DOHA: Karim Benzema, ça va? L'attaquant de 34 ans a disparu des terrains depuis un mois, diminué par un pépin musculaire mystérieux, et son état de forme interroge avant le premier match des Bleus au Mondial, mardi contre l'Australie, malgré les discours rassurants.
La France aborde la défense de son titre amoindrie par le forfait de plusieurs cadres ou valeurs sûres (Pogba, Kanté, Maignan, Kimpembe, Nkunku), et la voici suspendue à un feuilleton dont elle se serait bien passée autour du Ballon d'Or.
Depuis les retrouvailles de lundi, l'avant-centre du Real Madrid n'a participé à aucun entraînement collectif, se contentant de courir en début de séance avant de réaliser des exercices à l'écart du groupe, sous la supervision du préparateur physique.
Didier Deschamps avait espéré voir son N.19 rejoindre le reste de l'équipe jeudi pour la première séance de travail à Doha. Le sélectionneur a dû se résoudre à le voir de côté, avec l'autre blessé Raphaël Varane, pratiquer des exercices de tonicité, à l'intensité certes parfois élevée.
Les deux convalescents ont de nouveau fait bande à part durant l'entraînement de vendredi, à quatre jours de l'entrée en lice contre l'Australie, selon plusieurs médias sportifs.
«Très serein» selon Tchouaméni
Simple mesure de précaution, ou problème plus profond? Publiquement, le discours est rassurant tant de la part de l'entourage de Benzema que de ses partenaires, malgré une indisponibilité à rallonge.
"Il est très serein, il a beaucoup d'expérience, il connaît son corps et s'il n'a pas joué, c'est qu'il ne s'estimait pas capable d'aider au maximum l'équipe", a fait valoir jeudi Aurélien Tchouaméni, milieu du Real et des Bleus.
Le duel face au "Socceroos" mardi (22h00 locales, 20h00 de Paris) approche néanmoins à grands pas et Benzema poursuit son retour sur la pointe des pieds, lui qui a joué moins d'une demi-heure (le 2 novembre contre le Celtic Glasgow) depuis son dernier match disputé en intégralité, le 19 octobre en Liga.
Trois jours après, le Real Madrid communiquait sur une "fatigue musculaire au quadriceps de la jambe gauche" concernant le buteur, tout juste auréolé de son Ballon d'Or et laissé au repos pour la rencontre suivante.
"Je préfère perdre (Luka) Modric ou Benzema pour un match plutôt que pour un mois", justifie alors Carlo Ancelotti, persuadé que le passage à l'infirmerie sera de courte durée. Mais fin octobre, le ton change du côté de l'entraîneur.
"Il a passé des examens qui ont montré qu'il n'a aucun pépin physique. Mais on doit tenir compte des sensations du joueur. D'un côté on a les examens cliniques qui disent qu'il n'a rien et, de l'autre, on a les sensations du joueur qui dit qu'il n'est pas encore à 100%", constate "Carletto".
«Fraîcheur» et chaleur
Plusieurs observateurs ont avancé l'hypothèse que Benzema se préservait volontairement ces dernières semaines en vue de la Coupe du monde, sa deuxième après 2014.
Depuis août, l'attaquant formé à Lyon a pris part à douze matches soit, à titre de comparaison, dix de moins que Kylian Mbappé avec le Paris SG et les Bleus.
Le manque de rythme peut soulever quelques doutes quant à sa capacité à répéter les efforts au Qatar, où les températures dépassent la barre des 30 degrés, même si certains spécialistes nuancent le trait.
"Pour moi, au niveau physique, les joueurs blessés qui ont coupé une dizaine de jours en amont de la compétition, c'est toujours bénéfique car (...) ils récupèrent de la fraîcheur physique et mentale", expliquait Nicolas Dyon, ex-préparateur physique de Nice et Rennes notamment, en amont du rassemblement.
C'est d'autant plus vrai pour Benzema que, durant la saison dernière, "il a été surmené. Donc c'est peut-être un mal pour un bien, à condition de ne pas rechuter", précisait-il à l'AFP.
Interrogé vendredi, Adrien Rabiot a prolongé ce raisonnement: "C'est mieux quand on a l'opportunité d'enchaîner les matches. Mais Karim est un cas à part, c'est moins handicapant que pour un milieu de terrain. C'est un joueur de très haut niveau qui sait se gérer".
S'il n'est pas rétabli au premier match, "ce sera au deuxième", a relativisé le milieu de la Juve, comme Lucas Hernandez après lui. "Si par malheur ils (Varane et Benzema, ndlr) n'arrivent pas à temps, on a un groupe fantastique" avec des joueurs tous "titulaires dans des grands clubs", a appuyé le défenseur du Bayern.