Le transfert de cash, un classique de l'aide humanitaire expérimenté en France

Un homme sort des billets en euros dans un distributeur automatique de billets de la banque française "La Banque Postale" à Carquefou, dans l'ouest de la France, le 10 septembre 2014. (Photo de JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)
Un homme sort des billets en euros dans un distributeur automatique de billets de la banque française "La Banque Postale" à Carquefou, dans l'ouest de la France, le 10 septembre 2014. (Photo de JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)
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Publié le Mardi 25 octobre 2022

Le transfert de cash, un classique de l'aide humanitaire expérimenté en France

  • L'aide en espèce et en bons a été introduite dès la fin des années 1990 en Amérique latine, avant de gagner l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est
  • Ils sont employés aussi bien en situation d'urgence, comme après le typhon Haiyan aux Philippines en 2013, que sur le plus long terme pour des réfugiés, comme en Ukraine ou au Liban

MONTREUIL: Grâce aux 189 euros qu'elle perçoit chaque mois en cash et sans condition, Alice (prénom d'emprunt) a réintroduit viande, amandes et légumes à son menu. Cette aide financière, classique dans la lutte contre la pauvreté dans le monde, est testée pour la première fois en France par une ONG internationale.

Mère célibataire de 39 ans, Alice raconte avoir continué à acheter le riz par sac de 25 kg et à "faire la diète" les semaines où elle n'a pas la garde de ses deux enfants.

Mais, elle a arrêté de "compter la moindre pièce" le temps du projet pilote "Passerelle", que viennent d'achever Action contre la Faim (ACF) et la Fondation Armée du Salut dans quatre quartiers prioritaires de Montreuil, en banlieue parisienne.

"J'ai pu acheter des steaks hachés pour mes enfants" de 11 et 17 ans "et, bonus, des chaussures", témoigne l'aide-soignante.

Secouée par une longue maladie et une séparation, elle s'est retrouvée dans l'incapacité d'assumer seule le paiement du loyer et de la nourriture avec les 900 euros mensuels de son mi-temps thérapeutique.

C'est l'assistante sociale du collège de sa fille, alertée par les impayés puis l'arrêt de la cantine, qui lui a suggéré d'adhérer à "Passerelle", dont ont bénéficié 200 foyers constitués de personnes, comme elle, en situation régulière, logées et peu ou pas connues des services sociaux.

Elle et ses deux enfants ont perçu chacun 63 euros le 15 de chaque mois pendant quatre

mois, soit environ 50% de l'apport alimentaire mensuel nécessaire tel que calculé sur la base d'indicateurs internationaux. Une aide qui l'a "remise en selle", témoigne-t-elle.

«Flexibilité" et "dignité»

L'aide en espèce et en bons a été introduite dès la fin des années 1990 en Amérique latine, avant de gagner l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est.

Avec le pacte scellé à Istanbul en 2016 entre les principaux donateurs, organisations humanitaires et onusiennes, ces programmes de soutien sont devenus la norme pour les programmes de lutte contre la pauvreté.

Ils sont employés aussi bien en situation d'urgence, comme après le typhon Haiyan aux Philippines en 2013, que sur le plus long terme pour des réfugiés, comme en Ukraine ou au Liban.

"Le don en espèces apporte un gain d'argent, d'efficacité et de temps", explique André Krummacher, de l'ONG Acted, et ce d'autant plus que les humanitaires tentent de réduire leur empreinte carbone.

Il aide également à revitaliser l'économie locale et apporte "flexibilité, dignité et sens des responsabilités aux bénéficiaires qui se sentent moins pris de haut et libres de choisir les biens dont ils ont réellement besoin", poursuit-il.

Il permet enfin aux humanitaires d'atteindre, de manière plus discrète et donc plus sécurisée, des populations enclavées dans des territoires difficiles, comme en Somalie ou au Sahel.

«Piste intéressante»

En France, l'aide monétaire est déjà utilisée, sous forme de chèques services ou en cash mais à titre expérimental et par des acteurs locaux.

Le projet pilote "Passerelle" est le premier à associer un acteur international, en l'occurrence ACF dont l'intervention dans l'Hexagone a été accélérée par la crise sanitaire.

"Si on n'est pas capable aujourd'hui de dire si les gens ont mangé mieux, le fait de manger plus, de sortir de la monotonie alimentaire de fin de mois, de régler une dette qui peut peser comme une épée de Damoclès" est une "piste intéressante à creuser", estime Massimo Hulot, en charge du projet pour ACF.

L'impact sur la santé mentale est "net" et "semble plus pérenne", souligne-t-il.

Cependant des points de blocage ont été identifiés. Le fonds européen d'aide aux plus démunis n'est notamment "pas déclinable en France en transfert monétaire pour l'instant", contrairement à l'Espagne par exemple, souligne Vigdis Gosset d'ACF.

"Les mentalités ne sont pas forcément prêtes partout", relève par ailleurs M. Krummacher.


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
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  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

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  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
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  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".