LA HAYE: La Cour pénale internationale a donné lundi à son procureur le feu vert pour poursuivre une enquête sur les atrocités commises en Afghanistan, affirmant que le pouvoir taliban de retour au pouvoir à Kaboul "n'avait montré aucun intérêt" pour mener une enquête nationale sur les crimes de guerre.
"Les éléments transmis par l'Afghanistan ne montrent pas que l'Afghanistan ait enquêté ou soit en train d'enquêter d'une quelconque manière (...) qui justifierait même un report partiel des enquêtes de la Cour", a annoncé dans un communiqué la CPI, qui a donc "autorisé le parquet à reprendre l'enquête" sur les crimes de guerre commis dans le pays.
"Les autorités afghanes ne montrent aucun intérêt à donner suite à la demande de report qu'elles ont soumise le 26 mars 2020", a précisé, pour justifier sa décision, le tribunal international en charge des crimes de guerre à travers le monde.
Début 2020, le gouvernement afghan, aujourd'hui déchu, avait en effet demandé à la CPI, basée à La Haye, de suspendre ses investigations pour donner à Kaboul une chance de mener les siennes. Mais le retour des talibans au pouvoir en août 2021 avait brisé ce mouvement.
La CPI avait lancé en 2006 une première enquête sur les crimes de guerre présumés en Afghanistan, commis tant par les talibans que par les forces américaines. Mais le procureur Karim Khan avait annoncé en 2021 retirer les actions des États-Unis de l'enquête, arguant du fait que les "pires crimes" ont été commis par les talibans et le groupe État islamique.
Le volet de l'enquête de la CPI sur les crimes américains en Afghanistan avait attiré les foudres de Washington sur l'institution, l'administration du président Donald Trump allant jusqu'à imposer des sanctions au prédécesseur de Karim Khan, Fatou Bensouda.
La CPI, basée à La Haye, mène des enquêtes et, le cas échéant, juge les personnes accusées des crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale: génocide, crimes de guerre, crimes contre l'humanité, lorsque les tribunaux nationaux ne peuvent pas ou ne veulent pas s'en charger.