Les créatrices saoudiennes Sarah et Siham Albinali remportent le trophée du prêt-à-porter à Doha

Siham et Sarah Albinali à Doha, (Photo : Amina Zaher Direction créative : Sophie Safi, lieu, Qatar Museums, ©Fashion Trust Arabia)
Siham et Sarah Albinali à Doha, (Photo : Amina Zaher Direction créative : Sophie Safi, lieu, Qatar Museums, ©Fashion Trust Arabia)
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Les créatrices saoudiennes Sarah et Siham Albinali remportent le trophée du prêt-à-porter à Doha

  • Lancé pour la première fois en 2019, le prix FTA est doté d’une enveloppe financière importante et d’un programme de mentorat devant permettre à des marques débutantes de se consolider et de se lancer sur le marché international
  • Les sœurs saoudiennes Albinali, fondatrices, en 2018, de la marque Lurline, ont reçu leur prix des mains du mannequin Bella Hadid,

DOHA : À 25 jours de la Coupe du monde Qatar 2022, Doha accueillait dans la cour de son Musée national, conçu en forme de rose des sables par l’architecte Jean Nouvel, la cérémonie de remise des prix du concours Fashion Trust Arabia dédié aux jeunes créateurs arabes. Rappelons que la fondation Fashion Trust Arabia a pour présidente d'honneur Cheikha Moza bent Nasser et pour co-présidentes Cheikha Al Mayassa bent Hamad Al Thani et Tania Farès. Lancé pour la première fois en 2019, le prix FTA est doté d’une enveloppe financière importante et d’un programme de mentorat devant permettre à des marques débutantes de se consolider et de se lancer sur le marché international.

Le trophée FTA pour les lauréates du prêt-à-porter, Siham et Sarah Albinali (photo prise du compte Instagram @lurlineofficial)
Le trophée FTA pour les lauréates du prêt-à-porter, Siham et Sarah Albinali (photo prise du compte Instagram @lurlineofficial)

Six gagnants sur plus de mille candidats

De deux cents candidatures lors de la première édition, le comité du prix FTA en a réceptionné plus de 1000 pour la sélection 2022, ce qui permet de mesurer à la fois le chemin parcouru, l’enthousiasme suscité par cette initiative et la difficulté de la compétition. Les six heureux gagnants qui ont réussi à séduire des juges choisis parmi les personnalités les plus iconiques de l’industrie de la mode étaient : dans la catégorie Tenue de soirée, le créateur Artsi Ifrach, basé à Marrakech ; dans la catégorie Prêt-à-porter, les sœurs saoudiennes Siham et Sarah Albinali ; dans la catégorie Accessoires, la Soudanaise Eilaf Osman ; dans la catégorie Bijoux, l’Égyptienne Fatma Mostafa ; dans la catégorie Talent débutant, la Yéménite Kazna Asker et pour le Pays invité, qui était cette année la Turquie, le créateur Burç Akyol.

Recevant leur prix des mains du mannequin Bella Hadid, sublime dans un fourreau vintage Azzedine Alaïa, les sœurs Albinali, fondatrices, en 2018,  de la marque Lurline, on déclaré à Fashion Trust Arabia: « Gagner le prix signifie beaucoup pour nous. Nous nous sentons tellement honorées d'avoir remporté cette énorme victoire. Nous avons entendu parler du prix FTA depuis sa création et nous avons toujours voulu y participer. Faire partie de ce concours, qui est probablement le concours de mode le plus important du moment, est extraordinaire et nous sommes ravies de faire partie de la famille FTA. Depuis que nous avons gagné, tant de portes se sont ouvertes à nous. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que nous allons continuer à essayer de saisir l'opportunité qui nous a été donnée et d'en tirer le meilleur parti pour que tout le monde soit fier de nous. Nous sommes impatientes de bénéficier du programme de mentorat et de voir ce qui va se passer avec notre marque».

Le stand de la marque Lurline au M7 de Doha (photo prise du compte Instagram @lurlineofficial)
Le stand de la marque Lurline au M7 de Doha (photo prise du compte Instagram @lurlineofficial)

Cette année, c’est Maison de mode, plateforme pionnière au niveau mondial, dédiée à la mode éthique, co-présidée par Hassan Pierre, qui offre son mentorat aux lauréats. Pour les sœurs Albinali, la mode éthique est le principe sur lequel se base leur jeune marque. La majorité des juges, visitant, au pôle M7 de Doha, à quelques minutes des délibérations, les stands où les candidats exposaient leurs créations, se sont attardés devant une robe de soirée en plastique recyclé de la marque Lurline des jeunes saoudiennes. Une robe noire tout en froufrous qui ressemblent, de loin, à des plumes, mais ne manquent pas de surprendre, vus de près. Un bustier en cuir moulé, montrant des crânes sur la poitrine en guise de vanités, fait aussi partie des pièces qui attiraient les visiteurs, tout comme les souliers de Minnie Mouse, escarpins habillés d’une housse de tissu multicolore avec lesquels sont photographiés les mannequins de la marque. 

Audace et humour noir

« Lurline, disent les deux créatrices, redéfinit la mode de luxe contemporaine en embrassant le gothique doux, l'audace et la féminité, et en combinant cette esthétique avec une touche  d'humour noir ». Les sœurs Albinali affirment faire des vêtements pour mettre en évidence le sens de ce qu'est une femme dans le monde d'aujourd'hui. Fières de combiner des techniques classiques et modernes dans des créations uniques, associant un savoir-faire parfait et des matières premières de qualité, elles s'efforcent à travers leur marque de s'engager sur la voie de la durabilité tout en cherchant sans cesse des moyens nouveaux et innovants de créer, et d'apporter un sens fort à l’image de la femme que véhicule le label Lurline.

Un style contemporain et audacieux, avec une petite touche grinçante (photo prise du compte Instagram @lurlineofficial)
Un style contemporain et audacieux, avec une petite touche grinçante (photo prise du compte Instagram @lurlineofficial

Entre prêt-à-porter de luxe et couture sur commande, elles mettent l'accent sur une approche globale de la garde-robe avec un grand souci du détail qui brouille les frontières entre couture et prêt-à-porter.

Nées à Dammam, les sœurs Albinali ont beaucoup voyagé et se sont forgé une culture composite, faite de films, de musiques, de lieux et d’enfance. Elles disent à qui veut l’entendre leur fierté d’être Saoudiennes et de voir leur marque recevoir le soutien d’un grand nombre de jeunes du Moyen-Orient qui se retrouvent dans leur esthétique audacieuse et follement inventive.


Rétrospective Mehdi Qotbi à l’IMA: l’art de faire danser les lettres arabes

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
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  • Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable
  • Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat

PARIS: Alors que l’Institut du Monde Arabe à Paris met à l’honneur la langue arabe en collaboration avec l’Académie Internationale du Roi Salman pour la langue arabe, c’est l’écriture et les lettres arabes qui sont à l’honneur à travers la rétrospective des œuvres de l’artiste franco-marocain Mehdi Qotbi exposé à l’institut jusqu’au 5 janvier prochain.

qotbi
C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique. (Photo Arlette Khouri)

C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique.

Il a beau se servir des lettres arabes pour composer ses tableaux, son œuvre est à l’opposé de la calligraphie.

Son art, selon sa propre définition est plutôt « une désécriture » et non un alignement calligraphique de mots et de phrases.

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable.

Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat dans une famille modeste.

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L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ». (Photo Arlette Khouri)

Dès l'enfance, Qotbi a baigné dans un univers de couleurs à l’ombre de sa mère tapissière dont il dit « elle ne savait ni lire, ni écrire, elle n’avait aucune culture. Mais elle avait la faculté de faire fusionner les couleurs », « elle savait les allier. Pour moi c’étaient des moments de rêve ».

Ce sont peut-être ces moments avec les émotions qui les accompagnent que Qotbi tente de reproduire dans son travail qui s’expose au musée Georges Pompidou à Paris ainsi qu’au musée d’art moderne, ailleurs aussi à la National Gallery of fins arts à Amman où à Houston dans le cadre de la Menil Collection.

Pourtant à l’âge de douze ans, Qotbi s’est cru destiné à une carrière militaire, il saisit l’opportunité d’un défilé militaire et aborde le ministre de la Défense de l’époque Mahjoubi Ahetdane qui l’aide à intégrer le lycée militaire de Kénitra.

Très vite, son penchant pour et le dessin pris le dessus sur son penchant pour le maniement des armes, et rejoint par la suite l’école des beaux arts de Rabat.

Sa rencontre avec le grand artiste marocain Jilali Gharbaouie finit par sceller son destin, il se consacre à sa vocation artistique qui le mène par la suite aux Beaux arts de Paris, dont il est diplômé.

Parallèlement à sa carrière d'artiste, Qotbi s’attache à transmettre sa passion aux jeunes et enseigne les arts plastiques dans des lycées à Paris et Auxerre.

Travailleur infatigable, il publie des livres d’artistes en collaboration avec de grands écrivains et poètes dont le syrien Adonis, la libanaise Andrée Chédid, la française Nathalie Sarraute et également le tchèque Vaclav Havel et le sénégalais Léopold Sedar Senghor.

L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ».

Sa notoriété lui ouvre les portes des plus hautes sphères culturelles et politiques aussi bien en France qu’au Maroc, et Qotbi met cela à profit pour resserrer les liens entre son pays natal et son pays d’adoption.

Il se retrouve chargé de créer un « cercle d’amitié franco-marocain » qui s’est nourri de son large réseaux de contacts autant au Maroc qu’en France.

Le tout Paris artistique et politique était invité à l’inauguration de sa rétrospective, et bien sûr, l’épouse du président français Brigitte Macron était parmi les premiers à être présente.

 


Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024 de l’Institut du Monde Arabe

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
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  • Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français
  • Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès)

PARIS : Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prix s’est dit ravi lundi dernier que cette nouvelle édition du Prix de la littérature arabe consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d'une Tunisie en pleine mutation. L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».

Ce roman est celui d’ Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024. Née en 1978 à Sousse en Tunisie, elle est agrégée d’arabe, titulaire d’un doctorat en linguistique et enseigne à l’université de Sousse. Elle est l’autrice d’essais universitaires et de trois romans, dont Le dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024).

Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français.

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès).

Pour sa part, Jack Lang, Président de l’IMA, a voulu souligner « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».

 


Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes

Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
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  • Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes
  • Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens"

DUBAÏ: Des auteurs de renom du monde entier appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes.

Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes qui "sont complices ou sont restées des observateurs silencieux de l'oppression écrasante des Palestiniens".

Parmi les auteurs populaires qui ont signé la lettre figurent l'Irlandaise Sally Rooney, connue pour des romans tels que "Conversations with Friends", "Normal People" et, plus récemment, "Intermezzo"; le romancier américano-libyen Hisham Matar, lauréat du prix Pulitzer; le romancier Viet Thanh Nguyen, lauréat du prix Pulitzer; la lauréate du prix Booker Arundhati Roy; Mohsin Hamid, auteur de "The Reluctant Fundamentalist"; et la lauréate du prix Booker Avni Doshi, qui est basée à Dubaï.

Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens", notamment en appliquant des "politiques et pratiques discriminatoires" ou en "blanchissant et justifiant l'occupation, l'apartheid ou le génocide d'Israël".

Les institutions qui n'ont jamais reconnu publiquement les "droits inaliénables du peuple palestinien tels qu'ils sont inscrits dans le droit international" seront également boycottées.

La campagne a été organisée par le Festival palestinien de littérature (également connu sous le nom de PalFest), qui organise chaque année des manifestations publiques gratuites dans plusieurs villes de Palestine.

"En tant qu'écrivains, éditeurs, travailleurs de festivals littéraires et autres travailleurs du livre, nous publions cette lettre alors que nous sommes confrontés à la crise morale, politique et culturelle la plus profonde du XXIe siècle", commence la déclaration, qui poursuit en indiquant qu'Israël a tué "au moins 43 362" Palestiniens à Gaza depuis octobre dernier et que cela fait suite à "75 ans de déplacement, de nettoyage ethnique et d'apartheid".

La culture "a joué un rôle essentiel dans la normalisation de ces injustices". Les institutions culturelles israéliennes, "qui travaillent souvent directement avec l'État, ont joué un rôle crucial dans l'obscurcissement, le camouflage et le lavage artistique de la dépossession et de l'oppression de millions de Palestiniens pendant des décennies".

Les travailleurs de l'industrie ont un "rôle à jouer", affirme l'engagement. "Nous ne pouvons pas, en toute conscience, nous engager avec les institutions israéliennes sans nous interroger sur leur relation avec l'apartheid et le déplacement", peut-on lire, en notant que "d'innombrables auteurs" ont adopté la même position contre l'apartheid en Afrique du Sud.

La lettre se termine par un appel aux pairs des signataires à se joindre à l'engagement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com