Nora Al-Shaikh: «Mon héritage saoudien est une source d'inspiration constante pour moi»

Nora Al-Shaikh est une créatrice saoudienne. (photo fournie)
Nora Al-Shaikh est une créatrice saoudienne. (photo fournie)
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Publié le Samedi 14 novembre 2020

Nora Al-Shaikh: «Mon héritage saoudien est une source d'inspiration constante pour moi»

  • Dans un entretien à Arab News, la créatrice de mode saoudienne Nora al-Shaikh évoque les clés du succès mondial de son label éponyme
  • «Ce qui m'inspire dans mon héritage saoudien, c'est sa grande diversité. À chaque nouvelle collection, j'apprends et découvre constamment une nouvelle facette de ce pays si riche en artisanat et en traditions», raconte la créatrice

DUBAI: Quand Nora al-Shaikh avait huit ans, sa mère «très impliquée dans la mode» l'a emmenée acheter du tissu, pour qu'elle puisse concevoir sa propre robe pour un mariage de famille. «J'étais très enthousiaste lorsque la robe a été livrée par le tailleur, et j'ai pu la porter au mariage de ma tante», confie Nora al-Shaikh à Arab News.

Cette robe n’est que la première création à sortir de son imagination. La jeune femme a lance sa propre ligne de mode éponyme en 2012, trois ans après avoir obtenu son diplôme de l’Arts and Skills Institute (ASI), de Riyad.

«Je suis passionnée de mode – de même que de dessin, de couleurs et de textiles – depuis mon plus jeune âge, mais ce n'est qu'après avoir obtenu mon premier diplôme en gestion des affaires que j'ai décidé de poursuivre mon rêve de devenir créatrice de mode», précise Nora al-Shaikh.

Elle a conçu sa première collection d'abayas d'hiver en 2009. (photo fournie)
Elle a conçu sa première collection d'abayas d'hiver en 2009. (photo fournie)

L’ASI a été le premier institut à proposer un programme de création de mode en Arabie saoudite, et Nora raconte que les années qu’elle y a passées lui ont permis de devenir une créatrice de prêt-à-porter à succès, avec des collections offrant des garde-robes complètes pour les femmes. 

Elle a conçu sa première collection d'abayas d'hiver dès 2009 – avant même d'avoir créé sa marque éponyme – et l'a présentée dans le cadre d'un concours de création de mode sponsorisé par Swarovski dans l’un des magasins de la célèbre enseigne de luxe Saks Fifth Avenue à Riyad, désormais fermée. Après s’être essayée à une série de collections capsules mêlant tenues de soirée et vêtements de sport stylisés, dans lesquelles elle a tenté «de s’exprimer en tant que créatrice», la jeune femme a finalement décidé de lancer officiellement sa marque.

Un pont entre les cultures

«Lorsque j'ai décidé de lancer ma propre ligne, je voulais créer des vêtements modernes et raffinés qui pourraient plaire aux femmes du monde entier. Je cherche aussi toujours à imprégner de mon héritage saoudien les pièces que je conçois, de manière subtile», dit-elle. En fait, cet héritage est le point de départ de chacune de ses collections.

 Al-Shaikh a pu se connecter avec des femmes du monde entier grâce à ses vêtements. (photo fourni)
Al-Shaikh a pu se connecter avec des femmes du monde entier grâce à ses vêtements. (photo fournie)

«Ce qui m'inspire dans mon héritage saoudien, c'est sa grande diversité», poursuit la créatrice. Beaucoup de gens ne réalisent peut-être pas que l'Arabie saoudite est composée de treize régions, chacune avec ses propres traditions, formes d'art et même merveilles naturelles. À chaque nouvelle collection, j'apprends et découvre constamment une nouvelle facette de ce pays si riche en artisanat et en traditions. C’est une source d’inspiration constante pour moi, et j’utilise mes collections pour partager ce patrimoine avec un public plus large.»

La mode reste un outil puissant pour relier les cultures, et Nora a pu se connecter avec des femmes du monde entier grâce à ses vêtements.

Depuis son lancement, sa marque, basée à Djeddah, a été soutenue par de nombreuses personnes, d'Imaan Hammam, la modèle néerlandais d'origine marocaine et égyptienne, qui a revêtu une abaya noire Nora al-Shaikh lors de sa toute première visite en Arabie saoudite à l’occasion du lancement du festival MDL Beast en 2019, à l'auteure-compositrice-interprète américaine Fergie, qui a arboré le crop-top de la marque.

 En 2014, Al-Shaikh a reçu le prix «Leaders Inspiring a Kingdom in the Business World» de Forbes Middle East. (Photo fournie)
 En 2014, Al-Shaikh a reçu le prix «Leaders Inspiring a Kingdom in the Business World» de Forbes Middle East. (Photo fournie)

Les pièces ultraluxueuses et contemporaines de la marque ont également été reprises par des boutiques de mode bien connues dans le monde, telles qu’Ounass et la S*UCE Boutique de Dubaï, mais aussi dans des pop-up stores de Los Angeles et New York.

En 2014, la créatrice a reçu le prix «Leaders Inspiring a Kingdom in the Business World» décerné par Forbes Middle East. Elle décrit cette consécration comme «un moment mémorable qui demeurera toujours en moi.»

Mais le parcours de celle qui a désormais pignon sur rue n’a pas toujours été facile. En tant que femme arabe, elle avoue avoir dû surmonter plusieurs obstacles avant de parvenir à faire grandir sa marque dans la région.

Le goût des défis

Les pièces ultra-luxueuses et contemporaines de la marque ont également été reprises par des détaillants renommés à travers le monde. (photo fournie)
Les pièces ultra-luxueuses et contemporaines de la marque ont également été reprises par des détaillants renommés à travers le monde. (photo fournie)

 «La plupart des designers arabes sont confrontés à de nombreux défis dans la région. Il s'agit de faire évoluer les idées, de convaincre les autres que nos marques sont aussi bonnes que les marques internationales, et de faire comprendre aux boutiques locales de luxe qu’elles peuvent miser sur nous», affirme-t-elle. «Si nous ne pouvons pas trouver de soutien au sein de nos propres communautés, il nous sera d’autant plus difficile de réussir comme label international. Il devrait y avoir un sentiment de fierté à valoriser quelque chose qui est fait au Moyen-Orient – et nous commençons lentement à y arriver, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.» 

Contrairement aux grands carrefours de la mode comme la France et l'Italie, le Moyen-Orient ne dispose pas encore d'une infrastructure sur place pour permettre aux créateurs locaux de s’épanouir. Il y a un manque d’instituts adéquats où l’on peut apprendre les techniques essentielles permettant de devenir créateur de mode. Il est également difficile de trouver des fournisseurs de tissus et des usines de confection abordables afin que les créateurs puissent produire localement leurs collections.

Nora al-Shaikh affirme toutefois que ces obstacles n'ont fait que la rendre plus innovante.

Sa marque basée à Djeddah a été défendue par tout le monde, de Imaan Hammam à la chanteuse-compositrice américaine Fergie, qui a arboré le crop top de la marque. (photo fournie)
Sa marque basée à Djeddah a été défendue par tout le monde, de Imaan Hammam à la chanteuse-compositrice américaine Fergie, qui a arboré le crop top de la marque. (photo fournie)

«Être créatrice consiste également à résoudre des problèmes. J'ai passé beaucoup de temps à constituer peu à peu l'équipe fantastique que j'ai autour de moi aujourd'hui, car à vrai dire, quand on est designer en Arabie saoudite, on ne dispose pas des mêmes ressources que nos homologues à Londres ou à New York», explique t-elle, ajoutant qu'elle a dû constituer une équipe de couturières et de modélistes pour pouvoir produire ses collections en interne.

«Beaucoup de gens pensent que la mode est une entreprise glamour, mais c'est vraiment un travail assidu. J'ai pu faire grandir mon entreprise à force de patience, en perfectionnant progressivement mon artisanat», ajoute la créatrice de mode. 

Elle est aujourd’hui convaincue que son travail acharné a porté ses fruits, et que cela peut être aussi le cas pour les autres. «Je crois vraiment que si vous mettez un bon produit sur le marché, vous trouverez un public pour ce produit», conclut-elle. «Et c’est ce que j’espère pouvoir continuer à faire.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump à Abou Dhabi après Riyad et Doha

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  • Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes
  • Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane

DOHA: Déjà fêté en Arabie saoudite et au Qatar, Donald Trump conclut jeudi aux Emirats arabes unis, une tournée dans le Golfe ponctuée de spectaculaires annonces économiques et d'un coup d'éclat sur la Syrie.

Il n'est toutefois pas exclu que l'impulsif président américain change ses projets.

Il a évoqué mercredi la "possibilité" d'un déplacement en Turquie jeudi si son homologue russe Vladimir Poutine s'y rendait afin de parler de l'issue de la guerre en Ukraine, comme le réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

S'il ne va pas à Istanbul, Abou Dhabi lui offrira à son tour un accueil plein de pompe, ce à quoi le président américain s'est montré très sensible depuis son arrivée à Ryad mardi.

Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape.

Milliards 

Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique internationale.

Mais alors qu'en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d'investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.

L'Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d'investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l'avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.

Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.

Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Président syrien "séduisant" 

Le dirigeant de fait du royaume saoudien a su répondre aux attentes de faste monarchique et de "deals" spectaculaires du président républicain pour provoquer cette entrevue, la première du genre en 25 ans.

Donald Trump en a retiré une excellente impression du chef d'Etat syrien, qui a par le passé figuré sur une liste de jihadistes recherchés par les Etats-Unis, et qu'il a décrit comme un homme "jeune et séduisant".

L'ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l'ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d'appels au respect des droits humains et à la démocratie.

Ces notions n'ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président américain, qui s'est bien gardé, contrairement à son prédécesseur, de commenter l'assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en Turquie

Dans un discours remarqué à Ryad, Donald Trump, dont la famille a de très importants intérêts financiers privés dans le Golfe, a au contraire rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.

Ne pas "sonder les âmes" 

"Trop de présidents américains ont été affectés par la notion selon laquelle c'est notre travail de sonder les âmes de dirigeants étrangers et d'utiliser l'action américaine pour faire justice", a-t-il déclaré.

"C'est le travail de Dieu de rendre la justice, le mien est de défendre l'Amérique", a encore dit l'ancien promoteur immobilier.

L'extrait vidéo du discours, qui étrille la doctrine interventionniste chère à des républicains de la vieille école, a été partagé sur X par le vice-président JD Vance.

Ce dernier, qui soutient ouvertement des partis d'extrême-droite en Europe, a applaudi "la meilleure explication d'une politique étrangère intelligente et réaliste que j'aie jamais entendue de la part d'un président américain".


L'armée israélienne dit avoir «éliminé» un membre du Hezbollah au Liban

Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
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  • L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban
  • En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban

Jérusalem, Non défini: L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban, où les autorités ont fait état d'un mort dans une frappe de drone sur une voiture.

En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, surtout dans le sud du pays, frontalier du nord du territoire israélien.

Dans un communiqué, l'armée israélienne dit avoir "mené une frappe dans la région de Qaaqaiyat al-Jisr, dans le sud du Liban, éliminant un commandant" local.

A Beyrouth, le ministère de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone israélienne visant une voiture dans ce secteur.

Après le début de la guerre dans la bande de Gaza, le Hezbollah, groupe islamiste armé soutenu par l'Iran, a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, affirmant agir en soutien au Hamas, son allié.

Les hostilités ont dégénéré en guerre ouverte, Israël menant entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, sorti très affaibli du conflit.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre mais l'armée israélienne continue de bombarder le Liban, disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, et a maintenu des positions dans le sud du territoire libanais.


Faisal ben Farhane: La visite de Trump «reflète la profondeur du partenariat stratégique entre les États-Unis et le Royaume»

Les investissements saoudiens aux États-Unis ont été guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté. (Photo capture d'écran)
Les investissements saoudiens aux États-Unis ont été guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté. (Photo capture d'écran)
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  • Les investissements saoudiens aux États-Unis sont guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume
  • "Notre partenariat de défense et de sécurité avec les États-Unis, qui dure depuis des décennies, continuera à se renforcer", a-t-il déclaré.

RIYAD: La visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite a reflété la profondeur du partenariat stratégique entre les États-Unis et le Royaume, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Faisal bin Farhan lors d'une conférence de presse à Riyad mercredi.

"Notre partenariat de défense et de sécurité avec les États-Unis, qui dure depuis des décennies, continuera à se renforcer", a-t-il déclaré.

Les investissements saoudiens aux États-Unis sont guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté.

Le ministre a déclaré que l'Arabie saoudite partageait un partenariat économique solide et stratégique avec les États-Unis et qu'elle visait à accroître les échanges commerciaux entre les deux pays.

M. Bin Farhan a déclaré que le Royaume était d'accord avec les États-Unis sur la nécessité d'arrêter la guerre à Gaza et a salué la décision du président Trump de lever les sanctions contre la Syrie.

"La réunion entre le prince héritier, Trump, Sharaa et Erdoğan a souligné l'importance de soutenir la Syrie", a-t-il ajouté.

"Le Royaume sera un pionnier dans le soutien à l'économie syrienne".