BEYROUTH: La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a appelé à l'élection rapide d'un nouveau président libanais après l'échec d'un second vote au Parlement pour choisir un successeur au président sortant, Michel Aoun.
Le Liban «ne peut aujourd'hui risquer une vacance du pouvoir», a déclaré Colonna à l'issue d'une brève visite dans le pays, exhortant les dirigeants à assumer leurs responsabilités.
L'élection du prochain président ne dépend que des Libanais, a-t-elle souligné, affirmant que la communauté internationale se réjouit de voir le processus électoral achevé.
Le peuple libanais doit choisir un président capable de le diriger et de travailler avec les pays régionaux et internationaux afin de surmonter la crise actuelle et assurer la stabilité et la sécurité du Liban, a signalé Colonna.
Colonna a rencontré Aoun, le président du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre intérimaire, Najib Mikati.
La visite du ministre est intervenue après que Aoun a officiellement approuvé la proposition américaine concernant la démarcation de la frontière maritime avec Israël.
Aoun a également annoncé le début du processus de rapatriement des réfugiés syriens, alors que l'on craint un vide présidentiel après la fin de son mandat le 31 octobre.
Le Parlement doit encore élire un nouveau président ou approuver les réformes exigées par la communauté internationale comme condition pour aider le Liban à sortir de son effondrement économique actuel.
Selon Colonna, l'accord historique conclu entre le Liban et Israël sur la démarcation des frontières maritimes ne doit pas éclipser les réformes, qui restent une priorité.
Après l'approbation du Liban, elle a déclaré que la compagnie gazière française TotalEnergies commencerait à vérifier la qualité du pétrole existant dans les eaux libanaises et s'assurerait que l'ensemble du processus se déroule sans heurts.
Colonna a prévenu que l'accord que le Liban a signé en avril avec le Fonds monétaire international doit être mis en œuvre.
«C'est la seule option pour envoyer un message de confiance aux investisseurs et apporter les financements dont le Liban a besoin.»
Elle a souligné: «Il est inacceptable que le peuple libanais continue à endurer les conséquences d'une crise dont il n'est pas responsable. Nous soutiendrons et aiderons les Libanais tant qu'ils s'aideront eux-mêmes.»
Colonna a réitéré: «La mise en œuvre des réformes nécessaires et le respect des délais constitutionnels constitueront un message positif pour les pays qui souffrent à leur tour de crises bien connues, afin qu'ils puissent entamer des aides.»
«D'où l'importance du rôle du Parlement dans l'approbation des lois de réforme nécessaires.»
Les messages relayés par Colonna, qui émanent selon elle du président Emmanuel Macron, portent également sur les enquêtes bloquées liées à l'explosion du port de Beyrouth.
«Cela fait plus de deux ans et les Libanais attendent toujours la justice, loin de toute influence politique.»
Colonna a affirmé que le peuple libanais «est capable de s'unir quand il le veut et après l'élection d'un nouveau président, il y aura un gouvernement qui fonctionnera pleinement».
Le président Macron exhorte tous les pays amis à aider le Liban, a indiqué la ministre.
Elle a révélé que l'UE était en mesure de lever des fonds afin d’aider les réfugiés syriens, car leur déplacement est une tragédie humaine qui touche le Liban. Elle a aussi révélé que la clé de cette situation est liée à l'amélioration de la situation en Syrie.
Au cours des entretiens, le président Aoun a demandé à Colonna le soutien de la France pour aider les plus de 2 millions de réfugiés syriens vivant actuellement au Liban à rentrer dans leur pays.
«Ils vivent dans des conditions difficiles en raison de l'incapacité du Liban à assurer leurs besoins nécessaires, en plus des cas de choléra qui ont apparu récemment dans certains camps de réfugiés, sans mentionner les problèmes économiques, de subsistance et de sécurité causés par ce nombre énorme de personnes déplacées», a expliqué Aoun.
Aoun a souligné le rejet catégorique par le Liban de l'installation de réfugiés au Liban à cause des conséquences négatives qu'elle entraînerait pour les peuples syrien et libanais.
Dans une déclaration publiée vendredi, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué l'accord conclu sous médiation américaine sur la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël.
Le porte-parole de Guterres, Stéphane Dujarric de la Rivière, a affirmé que le Secrétaire général «croit que ce développement encourageant peut favoriser une stabilité accrue dans la région et renforcer la prospérité des peuples libanais et israélien».
Guterres a souligné l'engagement continu de l'ONU à aider les deux pays et à soutenir la mise en œuvre effective de la résolution 1701 du Conseil de sécurité et d'autres résolutions pertinentes qui restent essentielles à la stabilité de la région, a-t-il mentionné.
Dans la nuit de jeudi, le président Aoun a annoncé que le Liban acceptait d'adopter la formulation finale élaborée par le médiateur américain pour délimiter les frontières maritimes sud.
S'adressant aux Libanais, il a déclaré: «Ce résultat n'aurait pas été atteint sans l'unité et la solidité de la position libanaise qui a résisté à toutes les pressions, n'a fait aucune concession substantielle et ne s'est engagée dans aucune forme de normalisation.»
Aoun a ajouté: «La prochaine étape devrait être de tenir des pourparlers fraternels avec la Syrie de manière à résoudre le problème de la zone maritime contestée, qui s'étend sur plus de 900 km² et revoir les frontières tracées avec Chypre et décider de ce qu'il faut faire à l'avenir.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com