CHICAGO : Une conférence d’expatriés iraniens vivant aux États-Unis et en Europe a exhorté l’ONU mercredi à imposer des sanctions plus strictes au régime à Téhéran, et a appelé les pays occidentaux à exercer davantage de pressions.
Cet appel a été lancé à l’occasion du premier anniversaire du massacre de 1 500 manifestants par le régime iranien. Des millions d’Iraniens, notamment des jeunes, étaient en effet descendus dans les rues en novembre dernier pour demander plus de libertés et un changement du régime.
Sur ordre du Guide suprême Ali Khamenei, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a tué des centaines de manifestants, dont 23 enfants. Environ 12 000 personnes ont été arrêtées, dont beaucoup ont été condamnées à mort.
Au cours de la conférence qui a été organisée virtuellement en raison du coronavirus, les expatriés ont été rejoints par des responsables du département d’État américain, des politiciens européens et des diplomates. Tous les intervenants ont exhorté l’ONU et les pays occidentaux à enquêter sur le meurtre des manifestants.
Maryam Radjavi, présidente de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) et présidente élue de son Conseil national de résistance iranienne, a une nouvelle fois demandé aux pays occidentaux de mettre fin à leur politique d’«apaisement» avec Téhéran. «Les mollahs attendent impatiemment un changement dans la politique américaine en espérant pouvoir en profiter. Un tel changement ne permettra en aucun cas de régler les problèmes de la théocratie décadente et corrompue du régime. Il ne faut pas poursuivre cette politique d’apaisement avec l’Iran. Il n’est plus question d’apporter un soutien des mollahs. Cette politique ne fera que causer des souffrances et des pertes», explique t-elle.
Malgré la répression brutale des dissidents en novembre dernier, les citoyens de nombreuses villes iraniennes ont à nouveau manifesté contre le régime en janvier.
Trop de complaisance de la part de l’Occident
Mme Radjavi a déclaré que la mise en place par l’Occident d’une politique efficace contre le régime est une question urgente. Une politique qui suppose de discuter impérativement de plusieurs questions clés : la prolifération des missiles balistiques en Iran, le parrainage du terrorisme par l’État, la cyberguerre, la cybersécurité, les actions perturbatrices du régime dans la région, et les violations flagrantes des droits de l’homme dans le pays.
«La destruction des fondements du régime par le peuple iranien a commencé, ils finiront par être déracinés. Cela après des manifestations et des soulèvements futurs, dirigés par la grande armée de libération. À tous les jeunes héroïques et courageux d’Iran, je dis : “Les mollahs ont peur de votre pouvoir”.», a affirmé Maryam Radjavi.
Tribunal international
Matthew Offord, député britannique conservateur et représentant la circonscription de Hendon à Londres, s’est fait l’écho de la demande de Mme Radjavi, réclamant une enquête sur les meurtres des manifestants commis l’année dernière. «J’appelle le gouvernement du Royaume-Uni à travailler avec ses alliés internationaux pour soumettre le dossier du soulèvement de novembre 2019 au Conseil de sécurité de l’ONU afin de juger les responsables dans un tribunal international, a lancé le député. J’appelle également le Royaume-Uni à collaborer avec les États-Unis et l’UE pour permettre l’envoi d’une mission d’enquête internationale en Iran dans les prisons du régime et prendre des mesures immédiates pour obtenir la libération de tous les prisonniers politiques et des personnes détenues pendant le soulèvement de 2019.»
Mitchell Reiss, ancien directeur de planification stratégique au département d’État américain et ex-envoyé spécial en Irlande du Nord pendant le processus de paix, a exhorté les participants de la conférence à dénoncer les crimes du régime. «En cet anniversaire du soulèvement de novembre 2019 et à une époque de transition aux États-Unis, il est utile de se pencher sur les événements de ces dernières années, y compris les plus récents, pour comprendre ce qu'ils signifient dans la lutte entre le peuple iranien et la théocratie au pouvoir à Téhéran. À mon avis, les forces de libération gagnent du terrain, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Iran, alors que les forces de répression s’affaiblissent.»
Theresa Payton, ancienne responsable de l’information à la Maison Blanche sous l’administration George W. Bush, a déclaré que la communauté internationale devait agir maintenant. «Le monde doit s’unir et doit opter pour une nouvelle approche plus audacieuse. Nous ne pouvons plus trouver d’excuses, il s’agit de la crise de notre époque», a t-elle déclaré. Si une alliance internationale entre décideurs politiques, citoyens et technologie agit maintenant, l’avenir global du peuple iranien et du monde pourra prendre une autre voix, plus positive, différente.»