«Tellement jeunes»: Un village turc endeuillé pleure les mineurs d'Amasra

Des centaines de personnes sont venues des villages voisins et écoutent l'imam célébrer les obsèques des jeunes victimes (Photo, AFP).
Des centaines de personnes sont venues des villages voisins et écoutent l'imam célébrer les obsèques des jeunes victimes (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 16 octobre 2022

«Tellement jeunes»: Un village turc endeuillé pleure les mineurs d'Amasra

  • Le village d'Ahatlar célèbre les funérailles de trois de ses jeunes hommes, tués dans le coup de grisou qui a frappé la mine d'Amasra voisine
  • Selon les autorités, 58 mineurs ont survécu à l'explosion et 28 ont été blessés, certains grièvement

AHATLAR: Assis sur les marches de sa maison qui domine la Mer Noire, dans le nord-ouest de la Turquie, le père d'un jeune mineur dont l'épouse attend des jumeaux reçoit dimanche les condoléances des voisins.

Le village d'Ahatlar célèbre les funérailles de trois de ses jeunes hommes, tués dans le coup de grisou qui a frappé la mine d'Amasra voisine vendredi soir faisant 41 morts.

"Mon fils est parti, c'est fini, Je suis effondré", marmonne Kemal Yildirim. Saban avait tout juste la vingtaine.

"Ce sont des amis qui m'ont porté la nouvelle (de l'accident) et nous avons aussitôt foncé au puits. Il est l'un des derniers à avoir été sorti, à 7H00 le lendemain matin".

Un proche a accroché des drapeaux devant la maison, le gouvernement dont plusieurs ministres ont accouru ayant qualifié les victimes de "martyrs de la mine".

Saban avait rejoint la compagnie minière publique Turkish Hard Coal Enterprise en 2019 en sortant de l'université. Sa femme attend leurs premiers enfants.

Leurs chaussures empilées sur le perron, les femmes en foulard se serrent dans une pièce de la maison. Dehors, les hommes se tiennent debout sous une bâche bleue à l'abri de la pluie.

Des centaines de personnes sont venues des villages voisins et écoutent l'imam célébrer les obsèques des jeunes victimes.

L'épouse de Saban étreint son cercueil couvert du drapeau national rouge et de son portrait.

"Prenez moi, pas lui", pleure le père qui peut à peine respirer.

«Une odeur de gaz»

Selon les autorités, 58 mineurs ont survécu à l'explosion et 28 ont été blessés, certains grièvement, dans l'explosion qui semble due à un coup de grisou, lui-même déclenché par l'accumulation de méthane dans les galeries.

Selon son père, Saban avait rapporté à sa femme que "la mine sentait le gaz depuis une dizaine de jours".

Des propos similaires ont été tenus samedi par la sœur d'un autre mineur décédé, devant le président Recep Tayyip Erdogan et sous l’œil des caméras.

Le chef de l'Etat se trouvait dans le village proche de Makaraci qui a perdu quatre jeunes gens dans l'explosion pour assister à leurs funérailles.

"Président, mon frère savait, il a parlé d'une fuite de gaz il y a dix ou quinze jours", l'a apostrophé la femme. "Ca va nous faire sauter, il disait. Comment on a pu laisser courir une négligence pareille ? Ca va sauter, il répétait, il le savait".

Après un court silence, le président a juste répondu: "Désolé pour votre perte. Qu'Allah vous donne patience".

«la volonté de dieu»

Un proche de la famille Yildirim rapporte que les jeunes victimes du village avaient commencé à la mine depuis peu.

"Ils étaient tous de jeunes fils. Des mineurs depuis trois ou quatre ans seulement. C'est si triste".

La mine, poursuit-il, est un métier difficile.

"C'est dangereux, ça provoque des tas de maladies... Mais que pouvaient-ils faire? C'est leur gagne-pain".

Le chef de l'Etat a déclenché un malaise en évoquant samedi un coup du destin.

"Nous sommes un peuple qui croit au destin" a-t-il déclaré, entouré de mineurs rescapés et endeuillés, ajoutant que "de tels (accidents) se produiront toujours. Nous devons nous en souvenir".

L'opposition a dénoncé ces propos: l'un de ses principaux leaders, Kemal Kilicdaroglu, qui a également suivi plusieurs funérailles à Amasra, a rappelé que l'Etat est responsable de la sécurité de ses citoyens.

Des manifestants rassemblés à Istanbul samedi soir ont scandé "ce n'est pas un accident, c'est un massacre".

Même écho, sur Twitter, d'Emin Koramaz, le responsable de la Chambre syndicale des ingénieurs et architectes. "Si vous envoyez des mineurs à des centaines de mètres sous terre sans prendre les précautions nécessaires, sans mener d'inspection ni assurer les conditions de sécurité, vous ne pouvez pas parler d'un accident. C'est carrément un meurtre".

Mais l'imam retraité du village d'Ahatlar, Halit Aydin, est d'accord avec Erdogan. Ces morts, dit-il, c'était "la volonté de Dieu".


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com