En Cisjordanie occupée, les jeunes «lions» et la «3e Intifada»

Une Palestinienne proteste lors d'une manifestation réclamant l'ouverture des routes autour de la ville de Naplouse, fermées par l'armée israélienne (Photo, AFP).
Une Palestinienne proteste lors d'une manifestation réclamant l'ouverture des routes autour de la ville de Naplouse, fermées par l'armée israélienne (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 22 octobre 2022

En Cisjordanie occupée, les jeunes «lions» et la «3e Intifada»

  • «Nous sommes un groupe relativement petit et nous sommes menacés d'être assassinés»
  • Israël a intensifié ses raids qui ont fait plus de 115 morts palestiniens

NAPLOÈSE, Territoires Palestiniens: Dans le ciel de Naplouse, les drones israéliens tournoient désormais sans relâche. Sur terre, des soldats bloquent les points d'accès à la ville. Depuis des mois, la tension va crescendo en Cisjordanie, favorable, pour certains Palestiniens, à une "nouvelle intifada".

Entre les marchands de savons à l'huile d'olive et les vendeurs de vêtements du vieux Naplouse, de jeunes Palestiniens naviguent sur des scooters aux couleurs de leurs nouveaux héros : "Areen al-oussoud" ("la fosse aux lions") et leur défunt leader Ibrahim al-Nabulsi.

Avant d'être tué début août dans un raid israélien, ce Palestinien, surnommé le "lion de Naplouse", galvanisait la jeunesse locale avec un discours musclé contre l'occupation israélienne de la Cisjordanie, mais aussi contre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas accusée de "coopérer" avec Israël.

Dans la foulée, de jeunes combattants - affiliés pour certains au Fatah, au Jihad islamique ou au Hamas - ont formé le "regroupement de la fosse aux lions", devenu rapidement populaire via la messagerie cryptée Telegram et à travers les Territoires palestiniens.

"J'ai rejoint Areen al-oussoud parce que ce groupe a choisi de résister à l'occupation avec des armes, sans se diviser en factions, et parce que ses piliers sont Dieu et la nation", explique à l'AFP un jeune combattant surnommé "Abou Oday".

"Nous sommes un groupe relativement petit et nous sommes menacés d'être assassinés. La suite dépendra de qui nous rejoindra", dit-il.

Cette semaine, ce groupe armé a appelé à des manifestations nocturnes en Cisjordanie sur Telegram, déjà suivi par près de 180.000 personnes. Rapidement, des Palestiniens se sont rassemblés dans différents secteurs, donnant lieu à des heurts avec l'armée israélienne.

«Souder» les Palestiniens

Depuis une vague d'attaques anti-israéliennes en mars, Israël a intensifié ses raids en Cisjordanie, notamment à Jénine et Naplouse, bastions historiques des factions palestiniennes, dans le nord de la Cisjordanie.

Raids et affrontements ont fait plus de 115 morts palestiniens, bilan le plus lourd en Cisjordanie depuis sept ans. Et le deuxième plus élevé depuis la fin de la "seconde Intifada", soulèvement du début des années 2000, après celui de 1987-1993.

"C'est peut-être le début d'une nouvelle intifada. Les +Areen al-oussoud+ soudent la résistance. Ces jeunes ne sont pas sous le patronage d'une faction. Ils montrent que la résistance est plus importante qu'un mouvement en particulier", dit à l'AFP Khader Adnan, un ténor du Jihad islamique en Cisjordanie, maintes fois écroué par Israël.

"La jeune génération n'a pas d'espoir, pas de travail, vit sous l'occupation. Mais pour avoir une 3e intifada, cela nécessite un accord entre les factions. Or, ce n'est pas le cas. Le Hamas cherche une légitimité internationale, la gauche est affaiblie, le Fatah s'accroche au pouvoir. Le Jihad islamique, lui, est prêt", rétorque Abou Moustafa, combattant de la première Intifada.

«Sacrifices après sacrifices»

Aujourd'hui concentrée dans le nord de la Cisjordanie, la contestation pourrait se répandre à travers tout le territoire si, par exemple, les forces israéliennes "assassinaient Fathi Khazem, qui est plus qu'un héros mais une véritable icône", estime Khader Adnan. "Là, l'intifada serait complète".

Père du défunt auteur d'un attentat fatal à trois personnes à Tel-Aviv, le 7 avril, Fathi Khazem est devenu l'un des Palestiniens les plus recherchés par Israël. L'homme a perdu un deuxième fils lors d'un raid dans le camp palestinien de Jénine, où il sort à l'occasion entouré de dizaines de combattants encagoulés et armés de M-16, a pu constater l'AFP.

Ces derniers jours, fait assez rare, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh - dont le gouvernement est critiqué - s'est rendu dans le camp de Jénine, où il est apparu aux côtés de Fathi Khazem et de combattants surarmés.

"Le combat se poursuit de générations en générations, sacrifices après sacrifices", a déclaré M. Shtayyeh. Il a accusé Israël de ne "pas vouloir la paix" et d'intensifier l'occupation, depuis 1967, de la Cisjordanie, où vivent désormais plus de 475.000 Israéliens dans des colonies contraires au droit international.

En parallèle, le médiateur de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, s'est rendu à Naplouse et Jénine pour tenter d'apaiser les tensions dans ce territoire resté, ces dernières années, dans l'ombre de la bande de Gaza, enclave séparée géographiquement et contrôlée par les islamistes du Hamas.

Depuis sa dernière guerre avec Israël, en 2021, le Hamas "veut que Gaza demeure relativement calme, tout en permettant à une dynamique de se déployer en Cisjordanie", explique à l'AFP M. Wennesland, soulignant que des groupes locaux avaient "probablement accès à des fonds de l'extérieur".

"Je ne suis pas en mesure de prédire quelle direction emprunteront la mobilisation et le narratif de Naplouse mais la priorité devrait être de calmer la situation et de juguler les activités de colons radicaux" qui multiplient les assauts contre des Palestiniens voire parfois contre l'armée israélienne.


L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah au Liban

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • "Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux
  • Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi matin avoir frappé dans la nuit plusieurs cibles du mouvement islamiste Hezbollah dans l'est du Liban, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

"Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant rester "engagée" dans le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement libanais.

Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée, qui dit avoir également frappé des installations "à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban".

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien.

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah avaient débuté le 8 octobre 2023 au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas, allié du mouvement libanais, contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

 


Liesse à Ramallah à l'arrivée des prisonniers palestiniens libérés

A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
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  • Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration
  • Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes

RAMALLAH: Agitant des drapeaux et tirant des coups de feu en l'air, des milliers de Palestiniens en liesse ont accueilli les prisonniers libérés par Israël à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Pour ce troisième échange d'otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a organisé l'accueil et seuls les drapeaux jaunes du parti Fatah de M. Abbas étaient visibles au départ.

Mais à l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration. Plusieurs Palestiniens ont scandé des slogans pro-Hamas et d'autres ont agité le drapeau vert du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes.

Selon Amin Shuman, chef du comité chargé des affaires des prisonniers palestiniens à Ramallah, 66 sont arrivés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 21 ont été expulsés, 14 ont été transféré à Jérusalem-Est et neuf à Gaza.

Ils ont tous été libérés en échange de trois Israéliens enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et retenus depuis à Gaza.

Après plusieurs heures d'attente, la foule a fait exploser sa joie à la vue des bus affrétés par la Croix-Rouge internationale.

"Où est papa?" 

"Où est papa?" En larmes, Raghda Nasser, 21 ans, s'est faufilée dans la foule pour atteindre son père, Hussein Nasser, qu'elle serrait dans ses bras pour la première fois.

Hussein Nasser avait été emprisonné alors que sa femme était enceinte il y a 22 ans, pour des motifs que Raghda n'a pas révélés. Elle et sa sœur Hedaya, 22 ans, ont enlacé leur père qui pleurait avec elles.

Quelques heures avant sa libération, Raghda Nasser a raconté à l'AFP qu'elle venait de lui rendre visite en prison "derrière la vitre".

Elle et sa soeur avaient quitté tôt le matin leur village près de Naplouse (nord) pour venir à Ramallah. Pour l'occasion, elles ont porté des robes noires traditionnelles palestiniennes avec des motifs rouges finement cousus.

Etudiante en littérature anglaise, Raghda Nasser a dit avoir de la chance car son père serait présent pour sa remise de diplôme dans quelques mois.

Porté en triomphe 

Parmi les prisonniers libérés jeudi, figurent Mohammad Abou Warda qui purgeait 48 peines de prison à vie et Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah.

Drapeau palestinien autour du cou, souriant et faisant le V de la victoire, Zakaria al-Zoubeidi a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus l'ayant emmené de la prison militaire israélienne d'Ofer en Cisjordanie.

L'ex-détenu qui portait toujours son survêtement gris de prisonnier, a embrassé des bébés et serré la main des gens.

Plus d'une heure après l'arrivée des bus, la foule a commencé à se disperser dans la nuit alors que les familles ramenaient leurs proches libérés à la maison, au milieu d'une parade de scooters klaxonnant joyeusement.

 


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.