Au Liban, l’opulence du passé, c’est fini

Selon les projections de diverses institutions internationales, à la fin de l’année, environ 80 % de la population du Liban sera pauvre. (Photo d'archives/AFP).
Selon les projections de diverses institutions internationales, à la fin de l’année, environ 80 % de la population du Liban sera pauvre. (Photo d'archives/AFP).
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Publié le Jeudi 12 novembre 2020

Au Liban, l’opulence du passé, c’est fini

  • «Les clients achètent de moins en moins de produits pour bébé. Ils se passent même de lait pour nourrissons. J’ignore ce qu’ils donnent à manger à leurs enfants», affirme une pharmacienne
  • Dans le secteur hospitalier, c’est un voyage dans le temps qui a lieu, tous les jours un peu plus : « Avec le matériel dont nous disposons désormais, nous sommes retournés au moins 50 ans en arrière »

BEYROUTH: Alors que le Liban entre ce samedi dans un confinement strict de deux semaines dû à la pandémie de coronavirus, le pays qui connaît une crise politique et économique sans précédent depuis un an continue sa descente aux enfers et s’enlise chaque jour un peu plus dans la pauvreté.

La pandémie est venue aggraver la crise économique la plus aiguë de l’histoire moderne du pays. En quelques mois seulement, la livre libanaise a perdu cinq fois sa valeur face au dollar sur le marché noir, et les déposants n’ont plus accès à leurs comptes en banque en devises depuis un an.

De nombreux magasins, dont un grand nombre appartiennent à des chaînes internationales, ont déjà fermé leurs portes.

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Un chat, seul témoin silencieux de la descente aux enfers du propriétaire de ce restaurant à Jbeil, une ville côtière dans le nord du pays. (AFP). 

Le mois dernier, une chaîne multi-marque étrangère a fermé toutes ses boutiques aux quatre coins du pays.

«Nous avons été informés de notre licenciement quelques jours seulement avant la fermeture. Ce qui arrive est très triste. Même si je percevais mon salaire en livres, ce serait mieux que rien. Il me sera difficile, comme pour mes collègues d’ailleurs, de trouver un autre emploi actuellement », raconte Patrick, l’un des employés de la chaîne.

La pauvreté au Liban En chiffres

 

En août dernier, selon une étude des Nations unies, 55 % des Libanais vivaient sous le seuil de la pauvreté, dont 23 % dans la pauvreté absolue.

 

Selon les projections de diverses institutions internationales, à la fin de l’année, quelque 80 % de la population sera pauvre.

Dans les grands magasins, des étages entiers se vident de leurs boutiques de marque, alors que dans les rues, c’est tous les jours  que le rideau d’un magasin est baissé pour de bon.

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Fermé pour de bon, ce magasin de la "fast fashion" ne fera plus la joie des Beyrouthins. (Photo Patricia Khoder).

Wajdi est épicier dans un quartier aisé d’Achrafieh, dans l’Est de la capitale. Dans sa petite épicerie, avant la crise, on pouvait trouver tous les produits, de la lessive au chocolat en passant par le fromage, le jus et les pâtes. Il vendait une panoplie de marques, pour la plupart européennes.

Le Liban qui a toujours misé sur le secteur des services, entre banques et tourisme, importe environ 80 % de ses produits de consommation.

« Tout a changé »

Lentement, les étalages de l’épicerie ont commencé à se vider pour ne plus vraiment se remplir. Au fur et à mesure, les marques européennes ont été remplacées par d’autres, notamment turques.

« Tout a changé depuis le début de la crise. Les ventes ont chuté et ceux qui achètent encore ne cherchent pas la qualité mais les produits bon marché. Plus personne n’achète les produits premium. Pour les détergents par exemple, je vends désormais des produits au galon fabriqués au Liban. Du jamais vu », dit Wajdi triste et choqué de voir sa clientèle aussi appauvrie.

Même si le Liban n’a pas d’industries, il était connu pour son excellence dans trois domaines dans la région : la médecine, l’éducation et l’art. Ces secteurs sont aujourd’hui lourdement touchés par la crise.

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"Nous sommes fatigués" peut-on lire sur ce graffiti, sur un mur de Beyrouth. (AFP). 

Les productions artistiques se sont arrêtées. En matière d’éducation, des milliers d’étudiants ne peuvent plus se payer des études dans les institutions privées alors que de nombreux enseignants universitaires envisagent de quitter le pays.

Les hôpitaux manquent désormais de produits de première nécessité. Les tarifs des consultations et des interventions chirurgicales n’ont pas suivi le prix du marché noir. Aujourd’hui avec la dévaluation de la livre, un médecin qui comptait la consultation à 100 dollars perçoit désormais l’équivalent de 20 dollars.  De plus en plus de médecins ayant effectué leurs études aux Etats-Unis et en Europe quittent le pays pour s’établir en Occident.

Comme dans les pays les plus pauvres

Marwan est médecin orthopédiste dans un hôpital de la banlieue de Beyrouth diplômé des universités françaises. Aujourd’hui, il pense s’établir à Paris. « La situation du Liban est comparable à celle des pays communistes. Nous n’avons plus le droit d’aspirer à plus de ce que nous avons. C’est comme si nous devons être satisfaits du peu que nous avons désormais », s’insurge-t-il.

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Les hôpitaux libanais manquent de tout .... (AFP). 

« Avec le matériel dont nous disposons maintenant, nous sommes retournés au moins 50 ans en arrière. Les bandages, compresses et autres produits que j’utilise après les opérations, sont ceux des aides humanitaires distribuées généralement dans les pays les plus pauvres. Ce sont des produits de moindre qualité que même les hôpitaux les moins importants du pays n’utilisaient plus depuis plusieurs dizaines d’années », dit-il.

Le problème se pose également auprès des patients assurés qui parfois doivent payer des sommes en liquide avant les interventions chirurgicales.

Le luxe, un mirage du passé

Nicole est propriétaire de pharmacie, elle explique :«Nous faisons face à deux problèmes, la pénurie de médicaments et aussi le chute du pouvoir d’achat des clients ».

Au cours des derniers mois, de centaine de marques de médicaments, subventionnés par l’Etat, sont difficilement trouvables sur le marché, notamment ceux des maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension.

« Les clients achètent de moins en moins de produits pour bébé, parce que c’est devenu trop cher. Ils se passent même de lait pour nourrissons, J’ignore ce qu’ils donnent à manger à leurs enfants, peut-être ils l’ont remplacé par du lait ordinaire. Ils achètent moins de couches-culottes aussi », note-elle.

« En parapharmacie, je ne vends quasiment plus rien. Les gens achètent de moins en moins de shampoings et de déodorants. Mes clients n’achetaient que des marques des laboratoires européens, maintenant ils font avec des produits fabriqués au Liban. Les ventes de tous les produits ont chuté, même celles des serviettes hygiéniques », explique-t-elle.

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Des réfrigérateurs vides, le Liban en a de plus en plus. Photo reportage AFP daté de juin 2020. 

Dans ce Liban qui sombre dans la pauvreté, il n’y a plus de la place au luxe.  

Georges est fleuriste à Horch Tabet, une banlieue chic de Beyrouth. Il y a quelques mois, il a ajouté aux produits qu’il propose des fleurs et des plantes artificielles.

Les fleurs coupées qu’il propose à la vente, ce sont uniquement deux douzaines de roses. « Les importations se sont arrêtées car elles sont devenues trop chères. Et les horticulteurs ont planté très peu de fleurs cette saison. Au printemps dernier, ils avaient tout jeté à cause du confinement et aussi les engrais ont trop renchéri », explique-t-il.

D’un air désolé, il dit comme pour s’excuser : « Ma boutique n’a jamais été aussi vide de clients ou de produits. Mais fleurs et plantes sont un vrai luxe en temps de crise. Cette semaine j’ai vendu uniquement sept bouquets de fleurs pour un client qui organisait le quarantième de son épouse. Je n’ai jamais pensé que nous serions aussi pauvres ».

Le Liban a désormais un autre visage : l’opulence du passé, c’est fini. Place à l’austérité la plus stricte. Ses habitants, économiquement à genoux, se demandent s’ils vont un jour se réveiller de leur cauchemar.


Liban: un chef d'un groupe islamiste tué dans une frappe israélienne

 Un chef militaire d'un groupe islamiste libanais allié au Hamas palestinien, la Jamaa islamiya, a été tué mardi matin dans une frappe israélienne au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP un responsable sécuritaire libanais. (AFP)
 Un chef militaire d'un groupe islamiste libanais allié au Hamas palestinien, la Jamaa islamiya, a été tué mardi matin dans une frappe israélienne au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP un responsable sécuritaire libanais. (AFP)
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  • Le responsable sécuritaire qui a requis l'anonymat a précisé que Hussein Atoui, tué dans la frappe, était un responsable des Forces al-Fajr (forces de l'aube), la branche armée de la Jamaa islamiya
  • Ce groupe libanais est étroitement lié au au mouvement islamiste palestinien Hamas et est allié au Hezbollah pro-iranien

BEYROUTH: Un chef militaire d'un groupe islamiste libanais allié au Hamas palestinien, la Jamaa islamiya, a été tué mardi matin dans une frappe israélienne au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP un responsable sécuritaire libanais.

Selon la Défense civile libanaise, "un drone israélien a visé une voiture" près de la ville côtière de Damour, à une vingtaine de km de Beyrouth, et les secouristes ont extirpé un mort du véhicule.

Le responsable sécuritaire qui a requis l'anonymat a précisé que Hussein Atoui, tué dans la frappe, était un responsable des Forces al-Fajr (forces de l'aube), la branche armée de la Jamaa islamiya.

Ce groupe libanais est étroitement lié au au mouvement islamiste palestinien Hamas et est allié au Hezbollah pro-iranien.

La Jamaa islamiya a revendiqué des attaques contre Israël depuis le sud du Liban dans les premiers mois du conflit qui a éclaté en octobre 2024 entre le Hezbollah et ses alliés et Israël, avant de dégénérer en guerre ouverte en septembre 2024.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre 2024, que le Hezbollah affirme respecter. Depuis, des tirs de roquettes ont visé à deux reprises Israël depuis le Liban les 22 et 28 mars, sans être revendiqués.

L'armée libanaise a annoncé la semaine dernière avoir arrêté plusieurs Libanais et Palestiniens à l'origine de ces tirs, parmi lesquels trois membres du Hamas, selon un responsable de la sécurité.

En dépit du cessez-le-feu, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le Hezbollah. Dimanche, elle a annoncé avoir tué deux cadres de la formation pro-iranienne dans une série de frappes aériennes.

Au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur son territoire, affirmant agir ainsi en soutien au mouvement palestinien.


Le Premier ministre indien en Arabie saoudite pour renforcer les relations bilatérales

D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi. (AFP)
D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi. (AFP)
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  • Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, pour sa troisième visite d'Etat
  • L'économie indienne, en pleine expansion, dépend fortement des importations de pétrole brut pour satisfaire sa demande énergétique croissante

DJEDDAH: Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, pour sa troisième visite d'Etat.

M. Modi avait reçu lundi le vice-président américain, JD Vance, au moment où New Delhi cherche à conclure un accord commercial avec les Etats-Unis pour éviter des droits de douane de 26% sur ses exportations.

"L'Inde accorde une grande importance à ses relations historiques avec l'Arabie saoudite, qui ont gagné en profondeur stratégique et en dynamisme ces dernières années", a déclaré M. Modi, cité par son bureau.

"Ensemble, nous avons développé un partenariat substantiel et mutuellement bénéfique", a-t-il ajouté.

L'économie indienne, en pleine expansion, dépend fortement des importations de pétrole brut pour satisfaire sa demande énergétique croissante.

D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi.

Le royaume accueille aussi plus de deux millions de travailleurs indiens, la deuxième plus grande communauté étrangère après les Bangladais, selon le recensement saoudien de 2022.

Ces travailleurs jouent un rôle clé dans l'économie saoudienne, en participant notamment à la construction des méga-projets de l'ambitieuse vision 2030 portée par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ils envoient chaque année des milliards de dollars à leurs familles en Inde, le pays le plus peuplé au monde.

Pendant sa visite de deux jours, M. Modi devrait rencontrer des membres de la communauté indienne, selon son bureau.

Le Premier ministre indien et le prince héritier ont tous deux entretenu des liens étroits avec Donald Trump lors de son premier mandat.

Le président américain est attendu en Arabie saoudite en mai, pour ce qui devrait être sa première visite à l'étranger depuis le début de son second mandat.


Gaza: sept morts dans des frappes israéliennes, selon la Défense civile

Des personnes marchent dans la rue devant l'ancien site du marché Firas qui a été transformé en décharge pendant la guerre dans la ville de Gaza, le 21 avril 2025. (AFP)
Des personnes marchent dans la rue devant l'ancien site du marché Firas qui a été transformé en décharge pendant la guerre dans la ville de Gaza, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza
  • Deux frappes intervenues dans la nuit dans l'ouest de Gaza-ville ont fait respectivement quatre et deux morts tandis que le bombardement d'une maison à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a tué une personne

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins sept morts dans la bande de Gaza mardi matin.

Deux frappes intervenues dans la nuit dans l'ouest de Gaza-ville ont fait respectivement quatre et deux morts tandis que le bombardement d'une maison à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a tué une personne, a précisé à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.864 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.240 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne en 2023.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Samedi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit déterminé à continuer la guerre et a rejeté les "diktats" du Hamas.

Selon M. Netanyahu, seule une pression militaire permettra le retour des otages encore détenus à Gaza.