BEYROUTH : Lors de sa rencontre avec une délégation de l’Association des déposants au Liban mardi, le gouverneur de la banque centrale du pays, Riad Salameh, a souligné : «Le Liban n’est pas en faillite».
Le gouverneur a poursuivi: «Toutefois, le secteur financier souffre des répercussions de la crise régionale dont le Liban n'a pu se libérer. Il y a eu des campagnes de diffamation organisées, utilisées comme instruments de pression au cours des 3 dernières années, et les pertes des recettes publiques dues à l'augmentation des déficits courants et budgétaires au cours des cinq dernières années. Ces facteurs ont eu un impact néfaste sur le taux de change national».
La déclaration de Salameh coïncide avec la décision du Conseil suprême de la défense, réuni sous la direction du président Michel Aoun, de rétablir le confinement de deux semaines à compter de samedi prochain, avec un couvre-feu de 17 heures à 5 heures du matin tous les jours pour tenter de réduire le taux d’infections du coronavirus dans le pays.
«Malgré le rendement insuffisant, la stagnation causées par le coronavirus et la décision du pays de ne pas honorer ses obligations extérieures (les euro-obligations), tous des éléments qui affectent directement les flux de capitaux étrangers et de devises fortes, la banque centrale a prouvé qu'elle a quand même fait son travail de manière professionnelle», a ajouté Salameh.
Le gouverneur insiste que «les banques libanaises contrôlent toujours 90% de la circulation de la masse monétaire, ce qui aide le pays à éviter des augmentations supplémentaires des taux d'inflation. Depuis le début de la crise, la banque centrale a accordé aux banques des prêts en dollars américains et en livres libanaises pour leur permettre de satisfaire à la demande en liquidité».
Les estimations montrent que 10 milliards de dollars sont stockés dans les foyers libanais, ce qui nécessiterait un nouveau mécanisme d'organisation pour rétablir à nouveau la confiance dans les banques. La banque centrale envisage un projet de monnaie numérique libanaise en 2021, pour mettre en œuvre un système sans argent liquide qui permettrait le mouvement du marché monétaire au niveau local et international.
«Le Liban n'a pas de ressources naturelles. C'est pour cette raison que nous devons préserver l'or que nous avons, car c'est un actif qui peut être transformé en argent liquide sur les marchés étrangers si jamais nous faisons face à une crise accablante inévitable », a précisé Salameh.
La formation du nouveau gouvernement libanais se heurte toujours à des obstacles en raison des conditions imposées par les partis politiques au Premier ministre désigné Saad Hariri. L’un des principaux coupables, le chef du Mouvement patriotique libre, Gebran Bassil qui a été sanctionné par les États-Unis il y a quelques jours.
Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Patrick Durel, devrait arriver mercredi soir à Beyrouth pour évaluer la possibilité de relancer l'initiative française relative à la formation d'un gouvernement dont la mission serait de mettre en œuvre de réelles réformes.
Les sanctions américaines ont créé un affrontement entre Bassil et l'ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, qui a déclaré lundi que Bassil «comprend mal le fonctionnement des sanctions et manque assurément de connaissance approfondie de la politique américaine». Cela a eu lieu en réponse à la conférence de presse tenue par Bassil dimanche dernier pour se défendre.
Shea a affirmé que les sanctions visant Bassil sont «contre la personne et non contre le parti».
Elle a également salué la décision de Bassil de contester les sanctions devant un tribunal américain tout en ajoutant que «M. Bassil s'est plaint de ne pas l'avoir prévenu qu'il serait sanctionné pour corruption, comme si c'était de ma responsabilité de révéler la nature de ces sanctions avant la désignation aux personnes auxquelles ces sanctions sont imposées. Cela ne se déroule aucunement de cette manière. Il existe diverses autorités en vertu de la loi américaine pour les sanctions. Le fait que M. Bassil ait été désigné à ce moment en vertu de la loi Global Magnitsky ne signifie pas que lui-même ou toutes autres personnes, ne pourrait pas être sanctionné ultérieurement par une autorité différente».
«Au cours de nos échanges, Bassil a exprimé sa volonté de rompre avec le Hezbollah mais à certaines conditions. Il est même allé jusqu’à exprimer sa gratitude parce que les États-Unis lui ont fait voir à quel point cette relation est défavorable pour son parti. Des conseillers influents m'ont même informé qu'ils ont encouragé M. Bassil à prendre cette décision historique», a révélé Shea.
Bassil a répondu à Shea en l'interrogeant sur «les preuves sur son accusation d'être impliqué dans des activités de corruption», après que Shea a déclaré que ces preuves ne pouvaient pas être publiées. Bassil a également exprimé son engagement envers l'alliance avec le Hezbollah.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com