Face aux djihadistes, Bamako cherche le dialogue quand «la France veut continuer à agir»

Cette photo de la présidence malienne prise le 25 octobre 2020 montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (à gauche) lors d'une visite officielle avec le président par intérim du Mali Bah Ndaw (à droite) à Bamako. (MALIAN PRESIDENCY / AFP)
Cette photo de la présidence malienne prise le 25 octobre 2020 montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (à gauche) lors d'une visite officielle avec le président par intérim du Mali Bah Ndaw (à droite) à Bamako. (MALIAN PRESIDENCY / AFP)
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Publié le Vendredi 13 novembre 2020

Face aux djihadistes, Bamako cherche le dialogue quand «la France veut continuer à agir»

  • «C'est la confirmation du constat fait depuis quelques semaines: la volonté de la France de ne pas appuyer d'éventuelles négociations envisagées, voire engagées, par les autorités maliennes»
  • «Quand on lit la déclaration de Florence Parly, extrêmement claire, on sort de la dynamique du sommet de Pau de janvier 2020. Alors qu'il avait été décidé de concentrer l'action sur la région des trois frontières (avec le Burkina et le Niger)»

La mort annoncée de Bah Ag Moussa, à la suite d'autres opérations récentes de la France au Mali et au Sahel, manifeste de la part de Paris un refus de discuter avec les djihadistes qui place les nouvelles autorités de Bamako face à des choix difficiles, analyse Niagalé Bagayoko, présidente de l'African Security Sector Network (ASSN).

QUESTION: Quelle est la signification de l'élimination de Bah Ag Moussa ?

REPONSE: C'est la confirmation du constat fait depuis quelques semaines: la volonté de la France de ne pas appuyer d'éventuelles négociations envisagées, voire engagées, par les autorités maliennes. On a vu à la faveur de la venue de Jean-Yves Le Drian (en octobre) que le désaccord avec le Premier ministre Moctar Ouane était manifeste, le ministre français affirmant la volonté de poursuivre la lutte contre tous les groupes armés terroristes, et le Premier ministre rappelant que, depuis le dialogue national inclusif il y a un an, les autorités maliennes, quelles qu'elles soient, se sont engagées à envisager des pourparlers avec Iyad Ag Ghaly, le chef du GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, nébuleuse djihadiste liée à Al-Qaïda), et Amadou Koufa (autre figure du GSIM).

On voit bien que cette option n'est pas acceptable pour la France.

Par ailleurs, quand on lit la déclaration de Florence Parly, extrêmement claire, on sort de la dynamique du sommet de Pau de janvier 2020. Alors qu'il avait été décidé de concentrer l'action sur la région des trois frontières (avec le Burkina et le Niger) et la lutte contre l'EIGS (Etat islamique au Grand Sahara), il s'agit désormais de frapper indistinctement les groupes affiliés à l'Etat islamique tout comme ce dernier, et ceux affiliés à Al-Qaïda, comme le GSIM.

Q: Les récentes opérations françaises peuvent-elles être vues comme une réaction à la libération par les autorités maliennes de 200 djihadistes et prisonniers, en échange de la libération de Sophie Pétronin et de trois autres otages ?

R: Je pense que c'est une réaction à cette libération massive et sans précédent. Certes, il y avait plusieurs catégories de prisonniers dont, pour certains, on n'était pas sûr qu'ils aient été véritablement engagés dans les combats. Mais il y a quand même des artificiers, des personnes qui ont été impliquées dans des actions très létales. Il a été très mal vécu du côté de l'armée française de voir libérer ces personnes-là. Cela a accéléré une réaction d'une partie de l'appareil décisionnel français pour laquelle le coût de l'engagement militaire a été trop élevé aussi bien en termes de vies humaines qu'en termes financiers et pour laquelle se retirer serait un aveu de défaite. Clairement, c'est l'option des faucons qui prend le dessus.

Q: Peut-on envisager durablement une situation où les autorités maliennes cherchent le dialogue avec les groupes radicaux et les Français continuent à frapper ?

R: La relation était difficile déjà du temps d'IBK (Ibrahim Boubacar Keïta, le président renversé en août par les militaires aujourd'hui au pouvoir). Là, les Français se retrouvent avec de nouvelles autorités qui, tout en réaffirmant leur partenariat et en s'engageant dans des opérations au sol, ont un discours ambigu.

Le problème, c'est que la seule exigence du côté du GSIM pour des négociations, c'est le retrait des forces françaises, et non pas l'application de la charia.

Manifestement les autorités maliennes veulent poursuivre. Cela ne peut pas être tenable très longtemps. La clarification ne peut venir que des autorités maliennes parce qu'aujourd'hui comme hier la légitimité de l'intervention française, c'est la sollicitation très claire des autorités maliennes, d'abord en 2013 au moment de Serval, et la réaffirmation qui a été demandée par Emmanuel Macron au sommet de Pau.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.