GRIGNY: L’un des pionniers du street art français Jef Aérosol signe un pochoir monumental dans la cité de la Grande Borne à Grigny, l'une des villes les plus pauvres de France métropolitaine, qui compte une quinzaine de fresques et plus de 40 œuvres de street art, grâce au travail de la compagnie La Constellation.
Les enfants de La Grande Borne se sont levés tôt pour venir observer l’artiste de renommée internationale à l'œuvre.
Un jeune de 21 ans essaye de gratter un petit coin pour grapher. Il est venu avec sa bande d’amis discuter avec l’artiste et lui proposer une idée : dessiner un énorme serpent le long des bâtiments situés... rue de la serpente.
Pensée par Emile Aillaud dans les années 70, la Grande Borne, considérée comme une cité sensible, a été labellisée Patrimoine du XXe siècle pour sa conception remarquable, avec des immeubles bas, disposés en arc de cercle. Sur la place de l’Oeuf une femme allongée fait office d’aire de jeu, et au coeur de la cité, dans le quartier des Tiroirs, on peut se balader dans un escargot géant.
Des rencontres se créent sous le regard complice des équipes de la compagnie La Constellation qui, depuis 2015, avec le projet "La Croisée des Chemins" fait venir des artistes du monde entier en résidence à Grigny avec le soutien de la mairie, le bailleur social Les Résidences Yvelines-Essonne et la DRAC Ile-de-France.
Les pochoirs se succèdent, les bombes aérosol se vident... Le visage d’un enfant au grand sourire s'esquisse. "Bravo monsieur", "merci pour ce que vous faites"... Les compliments pleuvent sur les équipes de "La Constellation" et Jef Aérosol.
"Ça embellit et ça donne une autre image": Cisse Hawa, a vu la fresque représentant un enfant au grand sourire depuis sa fenêtre. La jeune femme de 25 ans a tenu à remercier et féliciter l’artiste.
"Apporter des images dans ces lieux-là, n’est pas tout à fait la même chose que dans des quartiers plus riches, souligne Jean-François Perroy, alias Jef Aérosol, 65 ans, qui dessine sur les murs du monde entier en pulvérisant de la peinture noire et blanche à travers des pochoirs.
Il a notamment réalisé l'un des plus grands pochoirs au monde - un autoportrait- d'une superficie de 350 m2, à deux pas du Centre Pompidou à Paris.
"Les arts plastiques ont été le super média de cette aventure" et l'adhésion des habitants au projet a "donné de l’énergie aux artistes" en résidence dans la ville, enchaine Alexandre Ribeyrolles, co-directeur de la compagnie La Constellation.
"On veut que les artistes, quand ils partent d'ici, soient ambassadeurs de cette ville" ajoute M. Ribeyrolles. Jef Aérosol, lui, se dit "porté par cette nécessité de faire quelque chose dans des lieux qui sont pointés du doigt par les médias."