Liz Truss quitte Downing Street avant la nomination de Rishi Sunak par Charles III

Liz Truss, la plus éphémère Première ministre que le Royaume-Uni ait connu, a quitté mardi Downing Street après 49 jours au pouvoir (Photo, AFP).
Liz Truss, la plus éphémère Première ministre que le Royaume-Uni ait connu, a quitté mardi Downing Street après 49 jours au pouvoir (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 25 octobre 2022

Liz Truss quitte Downing Street avant la nomination de Rishi Sunak par Charles III

  • Rishi Sunak se rendra à Downing Street, où il prononcera un discours vers 11H35 (10H35 GMT)
  • C'est la première fois que Charles III nomme un chef de gouvernement

LONDRES: Liz Truss, la plus éphémère Première ministre que le Royaume-Uni ait connu, a quitté mardi Downing Street après 49 jours au pouvoir, avant la nomination de son successeur Rishi Sunak, troisième chef de gouvernement en deux mois.

Après avoir franchi pour la dernière fois en tant que Première ministre la célèbre porte noire laquée frappé du N°10, Liz Truss a adressé ses voeux de "tous les succès" possibles à son successeur, "pour le bien de notre pays".

Citant le philosophe Sénèque --"ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles"-- la conservatrice Liz Truss, 47 ans, s'est lancée dans un plaidoyer pour l'audace au pouvoir.

Faisant un bilan de son mandat éclair, elle a cité les funérailles de la reine Elizabeth II et l'accession au trône de Charles III, ainsi que le soutien aux ménages face à l'augmentation des factures d'énergie.

Elle s'est ensuite rendue en voiture pour remettre sa démission au roi Charles III au palais de Buckingham.

Le souverain, âgé de 73 ans, va confier la tâche de former un nouveau gouvernement à Rishi Sunak, qui sauf surprise, devrait notamment conserver Jeremy Hunt au poste de ministre des Finances.

Ex-banquier et ministre des Finances, le conservateur Rishi Sunak devient, à 42 ans, le plus jeune chef de gouvernement de l'histoire contemporaine du Royaume-Uni, après une ascension fulgurante en politique. Il est aussi le premier dirigeant britannique d'origine indienne et le premier originaire d'une ancienne colonie britannique.

Rishi Sunak se rendra enfin à Downing Street, où il prononcera un discours vers 11H35 (10H35 GMT).

C'est la première fois que Charles III nomme un chef de gouvernement. Liz Truss, avait été reçue par Elizabeth II le 6 septembre lors d'une audience au château écossais de Balmoral. La souveraine de 96 ans était décédée deux jours plus tard.

Après sa victoire au sein de sa formation lundi, Rishi Sunak a promis "stabilité et unité". "Rassembler le parti et le pays sera ma priorité absolue", a-t-il déclaré dans une brève allocution.

Rishi Sunak prend les rênes d'un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L'inflation dépasse 10%, au plus haut au sein du G7. Les prix de l'énergie flambent, comme ceux de l'alimentation. Le risque de récession plane.

Il lui faudra aussi calmer les marchés, ébranlés par les annonces budgétaires du gouvernement Truss fin septembre, annulées depuis pour l'essentiel en catastrophe.

Rishi Sunak arrive au pouvoir dans une période d'instabilité sans précédent. Il est le cinquième Premier ministre britannique depuis 2016, quand le pays a choisi lors d'un référendum de sortir de l'Union européenne, et le troisième en deux mois.

Brexiter 

Il prend la tête d'un parti conservateur extrêmement divisé, après douze ans au pouvoir. Alors que l'opposition travailliste culmine dans les sondages à deux ans des élections générales, Rishi Sunak a prévenu les députés de son camp qu'ils devaient "s'unir ou mourir".

Rishi Sunak a exclu des élections anticipées, réclamées par le Labour. Mais selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022.

Selon un sondage YouGov, seuls 38% des Britanniques sont satisfaits que Rishi Sunak devienne leur Premier ministre.

Ce Brexiter de la première heure, qui passe pour un travailleur pragmatique, devra former un gouvernement rapidement, pour à la fois donner des gages aux marchés et satisfaire les clans de sa majorité, au risque de subir le même sort que Liz Truss. Il devra aussi s'expliquer sur ses intentions: il ne s'est pas exprimé pendant la campagne éclair des Tories qui a démarré jeudi.

Il s'est imposé sans programme ni vote des adhérents, après la renonciation de l'ex-Premier ministre Boris Johnson et l'échec de son adversaire Penny Mordaunt à se qualifier.

Pendant la précédente campagne, l'été dernier, lors de laquelle il avait été battu par Liz Truss, cet ancien chancelier de l'Echiquier (2020-2022) avait insisté sur la nécessité de lutter contre l'inflation, qualifiant les promesses de baisses d'impôts de son adversaire de "conte de fée".

Sur l'immigration, il avait dit soutenir le projet ultra-controversé, et pour l'heure bloqué, consistant à envoyer les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni au Rwanda.


La relation Israël - ONU en chute libre

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'adresse à la presse lors de l'ouverture de la 55e session du Conseil des droits de l'homme à Genève, le 26 février 2024. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'adresse à la presse lors de l'ouverture de la 55e session du Conseil des droits de l'homme à Genève, le 26 février 2024. (AFP)
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  • Les critiques soulignent que depuis le vote de l'Assemblée générale en 1948 qui a ouvert la voie à la reconnaissance d'Israël, le pays a ignoré de nombreuses résolutions de l'ONU et décisions de tribunaux internationaux, sans aucune conséquence
  • Israël a toujours ignoré la résolution 194 garantissant aux Palestiniens expulsés en 1948 du territoire conquis par Israël le droit au retour ou à une indemnisation

GENEVE: Les relations entre Israël et les Nations unies étaient exécrables mais l'interdiction par le parlement israélien de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens est perçue comme une déclaration de guerre à l'ensemble de l'organisation internationale.

Israël a été soumis à un feu roulant de critiques -y compris d'alliés fidèles- depuis le vote lundi soir interdisant à l'Unrwa, qui coordonne la quasi-totalité de l'aide à la bande de Gaza ravagée par la guerre, de travailler "sur le territoire israélien", y compris Jérusalem-Est, secteur annexé.

Cette décision a plongé une relation déjà toxique dans un nouvel abîme, après une année d'accusations voire d'insultes et même de remise en question de l’adhésion d'Israël à l'ONU.

"C'est le point culminant d'une déclaration de guerre", résume mardi un éditorial du quotidien suisse Le Temps.

- Complice -

Depuis le 7-Octobre, de nombreuses agences de l'ONU ont sévèrement critiqué la façon dont Israël mène la guerre à Gaza, en représailles à l'attaque sur son territoire par le mouvement islamique Hamas.

Action disproportionnée pour l'ONU qui dénonce la catastrophe humanitaire et le lourd bilan humain -plus de 43.000 morts- dans un territoire totalement bouclé par Israël. Des experts du Conseil des droits de l'Homme accusent Israël de "génocide".

Côté israélien, on juge que l'ONU est partiale et son chef Antonio Guterres a été déclaré "persona non grata". "C'est un Secrétaire général anti-israélien qui apporte son soutien aux terroristes, aux violeurs et aux meurtriers", a lancé le ministre des Affaires étrangères Israël Katz.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'avait pas hésité à qualifier l'ONU de "marais antisémite" à la tribune même de l'Assemblée générale de l'organisation.

Un mépris reflété dans la manière cinglante dont M. Netanyahu a renvoyé à la collaboration de la France avec les nazis quand le président français Emmanuel Macron avait suggéré qu'Israël devait son existence aux Nations unies.

Au-delà des mots, l'armée israélienne a aussi été accusée d'avoir "délibérément" attaqué des positions de la Finul, la force de l'ONU positionnée le long de la ligne de démarcation entre Israël et le Liban, et d'avoir blessé plusieurs casques bleus.

- "Trahison" de l'ONU -

"Nous avons le sentiment que l'ONU a trahi Israël", a récemment déclaré à l'AFP son ambassadeur à Genève, Daniel Meron.

Cela fait longtemps qu'Israël se plaint d'être la cible de l'ONU, soulignant par exemple le nombre croissant de résolutions à son égard. Depuis la création du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en 2006, plus d'un tiers des plus de 300 résolutions de condamnation ont visé Israël, un nombre "hallucinant", selon l'ambassadeur.

Les appels à la démission du Secrétaire général ont vite suivi une déclaration d'Antonio Guterres, qui a affirmé que l'attaque du 7-Octobre "ne s'était pas produite dans le vide. Le peuple palestinien a été soumis à 56 ans d'occupation étouffante".

Mais c'est l'Unrwa qui a subi les attaques les plus violentes. Plus de 220 de ses employés ont été tués à Gaza - alors qu'elle a dû faire face à des coupes budgétaires dramatiques et à des appels à son démantèlement suite aux accusations israéliennes selon lesquelles certains de ses employés ont participé à l'attaque du 7-Octobre.

- "Impunité prolongée" -

Les critiques soulignent que depuis le vote de l'Assemblée générale en 1948 qui a ouvert la voie à la reconnaissance d'Israël, le pays a ignoré de nombreuses résolutions de l'ONU et décisions de tribunaux internationaux, sans aucune conséquence.

Israël a toujours ignoré la résolution 194 garantissant aux Palestiniens expulsés en 1948 du territoire conquis par Israël le droit au retour ou à une indemnisation, ainsi que les condamnations des annexions après la guerre israélo-arabe de 1967 et de sa politique de colonisation en Cisjordanie.

En permettant à Israël de rester "en situation de non-respect du droit international, l'Occident fait croire aux Israéliens qu'ils sont au-dessus du droit international", a récemment déclaré à l'AFP Riccardo Bocco, professeur de sociologie politique à l'Institut universitaire de hautes études internationales de Genève.

Francesca Albanese, experte indépendante de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens, abonde dans le même sens.

Le "génocide en cours" à Gaza, a-t-elle déclaré dans un rapport publié mardi, "est sans aucun doute la conséquence du statut exceptionnel et de l'impunité prolongée dont jouit Israël". La juriste italienne -dont Israël a demandé le limogeage- s'était récemment interrogée sur le statut de membre d'une "organisation pour laquelle Israël semble n'avoir aucun respect".


Le vote des Arabes-Américains comptera dans cette élection, selon un panel de l'Institut du Moyen-Orient

Interrogés sur le candidat pour lequel ils étaient le plus susceptibles de voter, 45 pour cent ont répondu Trump, tandis que 43 pour cent ont opté pour Harris, bien que cet écart puisse facilement être réduit - ou légèrement élargi - par la marge d'erreur de 5,93 pour cent de l'enquête. (Photo capture d'écran)
Interrogés sur le candidat pour lequel ils étaient le plus susceptibles de voter, 45 pour cent ont répondu Trump, tandis que 43 pour cent ont opté pour Harris, bien que cet écart puisse facilement être réduit - ou légèrement élargi - par la marge d'erreur de 5,93 pour cent de l'enquête. (Photo capture d'écran)
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  • Bien qu'ils ne représentent qu'un pour cent de l'électorat total, les Arabes-Américains constituent un groupe important dans plusieurs États clés, où même une poignée de voix pourrait influencer le résultat de l'élection
  • Aucun des deux principaux candidats ne peut donc se permettre de considérer leurs votes comme acquis

LONDRES: Quelques jours avant que les Américains ne se rendent aux urnes pour décider qui sera le prochain président des États-Unis, le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris se retrouvent au coude-à-coude dans la course à la Maison Blanche. La compétition étant sur le fil du rasoir, tout développement mineur à ce stade pourrait suffire à faire basculer le vote de manière décisive.

Bien qu'ils ne représentent qu'un pour cent de l'électorat total, les Arabes-Américains constituent un groupe important dans plusieurs États clés, où même une poignée de voix pourrait influencer le résultat de l'élection. Aucun des deux principaux candidats ne peut donc se permettre de considérer leurs votes comme acquis.

C'est pourquoi Arab News s'est associé à l'agence de sondage YouGov pour sonder les attitudes des Arabes-Américains dans toutes les zones géographiques, toutes les tranches d'âge, tous les sexes et toutes les tranches de revenus, afin de voir de quel côté penche la communauté et quelles sont les questions qui comptent le plus pour elle.

L'enquête a clairement montré que les Arabes-Américains ne constituent pas un monolithe motivé par une seule question. Les questions intérieures, telles que l'économie et le coût de la vie, occupent une place importante, tandis que la sécurité aux frontières et le droit à l'avortement sont également des considérations clés.

Toutefois, c'est le sort des Palestiniens qui est apparu comme le principal sujet de préoccupation des Arabes-Américains, toutes générations confondues, à savoir l'offensive israélienne en cours contre le Hamas à Gaza et l'incapacité perçue de l'administration du président Joe Biden à freiner Israël.
Brian Katulis, chercheur principal en politique étrangère américaine au Middle East Institute, qui a animé une table ronde spéciale lundi pour examiner les résultats du sondage, a déclaré que l'importance de la question palestinienne dans cette élection montrait que les États-Unis avaient encore un rôle à jouer dans la région.

"Dans le cadre de la discussion politique que nous avons dans ce pays, cela implique qu'il y a un fort intérêt à ce que les États-Unis s'engagent plus profondément au Moyen-Orient - mais en le faisant de la bonne manière", a déclaré Katulis.

"Il y a de sérieuses divergences sur la question de savoir qui et quel candidat est la bonne voie. Mais pour ceux qui ont dit que nous devrions nous retirer de la région, nous restreindre, certains disent cela, mais je pense qu'il y a une impulsion générale ici pour que nous nous engagions plus profondément en essayant de résoudre - ou de ne pas résoudre, mais d'engager - ces questions d'une manière appropriée dans la région elle-même, mais aussi politiquement ici à la maison".

Invités à classer six questions clés par ordre de priorité, 26 pour cent des Arabes-Américains interrogés par YouGov ont déclaré que le conflit israélo-palestinien était leur principale préoccupation. L'économie et le coût de la vie ne sont pas loin derrière, représentant les principales préoccupations pour 19 pour cent des personnes interrogées.

"En ce qui concerne les problèmes auxquels sont confrontés les Arabes-Américains, le conflit israélo-palestinien arrive en tête avec 26 pour cent, suivi de l'économie et du coût de la vie", a déclaré Lara Barazi, consultante indépendante en données et ancienne directrice de recherche chez YouGov, au groupe d'experts de l'IED 

La Palestine semble préoccuper le plus les Arabes-Américains aux revenus les plus faibles: 37 pour cent de ceux qui gagnent moins de 40 000 dollars et 22 pour cent de ceux qui gagnent 80 000 dollars ou plus.

"Ces questions reflètent en quelque sorte ce qui se passe actuellement aux États-Unis, et pas seulement pour les Arabo-Américains, si l'on considère les revenus", a déclaré Barazi.

"La plus grande priorité va au conflit palestinien. Ce sont 41 pour cent des personnes aux revenus les plus faibles qui soutiennent le conflit israélo-palestinien, contre 41 pour cent des personnes aux revenus les plus élevés. En fait, ils s'intéressent à l'économie, au coût de la vie et au conflit palestinien, mais ils accordent beaucoup d'importance à l'économie et au coût de la vie”.

Interrogés sur le candidat pour lequel ils étaient le plus susceptibles de voter, 45 pour cent ont répondu Trump, tandis que 43 pour cent ont opté pour Harris, bien que cet écart puisse facilement être réduit - ou légèrement élargi - par la marge d'erreur de 5,93 pour cent de l'enquête.

Ce qui est également intéressant dans ces résultats, c'est de voir à quel point le conflit au Moyen-Orient est une priorité pour les personnes interrogées qui s'identifient comme républicains, démocrates ou indépendants.

"Nous constatons que ce sont les indépendants qui accordent le plus d'importance au conflit israélo-palestinien et que ce sont les républicains qui lui accordent le moins d'importance", a déclaré Barazi. "Seuls 17 pour cent des républicains ont déclaré que le conflit israélo-palestinien était une priorité absolue pour eux, tandis que le coût de la vie arrive en tête pour les républicains”.

Bien que Trump soit perçu comme plus favorable au gouvernement israélien que Harris, de nombreux Arabes-Américains ont indiqué dans le sondage qu'ils voteraient quand même pour lui, ce qui suggère qu'ils pénalisent les démocrates en raison de l'incapacité perçue de l'administration Biden à freiner Israël.

Interrogés sur le candidat pour lequel ils étaient le plus susceptibles de voter, 45 pour cent ont répondu Trump, tandis que 43 pour cent ont opté pour Harris, bien que cet écart puisse facilement être réduit - ou légèrement élargi - par la marge d'erreur de 5,93 pour cent de l'enquête.

Le soutien légèrement plus élevé à Trump qu'à Harris survient malgré le fait que 40 pour cent des personnes interrogées se décrivent comme démocrates, 28 pour cent comme républicains et 23 pour cent comme indépendants.

Les résultats sont quelque peu déconcertants, d'autant plus que Trump a annoncé son intention d'étendre l'interdiction de voyager qu'il a décrétée en 2017 aux personnes originaires de sept pays majoritairement musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) et qu'il a déclaré que s'il était élu, il interdirait aux réfugiés palestiniens d'entrer aux États-Unis, une politique que peu d'Arabes-Américains soutiendraient.

Néanmoins, il semble que le bilan de Biden sur le Moyen-Orient au cours de l'année écoulée ait été le facteur décisif pour de nombreuses personnes.

Yasmeen Abu Taleb, journaliste à la Maison Blanche pour le Washington Post, a également participé à la table ronde de l'IEDM de lundi. Elle a déclaré que les démocrates ne s'attendaient pas à ce que la question de la Palestine pèse autant sur la campagne.

Bien que Trump soit perçu comme plus favorable au gouvernement israélien que Harris, de nombreux Arabes-Américains ont indiqué dans le sondage qu'ils voteraient quand même pour lui. 

"Nous n'avons jamais vu la question de la Palestine occuper une place aussi importante sur la scène politique pendant aussi longtemps", a-t-elle déclaré. "Je pense que sous l'administration Biden, on avait l'impression que les gens seraient vraiment en colère et protesteraient pendant un mois ou deux. Ils espéraient que la guerre serait terminée en janvier”.

"Ils ont toujours été très optimistes et pensaient que cette question ne serait pas un enjeu électoral. Et nous voilà, plus d'un an plus tard, et c'est toujours un élément clé de l'élection. Je pense que c'est un signal important qui montre à quel point la politique a changé sur ce sujet”.

"Je ne pense pas que nous ayons vu cela dans la politique américaine, où le débat a été aussi intense et soutenu”.

Si Harris bat Trump à la présidence, on ne sait pas encore si elle fera évoluer la position du Parti démocrate sur Israël ou si la politique de l'administration Biden, dont elle fait partie, restera globalement inchangée.

"Évidemment, cela dépend du vainqueur, mais je pense que si Harris allait devenir présidente, il n'y aurait pas le changement radical que les gens souhaitent", a déclaré Abu Taleb. "Mais je pense qu'il y a des signes qui montrent que le Parti démocrate est en train de changer sur Israël, et ce de manière subtile mais importante”.

Bien que le sondage Arab News-YouGov se soit concentré sur l'opinion des Arabes-Américains, le débat s'est naturellement étendu aux attitudes dominantes parmi les populations et les dirigeants arabes au Moyen-Orient. Tarek Ali Ahmad, responsable de la recherche et des études à Arab News, a déclaré que de nombreuses personnes au Moyen-Orient retenaient leur souffle.

"Les gens attendent essentiellement le jour de l'élection", a-t-il ajouté. C'est à ce moment-là que tout le monde se dira: "OK, maintenant nous pouvons enfin arrêter ce jeu électoral, cette campagne, et nous pouvons passer à une politique solide et concrète qui aura une incidence sur ce qui va se passer, si oui ou non nous allons voir une fin réelle au conflit, ou si nous allons aller encore plus loin".

"Nous n'avons rien entendu en termes de préférence pour l'un ou l'autre des candidats. Mais en même temps, nous ne pouvons pas ignorer le fait que tout nouveau président aura beaucoup à faire en ce qui concerne tout ce qui se passe sur le terrain".

"Il y a donc tant d'aspects différents qui font basculer l'opinion publique sur le terrain en ce qui concerne la personne qui sera présidente", a déclaré Ali Ahmad.

Quant à savoir si le monde arabe a une préférence pour la présidence américaine, Ali Ahmad a indiqué que de nombreux pays de la région sont restés discrets, préférant attendre de voir l'issue de cette course très disputée.

"Il y a beaucoup de points de vue différents et il n'y a pas de véritable préférence pour l'un ou l'autre des candidats, car la différence est tellement ténue", a-t-il déclaré.

"Il y a maintenant des gens sur le terrain qui parlent de la façon dont, essentiellement, chaque événement qui se produit provoque un changement d'opinion, de l'entrée (d'Israël) au Liban, du bombardement de l'Iran, jusqu'à la démission de Biden de la nomination”.

"Il y a donc tant d'aspects différents qui viennent modifier l'opinion publique sur le terrain en ce qui concerne le choix du président”.

Réfléchissant à l'importance du rôle de l'électorat arabo-américain dans l'élection, Ali Ahmad a déclaré que beaucoup semblent reconnaître que leur vote peut faire une différence significative.

"La raison pour laquelle il y a une forte participation, comme nous l'avons dit, neuf Américains sur dix sont prêts à aller voter, c'est que 80 pour cent de ceux qui ont répondu ont constaté que leur vote compte réellement et qu'il aura de l'importance lors de l'élection de cette année", a-t-il déclaré.

"Ils ont vraiment le sentiment qu'ils peuvent changer les choses et faire la différence, que ce soit en punissant les démocrates ou en votant pour un indépendant”.


Pour des crédits biodiversité « éthiques », une feuille de route mondiale a été lancée à la COP16

Photo du logo de la prochaine COP16 au Pacific Event Center où se tiendra la conférence, à Yumbo, juste au nord de Cali, département de Valle del Cauca, Colombie, prise le 17 octobre 2024. (Photo AFP)
Photo du logo de la prochaine COP16 au Pacific Event Center où se tiendra la conférence, à Yumbo, juste au nord de Cali, département de Valle del Cauca, Colombie, prise le 17 octobre 2024. (Photo AFP)
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  • Le « Cadre pour des marchés de crédits biodiversité à haute intégrité » a pour ambition de fournir aux gouvernements des lignes de conduite pour « créer de solides fondations pour le développement » de ces marchés, afin de les rendre crédibles.
  • Ce rapport, fruit d'un an de consultations, se veut une réponse aux termes de l'accord de Kunming-Montréal sur la sauvegarde de la nature, qui a fixé l'objectif de porter à 200 milliards de dollars par an les dépenses mondiales pour la biodiversité.

CALI : Pour financer la sauvegarde de la nature, les marchés balbutiants de « crédits biodiversité » ont le vent en poupe, mais les craintes de dérives sont nombreuses. Pour les éviter, un cadre éthique a été publié lundi lors de la COP16 biodiversité de Cali par un panel d'experts internationaux.

Le « Cadre pour des marchés de crédits biodiversité à haute intégrité » a pour ambition de fournir aux gouvernements des lignes de conduite pour « créer de solides fondations pour le développement » de ces marchés, afin de les rendre crédibles et véritablement bénéfiques pour la nature.

Ce cadre a été rédigé par le Comité consultatif international sur les crédits de biodiversité (IAPB en anglais), une initiative lancée en juin 2023 par la France et le Royaume-Uni et qui réunit 25 experts issus de la finance, de l'entreprise, de la recherche, d'ONG ou de peuples autochtones.

Ce rapport, fruit d'un an de consultations, se veut une réponse aux termes de l'accord de Kunming-Montréal sur la sauvegarde de la nature, qui a fixé l'objectif de porter à 200 milliards de dollars par an les dépenses mondiales pour la biodiversité d'ici 2030. Pour y parvenir, l'accord encourage les pays à « promouvoir (...) le paiement des services écosystémiques, les obligations vertes, les crédits et compensations en matière de biodiversité ».

Cependant, les scandales qui ont secoué les marchés de crédits carbone et la crainte que ces outils financiers servent aux entreprises à se laver les mains de leurs destructions de la nature freinent leur essor.

Le rapport propose de définir les crédits biodiversité comme « un certificat qui représente une unité mesurable et prouvée de résultat positif pour la biodiversité », qui soit durable.

« Les crédits biodiversité ne peuvent pas, et ne devraient pas être considérés comme une alternative à des politiques publiques plus cohérentes, notamment celles protégeant les écosystèmes contre la surexploitation et la prédation, encourageant les comportements positifs, sanctionnant les dégâts et les pollutions (...), et abolissant les subventions néfastes pour la nature », écrivent les deux présidentes de l'IAPB, Sylvie Goulard et Amelia Fawcett, en préambule du rapport.

« Elles ne sont pas non plus une alternative pour la finance publique et multilatérale », écrivent-elles encore, alors que les pays en développement craignent que les pays riches se défaussent de leurs obligations d'aide et les reportent sur le secteur privé.

Selon le rapport, les crédits biodiversité peuvent concerner des projets de « compensations », mais uniquement à l'échelle locale et de manière très stricte : une forêt détruite en Europe ne peut se compenser par une plantation en Afrique.

L'IAPB juge ainsi improbable l'essor d'un marché international unique. Seize pays ont un marché existant (États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, etc.) ou un projet en cours (Chine, Australie, etc.).