PARIS: Gérald Darmanin s'est félicité mardi dans un entretien d'une baisse de 23% des vols avec violences dans les 20 département les plus criminogènes de France, en détaillant sa nouvelle stratégie de "saturation" de l'espace public, avec davantage de policiers et de gendarmes dans la rue.
Ces premiers résultats interviennent alors que le ministre de l'Intérieur défend à partir de ce mardi après-midi au Sénat le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) au Sénat qui doit permettre de répondre aux souhaits présidentiels de doubler d'ici à 2030 la présence des forces de l'ordre sur la voie publique.
Leur annonce survient au moment où le locataire de la place Beauvau est confronté à une crise sans précédent de la police judiciaire opposée à la réforme de cette filière.
Fin août, le ministre avait identifié 20 départements qui "concentrent 75% de la délinquance" et avait réclamé aux préfets une remontée hebdomadaire des chiffres de la délinquance.
"Je leur ai demandé une cartographie de la délinquance par heure et par quartier", a dit M. Darmanin, qui assure s'entretenir avec eux "chaque semaine".
Parmi ces départements figurent celui de Paris et ceux de l'Ile-de-France, le Nord, le Rhône, la Loire-Atlantique, les Bouches-du-Rhône et la Haute-Garonne.
Dans ces 20 départements, les résultats commencent à se faire sentir, a ajouté le ministre. Alors que les violences aux personnes étaient en hausse constante "depuis quatre ans", le nombre des vols avec violences y a baissé de 22,70% en septembre par rapport à septembre 2021.
Les violences dans les transports en commun ont elles reculé de 23,07% sur la même période, a ajouté Gérald Darmanin.
Selon le ministre, ces résultats sont à attribuer à un déploiement accru des forces de l'ordre dans la rue.
Patrouilles dans le métro
Pour intensifier cette "saturation de l'espace public", 90% des jeunes policiers "sortis d'école" sont dorénavant affectées à la sécurité publique, contre 50% jusqu'ici, a expliqué M. Darmanin.
Actuellement, onze unités de CRS sont sous l'autorité des préfets pour la sécurisation. Quatre unités existaient depuis plusieurs années à Lille, Lyon et deux à Marseille. Sept ont été créées récemment par Gérald Darmanin.
Dans la Lopmi, qui prévoit la création de 8.500 postes de policiers et gendarmes et 15 milliards d'euros supplémentaire au budget de l'Intérieur en cinq ans, 11 autres unités de ce type doivent être créées, en 2023-2024. Quatre unités de CRS seront implantées à Marseille, Chassieu, Nantes et Montauban. Et sept unités de gendarmes mobiles iront à Melun, Hyères, Joué-les-tours, Villeneuve d'Ascq, Dijon, Thionville, Lodève.
Pour ces unités, la consigne est la même que pour l'ensemble des forces de l'ordre: être visible dans la rue et patrouiller "à pied".
En guise d'incitation, le ministre a par exemple décidé de réduire "de 10% le budget carburant" des forces de l'ordre.
A Paris, qui concentre "22% de la délinquance", les "CRS et gendarmes redescendent dans le métro", s'est félicité Gérald Darmanin, en rappelant que "la plupart des agressions sexuelles" débutent ou ont lieu dans les transports en commun. Ces agents patrouillent "désormais à deux", contre trois habituellement, a-t-il dit.
Dans la capitale, où il y a aujourd'hui "plus de voitures brûlées qu'en Seine-Saint-Denis", les vols avec violences ont reculé de 34,56% par rapport à septembre 2021. Les violences dans les transports en commun ont elles baissé de 25,18%.
Jusqu'ici les forces de l'ordre avaient délaissé la rue, a regretté M. Darmanin, en l'expliquant par le "manque d'effectifs, à Paris notamment", les "rythmes horaires" pas adaptés à la mission et la mobilisation des agents pour des opérations de maintien de l'ordre, nombreuses ces dernières années, notamment en raison du mouvement des gilets jaunes.