Le président iranien raille Joe Biden, sept semaines de protestations

Des Iraniens ont pris d'assaut l'ambassade des États-Unis à Téhéran le 4 novembre 1979. (AFP)
Des Iraniens ont pris d'assaut l'ambassade des États-Unis à Téhéran le 4 novembre 1979. (AFP)
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Publié le Samedi 05 novembre 2022

Le président iranien raille Joe Biden, sept semaines de protestations

  • «Ne vous inquiétez pas, nous allons libérer l'Iran. (Les Iraniens) vont se libérer eux-mêmes très bientôt», a lancé jeudi Biden en référence aux manifestants
  • «Le président américain, qui est distrait, a dit vouloir libérer l'Iran. Mais je dois vous rappeler que l'Iran s'est libéré il y a 43 ans et ne se soumettra plus à vous», a rétorqué Raïssi devant des milliers d'Iraniens rassemblés à Téhéran

PARIS: Le président iranien Ebrahim Raïssi s'est moqué vendredi des propos du dirigeant américain Jo Biden promettant de "libérer" l'Iran, en proie à des manifestations depuis sept semaines.

Le mouvement de protestation a été déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée trois jours auparavant par la police des mœurs. Au fil des jours, les manifestations en faveur de la liberté des femmes se sont transformées en contestation du pouvoir, qui dénonce de son côté des "émeutes".

"Ne vous inquiétez pas, nous allons libérer l'Iran. (Les Iraniens) vont se libérer eux-mêmes très bientôt", avait lancé jeudi M. Biden.

"Le président américain, qui est distrait, a dit vouloir libérer l'Iran. Mais je dois vous rappeler que l'Iran s'est libéré il y a 43 ans et ne se soumettra plus à vous", a rétorqué M. Raïssi devant des milliers d'Iraniens rassemblés à Téhéran pour marquer l'anniversaire de la prise d'otages à l'ambassade des Etats-Unis le 4 novembre 1979 par des partisans de la Révolution islamique.

Ces derniers exigeaient l'extradition de l'ex-chah, soigné aux Etats-Unis. 52 diplomates et employés furent retenus en otage pendant 444 jours. Cinq mois plus tard, Washington rompait ses relations avec Téhéran et lui imposait un embargo.

"Mort à l'Amérique, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne !", a scandé la foule. "Nous obéissons au guide suprême" Ali Khamenei, proclamaient des pancartes.

«Desseins sataniques»

Selon la télévision d'Etat, des manifestations similaires ont été organisées dans d'autres villes, notamment à Machhad (nord-est), Ispahan (centre) et Chiraz (sud).

"Nous ne vous permettrons jamais de réaliser vos desseins sataniques", a encore dit M. Raïssi à l'adresse des Etats-Unis, accusés par le pouvoir iranien d'encourager le mouvement de contestation.

Dans le même temps, des manifestations contre les autorités se sont poursuivies, alors que la répression de ce mouvement a fait au moins 176 morts, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège. Des milliers de personnes ont été arrêtées, dont des journalistes, des avocats, des militants et des célébrités, d'après des ONG.

Et selon IHR, 101 personnes ont aussi été tuées dans un autre mouvement de protestation au Sistan-Balouchistan, région pauvre du Sud-Est où vit la minorité baloutche adhérant majoritairement à l'islam sunnite et non au chiisme dominant en Iran.

Dans cette province des forces de sécurité ont tiré vendredi sur des manifestants à Khach, près de Zahedan, ont affirmé des ONG. Jusqu'à dix personnes pourraient avoir perdu la vie et des dizaines d'autres avoir été blessées, d'après Amnesty International.

Plusieurs policiers ont été blessés par des pierres lancées contre un poste de police de la ville, a rapporté l’agence officielle Irna.

Les manifestants ont également incendié un poste de police en préfabriqué et scandé des slogans anti-gouvernementaux. Une vidéo diffusé par l'agence iranienne Tasnim montre des banques et des voitures incendiées.

Les funérailles et les cérémonies organisées 40 jours après un décès sont désormais l'occasion de rassemblements anti-pouvoir.

IHR a indiqué qu'une foule avait ainsi participé jeudi à Karaj, près de Téhéran, à une cérémonie des 40 jours pour Hadis Najafi, une manifestante de 22 ans tuée en septembre par des policiers, selon des militants.

Selon le média en ligne 1500tasvir, les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants à Karaj. Une vidéo du même média a montré des protestataires jetant des pierres sur un véhicule de la police et d'autres incendiant des poubelles et un commissariat.

Un membre du Bassidj, milice paramilitaire, a été tué et dix policiers ont été blessés dans ces affrontements, d'après l'agence de presse officielle Irna.

A Ispahan, des manifestants ont scandé des slogans contre le régime au 40ème jour du décès de Shirin Alizadeh, 36 ans, tuée dans sa voiture alors qu'elle filmait une manifestation. Les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser ce rassemblement, selon 1500tasvir.

«Radicalisation»

"L'Iran est responsable de la radicalisation des manifestations", a déclaré à l'AFP Saeid Golkar, professeur adjoint à l'Université du Tennessee à Chattanooga. "Les gens ne font que réagir à la répression brutale de l'Etat."

D'après l'organisation de défense des droits humains Hengaw basée en Norvège, les forces de sécurité ont arrêté dimanche à Téhéran une nouvelle journaliste, Nazila Maroufian, auteure d'une interview avec le père de Mahsa Amini. Elle a été transférée à la prison d'Evine, a précisé l'ONG.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, estime que 54 journalistes ont été arrêtés depuis le 16 septembre en Iran, dont une dizaine ont été libérés sous caution.

Les ministres des Affaires étrangères du G7 réunis en Allemagne ont exprimé vendredi leur soutien aux manifestations en Iran et dénoncé la répression "brutale" et l'activité "déstabilisatrice" du pouvoir iranien dans le monde.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
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  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.


L'UE appelle les 27 à scruter les investissements des entreprises à l'étranger pour endiguer les fuites de technologies

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  • La Commission européenne a recommandé aux États membres de l'UEd'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies
  • Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers »

BRUXELLES : La Commission européenne a recommandé mercredi aux États membres de l'UE d'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies dans trois secteurs clés : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et le quantique.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers » dans ces trois domaines.

La Commission ne mentionne pas l'invasion russe en Ukraine, la concurrence de la Chine ou l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, mais le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, évoque le contexte « géopolitique » et les « risques potentiels » qu'il peut entraîner.

« L'objectif est d'empêcher les investissements sortants de l'UE d'avoir une incidence négative sur la sécurité économique de l'Union en veillant à ce que des technologies et un savoir-faire essentiels ne tombent pas entre de mauvaises mains », a expliqué la Commission.

Le réexamen demandé par Bruxelles « doit durer 15 mois et couvrir les transactions en cours et passées, en remontant jusqu'au 1^(er) janvier 2021 ».

Les États membres sont invités à fournir un premier rapport d'avancement pour le 15 juillet, puis un rapport complet sur les risques identifiés pour le 31 mars 2026.

La souveraineté industrielle est au cœur du nouveau mandat de l'exécutif européen, dans le sillage du rapport de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien, qui doit être publié en 2024.

L'Europe accuse un retard économique par rapport aux États-Unis et accroît sa dépendance envers la Chine, a-t-il mis en garde.