au nom du militant
"En tant que veuve d’Yvan Colonna, je tiens à alerter tous les sympathisants et militants nationalistes que les manifestations et autres évènements organisés au nom d’Yvan pour 'honorer' sa mémoire, ne sont en aucun cas organisés avec mon approbation ni celle de ses enfants", écrit Stéphanie Colonna dans ce bref communiqué révélé par la radio RCFM.
Ces manifestations et événements "ne sont, en fait, que des prétextes à l’initiative de 'pseudos' organisateurs mal intentionnés voulant, ou se faire une notoriété (politique) ou de l’argent", dénonce-t-elle sans préciser à quels événements elle fait référence.
"A partir de ce jour, les avocats d’Yvan feront ce qu’ils auront à faire pour que les volontés de ses enfants et moi-même soient respectées", ajoute-t-elle.
Le ministre de l'Intérieur, qui s'était engagé en mars à discuter de l'avenir de l'île jusqu'à une potentielle autonomie, a mis sur pied en juillet un comité stratégique, quatre mois après l'agression mortelle en prison du militant indépendantiste corse Yvan Colonna, membre du commando Erignac condamné à perpétuité, qui avait suscité de violentes manifestations dans l'île.
Ce cycle de concertation doit s'étaler sur un an, à raison d'une réunion toutes les six semaines.