BAMAKO: Les autorités maliennes ont relâché les leaders de la contestation qui réclame un changement de pouvoir, dans un apparent geste d'apaisement après les troubles sanglants qui ont agité la capitale Bamako en fin de semaine.
Les avocats des opposants ont annoncé leur libération lundi.
« Mes trois clients Choguel Maïga, Kaou Djim et l'imam (Oumarou) Diarra viennent d'être libérés. D'autres ont été libérés hier soir déjà, de manière désordonnée », a dit l'un d'eux, Me Alifa Habib Koné. D'autres, retenus dans un autre commissariat, ont également été relâchés. « Tous sont libres », a-il dit.
L'avocat chiffrait dimanche à une vingtaine le nombre d'opposants arrêtés, dont plusieurs leaders du mouvement dit du 5-Juin, collectif hétérogène qui s'est agrégé contre le pouvoir autour de l'imam Dicko, personnalité religieuse très écoutée, devenu ces dernières années un farouche adversaire du pouvoir mais aussi interlocuteur incontournable.
Des tirs nourris ont encore été entendus lundi dans le quartier de Badalabougou, fief de l'imam Dicko.
Des accrochages épars ont opposé des hommes lançant des pierres et des forces de sécurité ripostant à coups de gaz lacrymogènes dans des rues encore jonchées de projectiles. Mais sans commune mesure avec les confrontations des jours précédents.
La capitale, préservée en temps normal des violences jihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays, a été la proie vendredi, samedi et une partie de dimanche de ses troubles civils les plus graves depuis des années. Au moins 11 civils ont été tués, des dizaines d'autres blessés, selon les urgences hospitalières.
La situation alarme les alliés et les voisins du Mali, inquiets d'un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au jihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée.
La situation demeure volatile et la communauté internationale, inquiète, a appelé à la retenue de toutes parts.
A l'adresse directe du pouvoir contesté du président Ibrahim Boubacar Keïta, elle a condamné le recours à la force létale par ses services de sécurité et demandé la libération des leaders de la contestation arrêtés depuis vendredi.