Souad Massi: «Si nous perdons notre humanité, nous serons perdus»

Le nouvel album de Souad Massi s’inspire de la déesse gallo-romaine Sequana. (Photo fournie)
Le nouvel album de Souad Massi s’inspire de la déesse gallo-romaine Sequana. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 13 octobre 2022

Souad Massi: «Si nous perdons notre humanité, nous serons perdus»

  • Souad Massi se confie avant son premier concert en Arabie saoudite à l’occasion de la sortie de son nouvel album exceptionnel, Sequana
  • Dans son dixième album studio enrichi de nombreuses collaborations internationales, la chanteuse franco-algérienne évoque en particulier les liens puissants qui nous unissent à la nature

DUBAÏ: Aux moments les plus sombres de la pandémie de Covid-19, Souad Massi se rendait à la rivière. L’eau l’inspirait, lui permettait de se sentir mieux dans sa peau et l’aidait à réfléchir. C’est là qu'elle a découvert Sequana, la déesse du fleuve de la Seine.

«Cela a été une découverte très étrange et merveilleuse pour moi», confie l’auteure-compositrice-interprète franco-algérienne. «Je ne savais rien d’elle, mais elle m’a inspiré. C’était une déesse de la guérison et c’est ce dont j’avais besoin pendant la pandémie. C’est ce dont nous avions tous besoin, je pense. J’ai été affectée comme beaucoup de monde. Nous vivions dans la peur et avions le temps de réfléchir. Beaucoup de choses m’ont inspiré à ce moment-là.»

 Sequana est la dixième album studio de Souad Massi et comprend un mélange éclectique de genres et d’ambiances. (Photo fournie)
Sequana est le dixième album studio de Souad Massi et comprend un mélange éclectique de genres et d’ambiances. (Photo fournie)

La déesse gallo-romaine a non seulement prêté son nom au nouvel album de Massi, mais également à la chanson-titre de l’album. Dans cette dernière, elle s’adresse directement à ses deux jeunes filles. «Je voulais leur dire que la vie est belle, que ce n’est pas grave si vous avez des problèmes, si vous avez peur de l’avenir, si vous ne savez pas quel métier vous voulez faire ou si vous avez du mal à communiquer avec les autres», explique Massi, qui est née dans la commune de Bab el-Oued, à Alger, et s’est installée à Paris en 1999. «C’est très dur pour elles. C’est pourquoi j’ai demandé à Sequana de m’aider et de me donner du courage, car je voulais donner de l’espoir à mes filles.»

Composé de onze chansons, dont neuf ont été écrites par Massi, Sequana est le dixième album studio de l’artiste et est un mélange éclectique de genres et d’ambiances. Le lancement de l’album, dont la sortie mondiale est prévue le 14 octobre, sera accompagné d’un concert sur la scène de Maraya à AlUla – ce sera la première fois que la chanteuse se produit en Arabie saoudite. Elle donnera également un concert au Barbican à Londres le 29 octobre, entamant ainsi un nouveau chapitre remarquable de sa carrière.

Souad Massi s’est forgée une réputation enviable depuis une vingtaine d’années. (Photo fournie)
Souad Massi s’est forgée une réputation enviable depuis une vingtaine d’années. (Photo fournie)

Autrefois membre du groupe de hard rock Atakor, basé à Alger, la chanteuse s'est forgée une réputation enviable ces vingt dernières années. Réputée pour la puissance de sa voix et la poésie de ses textes, elle a sorti son premier album solo, Raoui, en 2001 et n’a cessé depuis de séduire les spectateurs du monde entier.

Dans Sequana, ses chansons s’articulent autour des causes qui lui tiennent à cœur, de l’amour et l’exil à l’importance des relations humaines. L’album est une continuation de ce que Massi a toujours considéré comme son principal atout: une détermination sans faille à s’exprimer sur ce qui lui tient le plus à cœur. «Je parle des relations humaines, de l’importance de l’empathie et de l’amour», précise-t-elle. «Je comprends que nous sommes fragiles, mais si nous perdons notre humanité, nous serons perdus.»

Le premier single de l’album, Dessine-moi un pays, est sorti en juin, et bien qu’il tourne autour des souvenirs de son pays perdu, il s’inspire en même temps des déplacements plus récents des Syriens et des Afghans. Cependant, c’est la nature qui occupe le devant de la scène dans cet album. Dans le dossier de presse qui accompagne sa sortie, Massi souligne que «ce que nous devons toujours maintenir, quoi que la vie nous apporte, c’est notre lien avec la nature, d’abord pour la beauté qu’elle offre, mais aussi pour sa maîtrise de l’art de la résilience».

La couverture de l’album montre également Massi avec deux marguerites délicatement posées sur ses paupières, représentant ce qu’elle considère comme un symbole de résistance. «Notre planète est magnifique et je veux me tenir aux côtés des personnes qui essaient de la protéger et de se battre pour elle», dit-elle simplement.

La palette musicale qui accompagne ces thèmes est vaste. Massi est connue pour sa générosité en matière de styles musicaux, incorporant le rock et le chaabi à un son par ailleurs acoustique. Dans Sequana, elle va encore plus loin, ajoutant le calypso, la chanson française et la bossa nova aux traditions musicales de son Afrique du Nord natale. Ce faisant, elle a créé un mélange de genres souvent hypnotique, en grande partie grâce au producteur anglais Justin Adams. Ayant travaillé avec des artistes comme Rachid Taha, Juldeh Camara, Tinariwen et Robert Plant, le producteur n’est pas étranger aux collaborations internationales réussies.

Dans la première chanson de l’album, Dessine-moi un pays, on retrouve une guitare acoustique de style kabyle, un quatuor de violons, et la jeune flûtiste syrienne Naïssam Jalal. Par ailleurs, le mandole (un instrument dont les cordes sont en métal et qui est proche de la mandoline) transforme Dib El Raba en un joyeux groove au tempo modéré. Le chanteur anglais Piers Faccini et l’auteur-compositeur-interprète Michel Françoise, qui a écrit les paroles d’Une seule étoile et de L’espoir, figurent parmi les autres collaborateurs de cet album dont le style est entièrement nouveau pour Massi.

«Comme vous le savez, j’ai grandi en Algérie et je me trouvais au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient», explique Massi, qui écoutait du chaabi et des chants des Kabyles (une ethnie berbère) dans son enfance. «Nous étions vraiment au centre de tout ça et c’était vraiment intéressant pour moi en tant qu’artiste, car j’ai écouté toute cette musique, j’ai beaucoup voyagé et j’ai fait de nombreuses rencontres», poursuit-elle.

«Lorsque Justin et moi avons discuté de mes chansons, des paroles et de mon inspiration, il m’a conseillé d’être naturelle et de suivre mon instinct. C’était donc simple. Je peux jouer de la musique traditionnelle et du rock, et j’ai une base classique, alors pourquoi me limiter? Je ne veux pas me limiter. Je veux être libre comme je le suis dans la vie, et je souhaite traduire ça dans ma musique.»

La musique folk et la guitare – deux éléments caractéristiques de la musique de Souad Massi – demeurent des composantes centrales de Sequana. Selon la chanteuse, ce sont elles qui fournissent le type d’intelligence nécessaire pour transformer la douleur en chanson et qui occupent une place importante dans les titres Sequana et Dib El Raba.

Souad Massi se produit lors du concert des gagnants des Radio 3 Awards For World Music à la Carling Brixton Academy, le 7 avril 2006, à Londres. (Getty Images)
Souad Massi se produit lors du concert des gagnants des Radio 3 Awards For World Music à la Carling Brixton Academy, le 7 avril 2006, à Londres. (Getty Images)

«La musique folk était mon premier amour, et je suis une de ces personnes qui ont besoin d’une histoire, qui ont besoin de comprendre, de vivre une chanson grâce à ses paroles», confie Massi, fan de Bob Dylan et de Joan Baez. «Les premières chansons folk étaient interprétées par une seule personne avec une guitare. Les chanteurs parlaient de leur douleur, des difficultés de la vie, de l’oppression, des chagrins d’amour. La musique accompagnait ce qu’ils voulaient dire. Lorsque les paroles sont riches et vraies, la musique devient plus puissante.»

C’est d’autant plus vrai dans la musique du chanteur folk chilien Victor Jara, à qui Massi dédie la dernière chanson de l’album. Inspiré des traditions populaires de son pays et par des compositeurs-interprètes comme Violeta Parra, Jara a écrit des chansons de protestation qui prônaient les réformes politiques et la justice sociale. Il a été torturé et exécuté par le régime d’Augusto Pinochet en 1973.

«J’admire cet homme qui est mort pour la liberté et pour qui j’ai beaucoup de respect. Quand j’ai découvert sa vie et l’histoire de sa mort, j’étais très triste, mais j’ai voulu transformer cette tristesse en quelque chose de concret. Je respecte énormément les personnes généreuses, qui ne se soucient pas de leur vie, sont bienveillantes, pensent aux autres et leur consacrent leur vie», affirme-t-elle. «La liberté est un cadeau pour les autres, et les personnes comme Victor Jara nous offrent ce cadeau», conclut la chanteuse.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.


Des artistes français présentent une expérience artistique envoûtante à Djeddah

Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
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  • «C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent»
  • «Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager»

DJEDDAH: L’artiste Paul Marlier et la danseuse Jeanne Morel présentent une exposition d’art numérique interactive baptisée «ETH3R» au centre culturel de Djeddah, Hayy Jameel.

Les deux créateurs français exposent des œuvres immersives réalisées à partir des données biométriques de Jeanne Morel recueillies pendant qu’elle effectue des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur.

Ce mélange unique de technologie et de créativité a captivé le public en raison de la réflexion qu’il offre sur la réalité et du contraste saisissant qu’il présente avec la nature souvent banale de la vie quotidienne.

Dans une interview accordée à Arab News, Paul Marlier évoque le processus créatif qui est à l’origine de cette œuvre numérique. Il explique également comment ces productions sont inspirées par les données humaines et scientifiques qu’il a recueillies.

«C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent», déclare-t-il. «Cette expérience représente l’ADN du monde, la danse de nos âmes.»

«ETH3R présente des tableaux, mais aussi des installations dynamiques qui sont dérivées des données biométriques de ma femme, Jeanne Morel, qui danse dans des environnements divers et extrêmes, des profondeurs de l’océan jusque dans les hautes altitudes où s’entraînent les astronautes», poursuit-il.

Paul Marlier a fusionné ces données scientifiques sur la physiologie humaine avec d’autres informations comme la qualité de l’air, l’imagerie satellite et même des faits relatifs à la mer Rouge. «Ces œuvres d’art sont des empreintes émotionnelles qui rappellent des moments de grâce. Il s’agit d’un véritable travail de collaboration.»

Expliquant le processus, il précise: «Jeanne, équipée de capteurs semblables à un pinceau, est le catalyseur. Ses émotions lorsqu’elle danse sont traduites grâce à des codes en art numérique tel qu’on peut le voir dans les peintures. Nous explorons les thèmes de la fragilité, de la spiritualité et de l’unité inhérente entre l’homme et la nature – la danse universelle.»

«Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager. En recueillant une multitude d’informations de cette danseuse singulière, nous nous efforçons de matérialiser l’essence de la grâce», souligne Paul Marlier.

«La danse est le moyen d’exprimer ses émotions les plus profondes, de manière parfois plus simple qu’avec des mots», explique pour sa part Jeanne Morel.

«C’est l’allégorie de la vie. Elle me permet de rester vivante, connectée aux mouvements du monde. Nos corps sont constamment en train de danser, de bouger, sur cette terre qui elle-même danse autour du soleil et reste en équilibre grâce à la gravité», ajoute la danseuse.

À propos de leur première visite dans le Royaume, Paul Marlier livre cette observation: «Les gens sont très accueillants ici. La spiritualité et la poésie sont très présentes.»

«Nous admirons la spiritualité et l’ouverture d’esprit de ce pays pour tout ce qui touche l’art, notamment l’art numérique», ajoute son épouse.

«Observer des œuvres d’art qui dépassent les frontières a été un voyage envoûtant qui a captivé nos sens et a suscité l’émerveillement face à la fusion de l’art et de la technologie. Les démonstrations en direct et la danse ont été incroyablement relaxantes. Cela nous a permis de nous évader sereinement dans un autre monde, imaginaire», confie Walid Harthi, un passionné d’art.

L’exposition se tient jusqu’au 11 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com