CASABLANCA: Le gouvernement algérien vient d’annoncer une hausse de son budget militaire. Une hausse qui voit double, puisque ce budget passera d’une moyenne annuelle de 10 milliards de dollars à 22,7 milliards de dollars (un dollar = 0,2 euros).
L'Algérie, qui faisait déjà partie des 30 premiers budgets militaires au monde, devra cependant attendre novembre pour que cette augmentation soit inscrite dans la loi de finance de 2023.
Selon le texte de loi, le budget du secteur de la défense nationale est divisé en trois axes: «défense nationale», «soutien logistique et multiforme» et «administration publique». Et ce sont les budgets de la défense nationale et celui de l’administration publique qui se partagent la part du lion, avec 8,5 milliards de dollars chacun.
Selon le journaliste algérien Akram Kherief, spécialiste des questions de sécurité et de défense, contacté par le site en ligne Maghreb Emergent, cette hausse s’explique en partie par «certains équipements de l’armée qui ont atteint leur période de validité, ce qui nécessite leur renouvellement», par «l’octroi de transferts sociaux, qui devraient augmenter pour les militaires comme pour les civils», ainsi que par la crise financière qu’a subi le Trésor public en raison de la baisse des revenus en hydrocarbures au cours des années précédentes. «Cela a retardé la mise en œuvre de nombreux programmes et projets et qui devraient être couverts par le budget 2023», affirme le journaliste. Des explications qui restent toutefois insuffisantes pour justifier une hausse aussi faramineuse.
La hausse des prix des hydrocarbures due à la guerre en Ukraine permet à l'Algérie de couvrir ces dépenses, le prix du baril étant passé de 23 dollars en 2020 à 94 dollars en 2023. Il est à noter que plus de 60% du budget de l’État algérien dépend des ressources d'exportation du gaz et du pétrole.
L'Algérie est empêtrée dans une guerre froide qui ne dit pas son nom avec son voisin marocain. Une guerre diplomatique qui partage les deux États d’Afrique du Nord sur le Sahara. Le Maroc revendique sa souveraineté sur ce territoire, alors qu’Alger soutient le Front Polisario, mouvement politique et armé sahraoui.
De son côté, et pour la première fois de l'histoire du Royaume, le budget des forces armées dépasse la barre des 4,3 milliards de dollars. Le Maroc s'est par ailleurs fourni en drones et missiles auprès de la Turquie et de la Chine. Plus important encore, le Maroc s’est rapproché de Tel Aviv et a donc scellé des relations militaires solides, en signant un accord de sécurité avec Israël, pays reconnu mondialement pour la technologie de pointe utilisée dans son armement.