Comment Raqqa, autrefois capitale syrienne du califat de Daëch, a retrouvé son éclat culturel arabe

Au Centre culturel et artistique de Raqqa, une peinture murale présente les vêtements traditionnels des différents groupes ethniques de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)
Au Centre culturel et artistique de Raqqa, une peinture murale présente les vêtements traditionnels des différents groupes ethniques de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)
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Publié le Dimanche 16 octobre 2022

Comment Raqqa, autrefois capitale syrienne du califat de Daëch, a retrouvé son éclat culturel arabe

  • La statue de l’ancêtre culturel de Raqqa, Haroun al-Rachid, qui avait été détruite par Daëch, a été remplacée devant une foule de spectateurs début septembre, symbolisant le lent mais inexorable retour aux sources de la ville
  • Bien que la ville ait été détruite six fois au cours de sa longue histoire, bon nombre de ses sites historiques séculaires témoignent encore de son importance

RAQQA, Syrie: Cela fait cinq ans maintenant que les Forces démocratiques syriennes ont hissé leur drapeau sur la place principale de Raqqa, qui, pendant quatre ans, était la capitale autoproclamée de Daëch. Les rues et les places de la ville ont été le théâtre d’horribles atrocités – passages à tabac, tortures, décapitations et autres actes ignobles.

Les médias internationaux, qui ont retenu leur souffle en regardant l’opération de libération de Raqqa, ont presque immédiatement déserté les lieux, une fois la ville libérée de l’emprise du groupe terroriste, laissant à nouveau les gens seuls dans les décombres de leur ancienne grande ville.

Cependant, l’essor culturel a trouvé un chemin au milieu des ruines. Des groupes d’écrivains, d’artistes et d’intellectuels mettent tout en œuvre pour restaurer la culture de Raqqa, malgré la page sombre laissée par Daech.

La région qui entoure Raqqa est habitée depuis le troisième millénaire avant J.-C. Elle a acquis une certaine notoriété lorsque le calife abbasside Haroun al-Rachid, lui-même amoureux de la culture et de la tradition, a choisi la ville comme résidence impériale en 796 après J.-C.

Bien que la ville ait été détruite six fois au cours de sa longue histoire, bon nombre de ses sites historiques séculaires témoignent encore de son importance.

Lorsque le groupe Daëch est entré par effraction à Raqqa en 2014, déclarant que la ville était sa capitale, la communauté artistique et culturelle locale a immédiatement été prise de panique.

«L’arrivée des groupes armés a conduit à la dissolution de notre groupe. Nous ne pouvions plus ni chanter ni faire quoi que ce soit d’autre. J’ai même été arrêté deux fois par Daëch», déclare le chanteur traditionnel Melek Mohammed al-Saleh à Arab News.

«Les militants ont dit que je ce que je faisais était de l’ordre du blasphème, haram et l’œuvre de Satan», dit-il, le regard perplexe.

La statue récemment restaurée du calife Haroun al-Rachid, l’un des ancêtres de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)
La statue récemment restaurée du calife Haroun al-Rachid, l’un des ancêtres de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)

M. Al-Saleh ajoute sur un ton plus sérieux: «Ils sont venus anéantir notre culture. Ils ont détruit notre musée. Ils ont rasé toutes nos antiquités.»

«Ils ont été envoyés pour éliminer l’histoire de cette ville et de ce pays, parce qu’eux-mêmes n’ont pas d’histoire. Ils n’ont pas d’opinions ou d’objectifs. Ils n’ont que la destruction pour seul but.»

M. Al-Saleh a eu une carrière remarquable de chanteur traditionnel pendant des décennies. De retour dans sa ville natale de Raqqa depuis Alep dans les années 1990, il a créé un groupe musical de sept membres appelé Njoom. Le groupe faisait des tournées non seulement dans le gouvernorat de Raqqa, mais dans l’ensemble de la Syrie, se produisant lors de mariages et de festivals culturels.

Lorsque Daëch est arrivé, la culture et le patrimoine de la ville ont été attaqués. Tous les centres culturels ont servi de départements pour les différents bureaux de Daëch. Ils ont saisi les instruments de musique dans les maisons et les ont brisés. Ils ont détruit des cassettes, des CD et des téléviseurs. Les mariages, autrefois des événements joviaux accompagnés de musique et de danse à Raqqa, sont devenus beaucoup trop silencieux et solennels.

Daëch a interrogé M. Al-Saleh, lui disant qu’il avait «oublié Dieu» et a même menacé de le décapiter. Le groupe a cependant été surpris de découvrir que M. Al-Saleh était un musulman pieux qui savait beaucoup de choses sur la foi islamique. «J’ai passé douze heures avec eux. J’ai eu des discussions religieuses avec eux. Ma foi était forte, mais pas la leur. Ils se sont trompés», explique-t-il.

Il poursuit en disant: «Ils étaient choqués; ils m’ont demandé comment un chanteur pouvait savoir tant de choses sur la religion, parce que, selon eux, les chanteurs étaient des infidèles. Ils m’ont demandé de leur servir de juge.»

M. Al-Saleh a refusé de travailler pour le groupe et a finalement été libéré. Il a continué à chanter, mais en secret – les concerts musicaux de son groupe se déroulant la nuit dans des maisons privées, généralement avec un garde à l’extérieur à l’affût des patrouilles de Daëch.

Au moment où Raqqa se reconstruisait, les départements culturels de la nouvelle Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie ont commencé à chercher dans la ville les artistes restants. M. Al-Saleh a été nommé membre du Syndicat des artistes et exhibe fièrement sa carte d’identité syndicale.

Adepte de l’équitation et propriétaire de chevaux, Amer Medad pose ici avec l’un de ses chevaux arabes. (Photo AN/Ali Ali)
Adepte de l’équitation et propriétaire de chevaux, Amer Medad pose ici avec l’un de ses chevaux arabes. (Photo AN/Ali Ali)

Tous les membres de son ancien groupe musical sont morts ou ont quitté le pays. Il a donc créé un nouveau groupe comprenant onze membres. De plus, il enseigne à son fils les rudiments de la musique traditionnelle de Raqqa, «afin que la nouvelle génération n’oublie pas nos traditions».

«Depuis quatre ou cinq ans, nous mettons tout en œuvre pour redonner à notre culture son éclat, ou encore l’améliorer. Cela prendra beaucoup de temps, cependant», précise-t-il.

Daëch était à la fois en colère contre l’écriture libre et la musique traditionnelle. Mohammed Bachir al-Ani, un poète de Deir Ez-zor, a été exécuté avec son fils pour «blasphème». De nombreux écrivains ont été contraints de fuir, dont l’écrivaine originaire de Raqqa, Fawziya al-Marai.

«En voyant ma ville totalement détruite, j’ai eu l’impression que ma tête allait exploser. Tout était en ruine», confie l’écrivaine à Arab News, en se remémorant son retour à Raqqa après avoir vécu en Turquie lorsque sa ville était sous l’occupation de Daëch.

« Ce n’est pas uniquement la ville qui a été détruite. Tout à l’intérieur de moi a été détruit», affirme-t-elle. «J’ai perdu tout ce que j’avais de plus beau dans ces ruines.»

Cette écrivaine prolifique de 74 ans compte à son actif plus de dix recueils de poésie et de nouvelles depuis qu’elle a commencé à écrire à la fin des années 1990.

La plupart de ses écrits s’inspirent des traditions de Raqqa – en particulier les robes et le folklore des femmes arabes – et du fleuve Euphrate. Elle a assisté à des festivals littéraires plusieurs fois par an, rencontrant de célèbres poètes syriens comme Nizar Qabbani et Abdal Salam al-Ujayli, originaire de Raqqa.

Quand Daëch a attaqué la ville, «je me suis enfuie. Si j’étais restée, ils m’auraient tuée. Ils me cherchaient par mon nom», dit-elle.

Inauguration de la statue du calife Haroun al-Rachid, précédemment détruite par Daëch, dans l’un des parcs de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)
Inauguration de la statue du calife Haroun al-Rachid, précédemment détruite par Daëch, dans l’un des parcs de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)

Ses livres, qu’elle appelait ses enfants, ont tous été brûlés par le groupe terroriste. «J’avais vingt-cinq à cinquante exemplaires de chaque livre et, quand je suis revenue, il n’en restait plus aucun», rapporte-t-elle.

Ce ne sont pas seulement ses livres qui ont été détruits – mais toute la communauté intellectuelle qu’elle a passé des décennies à mettre en place. «Aucun de mes amis n’est resté. Ils ont tous fui et trouvé refuge en Europe», souligne-t-elle.

L’écrivaine était déterminée à participer à la reconstruction de la culture de sa ville bien-aimée. Devenue conseillère au sein du Département des arts et de la culture de l’administration autonome, elle organise désormais des salons littéraires réguliers dans le fushat hiwar (espace de conversation) de la ville pour lire et discuter littérature.

«Maintenant, nous organisons des festivals et des sessions de formation pour nos jeunes sur la façon d’écrire des histoires et de la poésie. Nous menons toujours des activités pour redonner à notre culture son éclat d’antan. Nous saisissons toujours l’occasion de dire aux jeunes que l’avenir est entre leurs mains», indique-t-elle.

Shahla al-Ujayli, la nièce d’Abdal Salam al-Ujayli, a perpétué la tradition littéraire de son oncle en écrivant plusieurs livres, dont un où le protagoniste participe à l’un des passe-temps culturels les plus célèbres de Raqqa: les courses de chevaux.

Pendant plus de mille ans, Raqqa était célèbre pour son patrimoine équestre. La race arabe unique de chevaux était utilisée comme moyen de travail, de transport et, éventuellement, comme symbole de statut.

«Le cheval était un symbole de la famille. Si une famille possédait un cheval, cela signifiait qu’elle était riche. Ensuite, c’est devenu une tradition culturelle, transmise des grands-parents aux parents puis aux enfants», déclare Amer Medad, propriétaire d’un cheval, à Arab News.

M. Medad estime que s’il y avait autrefois entre trois et quatre mille chevaux arabes d’origine à Raqqa, le nombre actuel n’est que de 400 environ.

Un artiste peint au Centre culturel et artistique de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)
Une artiste peint au Centre culturel et artistique de Raqqa. (Photo AN/Ali Ali)

Il se souvient qu’en 1983, le premier centre de courses hippiques de Raqqa a été créé. Il s’agissait d’une installation de fortune dans le jardin d’un propriétaire foncier local qui ne mesurait que mille mètres carrés environ. Un homme local issu d’une célèbre famille équestre a fait don de dix chevaux pour soutenir la création du premier club équestre.

L’équipe du club a commencé à s’entraîner et a finalement réussi à concourir au niveau national. C’était la plus pauvre parmi tous les gouvernorats syriens et n’avait que ses propres chevaux. Les participants se sont entraînés dans le désert plutôt que dans un hippodrome réglementaire. Comme ils n’avaient même pas plusieurs uniformes, ils ont été contraints d’ échanger entre eux un seul uniforme.

Malgré cela, les participants ont toujours remporté les médailles de bronze, d’argent ou d’or lors des compétitions. Leur talent était si inégalé qu’il aurait, selon M. Medad, attiré l’attention de Bassel al-Assad, le défunt frère de l’actuel président syrien Bachar al-Assad, qui était lui-même un champion équestre.

Bassel a financé la construction d’un hippodrome et d’installations équestres à Raqqa, qui a été achevée en 1989. L’équipe a participé à des courses à travers le monde arabe, notamment au Qatar, en Jordanie et en Égypte. Bien que la popularité des courses de chevaux ait finalement diminué, elles faisaient toujours partie de la culture traditionnelle locale. Tout cela a changé lorsque Daëch est arrivé dans la ville.

Daëch a détruit l’hippodrome, le parsemant de mines terrestres. Les combattants ont utilisé les installations de Raqqa comme lieu de détention de quatre mille chevaux volés, selon un travailleur local. «Ils ont volé les chevaux. Ils les utilisaient même pour se nourrir», soutient M. Medad. Il se remémore un incident au cours duquel un militant de Daëch a abordé l’un de ses amis pour acheter un cheval qu’il avait l’intention de manger.

L’écrivaine Fawziya al-Marai, 74 ans, tient une ancienne photo d’elle-même, avec une photo du regretté poète syrien Abdal Salam al-Ujayli en arrière-plan. (Photo AN/Ali Ali)
L’écrivaine Fawziya al-Marai, 74 ans, tient une ancienne photo d’elle-même, avec une photo du regretté poète syrien Abdal Salam al-Ujayli en arrière-plan. (Photo AN/Ali Ali)

M. Medad a demandé pourquoi le militant achèterait un si beau cheval juste pour le manger.

«Les militants de Daëch m’ont réprimandé, disant que je ne pouvais pas interdire ce que Dieu avait permis. Ils m’ont demandé de me rendre à leur tribunal. Je me suis enfui pendant quinze jours et, à ce moment-là, le militant qui voulait me poursuivre en justice a été tué et j’ai pu enfin rentrer chez moi.»

Cinq ans plus tard, l’hippodrome a été déminé et l’établissement a été reconstruit à 50%, selon M. Medad. On y a déjà organisé un festival local et il est prévu d’en organiser un autre à l’échelle nationale. C’est la première course de ce type à Raqqa depuis que Daëch a pris la ville, à la mi-octobre.

La statue de l’ancêtre culturel de Raqqa, Haroun al-Rachid, qui avait été détruite par Daëch, a été remplacée devant une foule de spectateurs début septembre, symbolisant le lent mais inexorable retour aux sources de la ville.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.