VIENNE : L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé des éclaircissements à l'Iran, jugeant « non crédibles techniquement » les informations fournies sur un site suspect, selon un rapport particulièrement scruté après la présidentielle américaine qui a vu la défaite de Donald Trump.
Téhéran continue par ailleurs à accumuler de l'uranium: la quantité d'uranium faiblement enrichi dépasse désormais de 12 fois la limite autorisée, d'après ce document consulté par l'AFP, qui sera examiné la semaine prochaine, lors du Conseil des gouverneurs.
Elle atteignait à la date du 2 novembre 2.442,9 kilos pour une limite autorisée à 202,8 kilos (ou 300 kilos équivalent UF6). Dans le précédent rapport remontant à septembre, ce stock était de 2.105,4 kilos.
L'Iran poursuit donc sa trajectoire de production d'uranium, en riposte au retrait américain de l'accord signé en 2015 à Vienne et au rétablissement par l'administration Trump des sanctions qui ont plongé le pays dans une violente récession.
Pour le président iranien Hassan Rohani, l'élection de Joe Biden offre aux Etats-Unis la possibilité « de se rattraper » pour leurs « erreurs passées » vis-à-vis de l'Iran.
« Notre but est de briser la pression des sanctions qui accable notre peuple. Chaque fois qu'une occasion favorable se présente, nous agirons de manière responsable », a-t-il insisté mercredi.
En cas de levée des sanctions, et à ces conditions seulement, l'Iran a promis de revenir au respect de ses engagements pris dans le cadre de l'accord de 2015.
Après un bras-de-fer de plusieurs mois, Téhéran avait fait montre de coopération en autorisant, en septembre, les inspecteurs de l'AIEA à accéder à deux sites soupçonnés d'avoir abrité dans le passé des activités nucléaires non déclarées. Les résultats d'analyses ne sont pas encore disponibles.
Mais un troisième site pose question, et c'est celui-là qu'a pointé l'AIEA dans son rapport.
L'agence onusienne réclame « des explications complètes et rapides de l'Iran concernant la présence de particules d'uranium anthropogénique » (résultant d'activités humaines) sur un site non déclaré".
Sa localisation n'a jamais été précisée officiellement, mais des sources diplomatiques ont indiqué à l'AFP qu'il s'agissait d'un entrepôt du district de Turquzabad de la capitale, dénoncé par le gouvernement israélien.
Le directeur général de l'agence onusienne, Rafael Grossi, avait déjà fait part en mars de son inquiétude à ce sujet.
« Le fait qu'on ait retrouvé des traces est très important, ça veut dire qu'il y a la possibilité d'activités et de matériel nucléaires qui ne seraient pas sous contrôle international et dont on ne connaîtrait ni l'origine, ni le destin », avait-il alors dit.