RABAT: Tilda Swinton, Paolo Sorrentino, Jim Jarmusch, Asghar Farhadi... De grands noms du cinéma d'auteur sont attendus au Festival international du film de Marrakech (11-19 novembre) après deux ans d'écran vide en raison de la crise sanitaire.
Le FIFM dit vouloir privilégier "les jeunes talents qui façonneront le cinéma de demain" en compétition officielle, tout en déroulant le tapis rouge aux stars du 7e art qui affluent à chaque édition en grand nombre dans la capitale touristique du Maroc.
La rencontre entre ces univers est "la singularité de la ligne éditoriale du festival", explique à l'AFP Rémi Bonhomme, le directeur artistique du festival.
Quatorze long-métrages, dont six signés par des réalisatrices, du Mexique au Portugal en passant par l'Iran, seront en lice pour "L'Etoile d'or", la récompense suprême à Marrakech.
Ils seront départagés par un jury international présidé par le cinéaste italien Paolo Sorrentino.
Le Napolitain, oscarisé pour "La Grande Bellezza" (2013), sera épaulé, entre autres, par l'acteur français Tahar Rahim, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki ou encore l'actrice germano-américaine Diane Kruger.
C'est l'inusable "Pinocchio", film d'animation et remake du conte de Carlo Collodi, réalisé par le metteur en scène mexicain Guillermo del Toro, qui sera projeté en ouverture du festival.
Des hommages seront rendus au réalisateur américain James Gray ("Little Odessa", "The Lost City of Z") et à l'actrice écossaise aux multiples facettes Tilda Swinton, qui avaient dirigé le jury du FIFM respectivement en 2018 et 2019.
Le festival fêtera également les parcours d'une figure de proue du cinéma marocain Farida Benlyazid et de l'acteur indien Ranveer Singh, vedette de Bollywood.
« Explorer les territoires du cinéma »
Pour cette édition, le FIFM se distingue par un large éventail d'invités dans le cadre de ses fameuses "conversations".
Le public de Marrakech aura l'occasion d'échanger avec des auteurs tels que le maître iranien du suspense Asghar Farhadi, deux fois oscarisé ("Une Séparation" en 2011 et "Le Client" en 2016).
Le très secret et surdoué Leos Carax, à la parole rare, devra se prêter à l'exercice des questions réponses.
Jim Jarmusch, l'enfant chéri du cinéma indépendant américain, et le Suédois Ruben Östlund, double palmé à Cannes, sont aussi annoncés.
Les festivaliers investiront les lieux emblématiques de la Ville rouge pendant huit jours (et nuits).
A commencer par la place Jamaa El Fna ("la place des Trépassés) qui présentera comme chaque année des projections en plein air, honorant la science-fiction avec les récents "Dune" (2021) de Denis Villeneuve ou "Ad Astra" (2019) de James Gray.
Le musée Yves Saint Laurent, près du célébrissime Jardin Majorelle, très prisé par les touristes du monde entier, sera le fief de l'intéressante section "11e Continent" où seront présentés des films d'archives récemment restaurés comme "Muna moto" (1975) du Camerounais Jean-Pierre Dikongué-Pipa ou "Beirut the Encounter" (1981) du Libanais Borhane Alaouié.
Mais également des oeuvres sortant des sentiers battus comme "Eami" (2022) de la Paraguayenne Paz Encina ou "Reel no. 21 a.k.a. Restoring Solidarity" (2022) du Palestinien Mohanad Yaqubi.
Enfin, les cinéphiles pourront voir ou revoir 15 films présentés ou primés cette année dans des festivals majeurs, dont "Aucun Ours" ("No Bears") du multi-primé iranien Jafar Panahi, en prison depuis juillet à Téhéran. Cette romance a reçu le prix spécial du jury à la Mostra de Venise 2022.
Un autre film récompensé à la Mostra, "Saint Omer" de la Française Alice Diop (Grand prix du jury), sera projeté lors des "Séances Spéciales".
"Cette 19e édition fait coexister différents territoires de cinéma à travers 76 films" représentant "33 pays couvrant ainsi tous les continents", se félicite Rémi Bonhomme.
En marge des festivités, le FIFM organise, et ce, depuis 2018, les "Ateliers de l'Atlas", un programme de soutien aux jeunes cinéastes d'Afrique et du Moyen-Orient porteurs de projets en développement et de films en postproduction.
Un des lauréats de ces ateliers, le réalisateur égyptien Omar El Zohairy, a obtenu en juillet le grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes pour son décapant "Feathers" ("Plumes").