Pour la «génération perdue» de Syriens en Jordanie, le retour au pays a comme un goût amer

Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. (Reuters)
Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. (Reuters)
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Publié le Lundi 07 novembre 2022

Pour la «génération perdue» de Syriens en Jordanie, le retour au pays a comme un goût amer

Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. (Reuters)
  • Selon les chiffres officiels, un total de 3 325 réfugiés syriens sont rentrés dans leur pays ravagé par la guerre depuis la Jordanie au cours des neuf derniers mois
  • D’après un récent rapport d’évaluation de la vulnérabilité du HCR en Jordanie, le réfugié syrien moyen en Jordanie a une dette de 343,1 dinars jordaniens (483 dollars)

AMMAN: Chadi, un réfugié syrien vivant en Jordanie, est heureux d’avoir la possibilité de retourner dans son pays natal, mais il a peur des poursuites judiciaires ou de l’enrôlement forcé dans l’armée à son arrivée.

Préférant être désigné uniquement par son prénom, Chadi déclare être arrivé en Jordanie avec sa famille en 2013, au plus fort de la guerre civile en Syrie.

Il travaille actuellement dans un salon de coiffure pour hommes à Amman. Le jeune homme de 26 ans affirme qu’il gagne «beaucoup d’argent», ce qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille.

S’adressant à Arab News, Chadi soutient qu’il appartient «à une génération perdue». Il ajoute: «Je suis tiraillé entre la Syrie – mes racines – et la Jordanie, où j’ai grandi. Je me suis installé en Jordanie à l’âge de 17 ans et c’est ici que ma vie a commencé à prendre forme.»

Aujourd’hui, contre toute attente, Chadi dit vouloir retourner en Syrie, mais il craint d’être soumis à l’enrôlement militaire obligatoire ou à des poursuites judiciaires s'il met son projet à exécution.

«J’aimerais vraiment pouvoir retourner en Syrie. Nous avons entendu dire qu’à Damas, la ville dont nous sommes originaires, la situation est stable et les conditions normales. Mais je connais de nombreux jeunes hommes qui y sont retournés et tous ont été contraints de s’engager dans l’armée ou ont fait l’objet de poursuites. C’est une forme de vengeance pour les punir d’avoir quitté le pays.»

Chadi précise qu’il aurait pu se rendre en Allemagne comme des milliers d’autres Syriens, ou au Canada, grâce à un programme géré par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), mais sa famille et lui ont préféré rester en Jordanie.

«Ici (en Jordanie), nous nous sentons plus chez nous.»

Selon les chiffres officiels, un total de 3 325 réfugiés syriens sont rentrés dans leur pays ravagé par la guerre depuis la Jordanie au cours des neuf derniers mois.

Entre l’année 2016 et la fin du mois de septembre 2022, un total de 341 500 réfugiés syriens sont rentrés en Syrie, dont 64 278 venaient de Jordanie, indique le HCR. L’Agence des nations unies pour les réfugiés a annoncé le retour de 38 379 réfugiés en Syrie en provenance de la Jordanie, du Liban, de la Turquie, de l’Irak et de l’Égypte au cours des neuf derniers mois.

«Les chiffres des rapatriés en Syrie sont ceux qui ont été vérifiés ou surveillés par le HCR et ne reflètent pas le nombre total de rapatriés qui pourrait être beaucoup plus élevé», déclare le HCR dans un communiqué.

La Jordanie offrirait refuge à près d’1,3 million de Syriens, dont quelque 670 000 personnes officiellement enregistrées auprès du HCR en tant que réfugiés, ce qui en ferait le deuxième plus grand pays d’accueil de réfugiés syriens par habitant au monde après le Liban. La Turquie a accueilli 3,6 millions de réfugiés syriens et le Liban près d’un million, selon l’organisation.

La Jordanie comprend deux camps près de la frontière syrienne: le camp de Zaatari, qui est le plus grand du Moyen-Orient, et le camp d’Azraq. Mais la plupart des Syriens en Jordanie vivent dans des villes et des centres urbains, où le travail dans certains secteurs est lucratif.

L’année dernière en Jordanie, «62 000 permis de travail ont été délivrés à des Syriens – un nombre record», rapporte le HCR, ce qui représente «le nombre annuel le plus élevé depuis la mise en place des permis de travail pour les réfugiés syriens».

Les réfugiés syriens sont autorisés à travailler dans plusieurs secteurs en Jordanie depuis 2016, après que les pays donateurs se sont engagés à financer et à faciliter les échanges commerciaux au Royaume, dans le cadre du Plan de réponse de la Jordanie à la crise syrienne (JRP).

Déficits budgétaires

La Jordanie déclare que le financement du JRP n’avait atteint que 235 millions de dollars (1 dollar = 1 euro), soit 10,3 % des objectifs, au cours du premier semestre de 2022.

Le ministère de la Planification et de la Coopération internationale déclare que les besoins de financement totaux du JRP s’élèvent à 2,28 milliards de dollars.

«Le plan reste largement non financé, avec un déficit de 2,04 milliards de dollars, soit 89,7 % du montant total du financement requis», mentionne le ministère dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle jordanienne Pétra.

Le ministère ajoute que 83,4 millions de dollars ont été consacrés au soutien des réfugiés syriens sur les 235 millions de dollars obtenus auprès de donateurs internationaux, tandis que près de 60 millions de dollars ont été fournis aux communautés d’accueil.

En 2021, 744,4 millions de dollars, soit 30,6 % du JRP, ont été financés, selon le ministère, avec un déficit restant d’1,68 milliard de dollars.

Le HCR en Jordanie a également déclaré qu’il souffrait d’un déficit budgétaire de 24 millions de dollars, l’empêchant de mener à bien des programmes humanitaires pour les réfugiés syriens dans le pays.

Le HCR a indiqué dans un rapport établi en août dernier que le manque de financement au titre de l’année 2022 affectera les services proposés aux réfugiés syriens ainsi qu’aux communautés d’accueil de Jordanie.

Il ajoute que seulement 42 % de ses besoins financiers en Jordanie pour l’année 2022 avaient été reçus au 25 octobre.

Dans un discours récent prononcé à la télévision gouvernementale Al-Mamlakah, le porte-parole du HCR en Jordanie, Mishaal al-Fayez, a affirmé que le pays n’avait reçu aucun financement pour le programme d’assistance hivernale.

Il ajoute que le HCR avait besoin de 46 millions de dollars pour fournir une aide en espèces à 120 000 familles réfugiées en Jordanie, soulignant que l’organisation était en contact avec les donateurs pour trouver un moyen de répondre aux besoins de financement.

Selon un récent rapport d’évaluation de la vulnérabilité du HCR en Jordanie, le réfugié syrien moyen en Jordanie a une dette de 343,1 dinars jordaniens (483 dollars).

Dans un article récent, l’analyste politique et économiste jordanien Issam Qadamani a fait part de sa consternation en critiquant la communauté internationale et les pays donateurs de «ne pas avoir honoré leurs promesses et de laisser des pays hôtes, comme la Jordanie et le Liban, gérer seuls et sans ressources le dilemme des réfugiés».

M. Qadamani déclare que la rhétorique de la communauté internationale sur les réfugiés est passée de l’accent mis sur le retour volontaire à la promotion de la réinstallation.

«La communauté internationale a changé de discours et elle ne parle plus que de la réinstallation des réfugiés. Elle a toujours fait preuve de faiblesse en matière de financement des coûts qui incombent aux pays d’accueil», avertit-il.

Commentant les inquiétudes concernant les changements démographiques dans les pays d’accueil, M. Qadamani soutient que le Liban avait déjà lancé des plans pour renvoyer les réfugiés syriens chez eux, malgré la pression internationale.

«La réinstallation des réfugiés en Jordanie est également inacceptable en raison des ressources limitées et des conditions économiques difficiles du Royaume.»

Alors que la Jordanie «ne reçoit que des paroles en l’air» de la communauté internationale et que l’aide étrangère ne dépasse pas 10 % des objectifs de financement requis, Issam Qadamani précise que la Jordanie doit «mettre en place des plans pour renvoyer les réfugiés en Syrie dans les régions où règne la stabilité».

Il conclut en écrivant: «Et dans le cas où le retour des réfugiés n’est pas une option, la communauté internationale est tenue de supporter la charge financière et d’accueillir les réfugiés, mais pas de manière sélective et raciste comme elle l’a fait avec les Ukrainiens.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.