BEYROUTH: Les députés libanais ont à nouveau échoué jeudi à désigner un chef de l'Etat dans le pays sans président depuis le 1er novembre, l'impasse politique s'aggravant au Liban en plein effondrement économique.
Le Parlement est profondément divisé entre le camp opposé au Hezbollah qui soutient un candidat, Michel Moawad, et celui de la puissante formation pro-iranienne qui bloque son élection. Aucun des deux camps ne dispose d'une claire majorité.
M. Moawad, fils de l'ancien président René Moawad assassiné en 1989, a obtenu 43 voix, loin des 86 nécessaires pour être élu au premier tour ou des 65 voix requises lors d'un deuxième tour.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré vendredi souhaiter un président de la République qui ne soit pas inféodé aux Etats-Unis et qui "rassure la résistance" incarnée par sa formation qui dispose d'un puissant bras armé.
M. Moawad est considéré comme proche des Etats-Unis.
"L'impasse est totale", a déclaré à l'AFP le député Mark Daou, issu du mouvement de contestation populaire de 2019. Il a accusé le camp du Hezbollah et de ses alliés de bloquer l'élection: "ils votent blanc lors de la première session et empêchent le quorum en sortant de la salle avant la tenue d'une deuxième session".
"Nous ne verrons pas de président avant l'année prochaine", a-t-il ajouté.
Le député Ali Hassan Khalil, du mouvement chiite Amal allié au Hezbollah, a pour sa part défendu l'attitude de son camp, affirmant qu'il n'y avait "pas de possibilité d'élire un président sans accord entre les députés". Son camp n'a jusqu'à présent pas annoncé de candidat.
La date de la prochaine séance du Parlement a été fixée au 24 novembre.
Le mandat du président Michel Aoun a expiré le 31 octobre. Le processus d'élection de son successeur prendra des mois en raison des divergences politiques, comme cela s'est produit lors de l'élection de Michel Aoun en 2016 après une vacance de 29 mois au sommet de l'Etat.
En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir en vigueur, la présidence de la République est réservée à un chrétien maronite.
Le Liban connaît depuis 2019 l'une des pires crises économiques au monde, marquée par une paupérisation inédite de la population.
Depuis le 1er novembre, le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire, chargé uniquement d'expédier les affaires courantes et incapable de prendre des décisions importantes.