NEW YORK: L'Arabie saoudite a demandé jeudi que la milice Houthie, soutenue par l'Iran au Yémen, soit officiellement désignée comme groupe terroriste, qu'elle fasse l'objet d'un boycott international et que ses sources de financement soient bloquées.
Tout en réitérant son engagement envers les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre au Yémen, le Royaume a également déclaré qu’il se réservait le droit de se défendre si la milice reprenait ses attaques contre des cibles saoudiennes.
«Nous n'épargnerons aucun effort pour prévenir ces actes hostiles contre notre égard», a averti Abdelaziz al-Wasil, représentant permanent du Royaume auprès des Nations unies, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux derniers développements au Yémen, ravagé par la guerre.
La trêve, qui était en place depuis avril et avait été prolongée à deux reprises, a expiré le 2 octobre malgré les efforts diplomatiques intenses déployés afin de renouveler et prolonger l'accord.
L'échec de la prolongation du cessez-le-feu a été imputé à ce que les membres du Conseil ont décrit d’«exigences maximalistes supplémentaires» de la part des Houthis qui n'ont pu être satisfaites.
La dernière proposition que Hans Grundberg, envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, a soumise à toutes les parties avant l'expiration de la trêve comprenait une période de renouvellement de six mois, le paiement des salaires et des pensions aux fonctionnaires, la réouverture de certaines routes à Taïz et dans d'autres gouvernorats. En plus de l'ajout de nouvelles destinations pour les vols au départ de l'aéroport de Sanaa, l'entrée sans entrave des navires de carburant dans le port d’Al-Hodeïda, un engagement à libérer les détenus de toute urgence et le renforcement des mécanismes de désamorçage du conflit, sous les auspices du Comité de coordination militaire.
La période de renouvellement de six mois, plus longue que les prolongations précédentes de deux mois, a été conçue de manière à donner le temps d'entamer des négociations sur un cessez-le-feu indéfini, la reprise d'un processus politique inclusif et des questions économiques plus larges.
«J'apprécie la position du gouvernement du Yémen, qui s'est engagé à répondre positivement à ma proposition, et je regrette qu'Ansar Allah (le nom officiel des Houthis) ait présenté des exigences supplémentaires qui n'ont pu être satisfaites», a signalé Grundberg.
Il a exhorté toutes les parties à «faire preuve du leadership et de la flexibilité nécessaires pour parvenir à un accord étendu et élargi».
Réitérant sa «reconnaissance pour le soutien constant et inébranlable» du Conseil de sécurité, ainsi que celui de l'Arabie saoudite et d'Oman, Grundberg a indiqué que les réalisations et les avantages de la trêve ne devaient pas être sous-estimés.
Mise en œuvre après huit ans de conflit, la trêve a apporté la plus longue période de calme jamais observée au Yémen, au cours de laquelle il n'y a eu aucune opération militaire majeure et une diminution de 60% des victimes civiles a été notée.
La trêve a également permis la réouverture de l'aéroport de Sanaa, permettant ainsi à plus de 27 000 personnes de se rendre à l'étranger pour recevoir des soins médicaux, suivre des études ou faire des affaires. En outre, plus de 1,4 million de tonnes de carburant ont été livrées au port d’Al-Hodeïda pendant la période de la trêve, soit plus de trois fois la quantité acheminée pendant toute l'année 2021.
Des réunions en face à face, sous les auspices des Nations unies, des parties impliquées dans le conflit ont également eu lieu pour discuter du désamorçage des opérations militaires et de la réouverture des routes à Taïz et dans d'autres gouvernorats.
L'ambassadeur Al-Wasil a déclaré au Conseil de sécurité: «Nous avons tous été témoins, le 2 octobre, du rejet par la milice houthie de la proposition de Grundberg.
«Ce rejet n'a pas été une surprise pour ceux qui connaissent la nature de cette milice terroriste extrémiste qui a pris en otage le peuple yéménite, contrôle son destin et expose des générations entières de Yéménites aux risques de la guerre et des conflits armés, mettant au premier plan leurs intérêts idéologiques extrémistes.
«Par conséquent, les menaces à la paix et à la stabilité dans la région et au Yémen persistent et entravent un règlement pacifique dans ce pays», a-t-il ajouté.
L'envoyé saoudien a affirmé qu'un groupe qui rejette une proposition de paix, entrave les efforts internationaux visant à réparer le pétrolier Safer en détresse qui menace de provoquer une catastrophe écologique sans précédent en mer Rouge, pose des mines et fait du trafic d'armes illégales, confisque des cargaisons de fournitures humanitaires et cible les infrastructures des pays voisins par des attaques de drones «n'est pas un groupe pacifique et ne se soucie pas des souffrances du peuple yéménite. Il s'agit d'un groupe terroriste aux termes de la résolution 2624 du Conseil de sécurité».
Al-Wasil a ajouté: «Bien que les propositions de prolongation de la trêve puissent, d'une certaine manière, être partiellement en faveur des Houthis, le Conseil de sécurité les a acceptées pour le bien du peuple yéménite. La communauté internationale a salué cette avancée. Mon pays a également soutenu les efforts de l'envoyé spécial pour parvenir à la trêve – avec d'autres pays et membres de la coalition, les États-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays – tout cela afin d’aboutir à une solution d'accord politique global au Yémen.
«Mais rappelons que la milice houthie avait déjà violé la trêve à plusieurs reprises. Elle a refusé de verser les revenus des pétroliers sur le compte spécial destiné à payer les salaires des employés de la fonction publique. Les Houthis ont également organisé des parades militaires à Al-Hodeïda, ce qui constitue une violation flagrante de l'accord de Stockholm. Ils continuent aussi à assiéger Taïz.
«Alors que nous sommes à court d'efforts – les milices houthies rejettent tout effort pour parvenir à un règlement pacifique, s’obstinant à défier la cause de la paix et de la stabilité au Yémen. Il incombe à la communauté internationale, et au Conseil de sécurité en particulier, de réévaluer ce groupe extrémiste qui prend l'avenir du Yémen en otage.»
Richard Mills, représentant permanent adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, a déclaré: «Il est de notre responsabilité, en tant que Conseil de sécurité, d'expliquer clairement pourquoi le Yémen s'est écarté du chemin de la paix: C'est à cause des actions des Houthis, qui n'ont pas accepté la proposition de trêve des Nations unies et dont les menaces incendiaires à l'encontre des entreprises commerciales sont une offense pour l'ensemble de la communauté internationale.
«Ce sont les Houthis qui doivent agir afin d’éviter de nouvelles souffrances et permettre aux Yéménites de bénéficier d'avantages encore plus importants dans le cadre d'un accord de trêve élargi. Ils ont la responsabilité morale de ne pas priver les Yéménites de ces avantages, notamment le paiement des salaires des infirmières et des enseignants et des dizaines de milliers d'autres fonctionnaires qui n'ont pas été payés depuis des années», a précisé Mills.
Tout en se félicitant des «engagements du gouvernement yéménite et de l'Arabie saoudite à maintenir les termes de la trêve et à faire preuve de retenue pendant cette période sensible», l'envoyé américain a imploré les Houthis de faire de même.
Mills a également salué «l’engagement ferme des partenaires régionaux tels qu’Oman, l'Arabie saoudite et d'autres dans le but de mettre fin au cycle ravageur de la destruction au Yémen et pour apporter de nouvelles opportunités à ce pays».
Il a exhorté les Houthis à «cesser leur rhétorique menaçant la navigation commerciale et les compagnies pétrolières de la région. De telles menaces sont inacceptables et même un petit incident ou une provocation pourrait avoir un impact démesuré sur l'avenir du Yémen.»
Mills a appelé les Houthis à faire face à la «décision historique» qu'ils doivent prendre, la décrivant comme «une décision qui restera dans les mémoires des générations à venir: Ont-ils, lorsqu'ils en ont eu l'occasion, choisi la paix et la prospérité pour leur peuple ou ont-ils choisi de poursuivre un cycle de destruction inutile, de violence incessante et de privation économique qui a frappé le Yémen au cours des huit dernières années?»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com