LONDRES: Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités iraniennes d’utiliser des menaces fabriquées de toutes pièces contre la sécurité nationale pour réprimer les manifestants à l’échelle du pays.
HRW met en lumière de nombreux cas dans lesquels la sécurité nationale est utilisée comme un prétexte pour persécuter des militants, des journalistes et des citoyens, comme avec les correspondantes Niloufar Hamedi et Elaheh Mohamadi.
Ces dernières ont été arrêtées pour avoir couvert les manifestations qui ont commencé après de la mort de Mahsa Amini, 22 ans, provoquée par la police des mœurs, qui reprochait à la jeune femme d’avoir porté son hijab de manière inappropriée.
Tara Sepehri Far, chercheuse principale à HRW, déclare: «Les forces de sécurité vicieuses de l’Iran utilisent toutes les tactiques possibles, parmi lesquelles la force létale contre les manifestants, les arrestations, la diffamation contre les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes, ainsi que des procès fictifs destinés à étouffer la dissidence généralisée.»
«Chaque nouvelle atrocité renforce encore plus les raisons pour lesquelles les Iraniens exigent des changements fondamentaux au sein d’une autocratie corrompue.»
Les correspondantes Hamedi et Mohamadi sont accusées par le ministère du Renseignement et le Corps des gardiens de la révolution islamique d’avoir été formées par les services de renseignement américains.
Six cent treize autres personnes ont été arrêtées par les autorités après les manifestations, qui se sont désormais étendues à cent trente-trois villes. Il y a parmi elles des avocats, des journalistes, des militants des droits de l’homme, des étudiants et, sans aucun doute le plus scandaleux, au moins quarante-quatre enfants, selon le comité de bénévoles chargé du suivi des détenus.
Le 24 octobre, le porte-parole judiciaire Masoud Setayeshi affirme que les autorités avaient accusé trois cent quinze personnes à Téhéran de «rassemblement et collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale, de mener une propagande contre l’État et de troubler l’ordre public».
Il ajoute que quatre personnes ont été accusées de «corruption», notamment d’«utiliser des armes pour effrayer le peuple, de blesser des agents de sécurité, de détruire des biens publics et gouvernementaux pour perturber la sécurité nationale et de combattre la République islamique d’Iran». Si cette accusation aboutit à une condamnation, elle pourrait entraîner la peine de mort.
Amir Raïssian, l’avocat de l’un des quatre accusés – Mohammed Ghobadlou, 22 ans – précise que son client, qui est accusé d’avoir tué un agent de sécurité et d’en avoir blessé cinq autres dans un accident de voiture, n’avait pas été autorisé à assister à son propre procès lorsque les accusations ont été portées contre lui.
Tara Sepehri Far soutient: «La communauté internationale devrait prêter une attention particulière à la situation des personnes détenues et à celles qui risquent d’être condamnées à mort.»
«Exiger la libération inconditionnelle et mettre fin aux procès fictifs de tous ceux qui ont été arrêtés pour dissidence pacifique devraient être une priorité essentielle.»
Le 31 octobre, les autorités judiciaires de Téhéran ont mis à jour leurs chiffres pour indiquer que plus de mille actes d’accusation avaient été émis contre des détenus.
Des centaines d’autres actes d’accusation similaires contre des manifestants et des militants ont été prononcés dans le reste du pays.
Les manifestations ont été particulièrement importantes dans de nombreuses universités – cent vingt-neuf exactement –, ce qui a conduit à des répressions brutales, notamment des passages à tabac, l’utilisation de gaz lacrymogène et l’interdiction d’accès des étudiants à leurs campus. Jusqu’à présent, parmi les personnes détenues pour des raisons de sécurité nationale, trois cent huit seraient des étudiants.
De nombreuses personnalités publiques ont également été arrêtées et interrogées ; leurs passeports ont été confisqués. Cela concerne notamment des acteurs, des musiciens et des footballeurs, déclare HRW.
Jusqu’à présent, des groupes de défense des droits de l’homme enquêtent sur la mort lors des manifestations d’au moins deux cent quatre-vingt-quatre citoyens – dont quarante-cinq enfants – par les autorités au moyen de l’utilisation d’armes à feu et d’autres tactiques meurtrières.
En outre, plusieurs anciens détenus déclarent à HRW qu’ils ont été torturés en prison, victimes notamment de «coups de matraques, de décharges électriques et d’agressions sexuelles».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com