RAMALLAH: Le nord de la Cisjordanie occupée a de nouveau été le théâtre de violences vendredi: deux Palestiniens ont été tués lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine, et quelques heures plus tard un Palestinien a tiré vers une colonie avant d'être abattu par des soldats.
L'armée israélienne a indiqué avoir mené vendredi matin une opération dans le camp de réfugiés de Jénine, ville palestinienne du nord de la Cisjordanie, durant laquelle ses soldats ont essuyé des tirs à balles réelles par des "suspects armés".
Les forces israéliennes "ont riposté à balles réelles", a ajouté l'armée, précisant que des personnes touchées avaient été "identifiées".
Abdallah Al-Ahmad, un médecin blessé à la tête par une balle tirée par des soldats israéliens devant l'hôpital de Jénine, a succombé, a indiqué le ministère de la Santé palestinien.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a condamné un "meurtre" survenu, selon lui, alors que le médecin tentait de porter secours à un autre Palestinien touché par balle.
Ce dernier, identifié comme étant Mateen Debaya par le ministère, est également mort, a rapporté le ministère.
La branche armée du mouvement Fatah a indiqué que le médecin était un "commandant" du groupe, tué lors "d'affrontements armés" avec les forces israéliennes.
L'armée israélienne a indiqué que lors de son opération, un membre du mouvement islamiste armé Hamas, Diaa Salama, "responsable d'attaques récentes contre les forces de sécurité et (qui) en planifiait d'autres", avait été arrêté.
Plusieurs autres personnes ont été interpellées vendredi à Jénine et ailleurs en Cisjordanie, selon l'armée.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, 66 personnes ont été blessées dans la région de la ville palestinienne de Naplouse lors de ces opérations.
Peu de temps après leur mort, les dépouilles d'Abdallah Al-Ahmad et de Mateen Debaya ont été transportées à travers Jénine lors de funérailles auxquelles ont notamment participé des hommes armés.
"Le sang de nos martyrs alimentera une nouvelle Intifada (soulèvement palestinien, ndlr)", a affirmé vendredi le mouvement Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza.
Quelques heures plus tard, dans la soirée de vendredi, un Palestinien a été tué par des soldats après avoir tiré en direction de la colonie de Beit-El, au nord de Ramallah, dans le nord de la Cisjordanie.
Selon le ministère de la Santé palestinien, il s'agit de Qais Shajaeyah, 23 ans.
Selon l'armée, un habitant de la colonie qui se trouvait à l'extérieur de son domicile, a été légèrement blessé par les tirs du Palestinien. Ce dernier a été "tué par balles par des soldats israéliens qui se trouvaient dans le secteur".
L'armée a indiqué être à la recherche d'un deuxième suspect qui a réussi à fuir.
Opérations multiples
Les violences se sont accrues ces derniers mois dans le nord de la Cisjordanie occupée, notamment dans le secteur de Naplouse et Jénine, bastions de groupes armés où l'armée israélienne a multiplié les opérations dans la foulée d'attaques anti-israéliennes meurtrières en mars et avril.
Ces raids, souvent émaillés de heurts avec la population palestinienne, ont fait plus d'une centaine de morts côté palestinien, soit le bilan le plus lourd en Cisjordanie depuis près de sept ans, selon l'ONU.
Mercredi, un Palestinien de 18 ans a été tué par l'armée lors d'affrontements ayant éclaté dans le camp de réfugiés d'Al-Aroub, près de Hébron (sud), alors que des jeunes protestaient contre les opérations israéliennes.
Deux soldats israéliens ont également été tués ces derniers jours, provoquant une vaste chasse à l'homme et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, secteur occupé et annexé par Israël.
Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a affirmé jeudi que "les forces de sécurité resteront mobilisées tant que les terroristes et ceux qui les ont envoyés ne seront pas arrêtés", selon un communiqué.
La Cisjordanie est un territoire palestinien occupé depuis 1967 par l'État hébreu.