L'influent homme politique chrétien libanais Gebran Bassil a condamné dimanche les sanctions que le Trésor américain lui a imposées, les qualifiant de représailles «injustes et politisées» pour son refus de couper les liens avec le Hezbollah.
Vendredi, M. Bassil, dirigeant du plus grand bloc politique chrétien du Liban et gendre du président Michel Aoun, a été mis sur liste noire par les Etats-Unis, qui l'accusent de corruption et d'entretenir des liens avec le parti chiite Hezbollah soutenu par l'Iran, considéré par Washington comme un groupe terroriste. M. Bassil, ciblé par les manifestations qui ont eu lieu au Liban contre une élite politique accusée de piller les ressources du pays, a rejeté les accusations de corruption formulées par les Etats-Unis. En outre, il a affirmé que ce sujet n'avait pas été abordé lors des conversations avec les responsables américains qui lui ont demandé de rompre ses liens avec le Hezbollah sous peine de sanctions. « Ces sanctions sont injustes ; je vais les contester et demander des dommages et intérêts », a-t-il déclaré dans un discours télévisé. « Les sanctions vont et viennent, mais compromettre la paix et l'unité nationale est un crime ».
M. Bassil, qui affiche des ambitions pour la présidence, est à la tête du Mouvement patriotique libre (CPL), créé par Aoun. Il a occupé les fonctions de ministre des Télécommunications, de l'Énergie et de l'Eau et des Affaires étrangères.
Le département du Trésor américain accuse M. Bassil d'être « à la pointe de la corruption au Liban ». Il a été sanctionné en vertu du Global Magnitsky Human Rights Accountability Act, qui cible les violations des droits de l'homme et la corruption dans le monde entier.
Un haut fonctionnaire américain estime que le soutien de Bassil au Hezbollah était « la motivation principale » derrière ces sanctions.
Le CPL est allié au Hezbollah, qui est désormais la force politique la plus puissante du Liban. Bassil, qui affirme que le Hezbollah est indispensable pour défendre le Liban, a réitéré qu'il ne « poignarderait aucun Libanais dans le dos».
Selon lui, les sanctions ne devraient pas retarder la formation d'un nouveau gouvernement pour affronter l'effondrement financier qui constitue la pire crise au Liban depuis la guerre civile de 1975-1990.
Par ailleurs, le Premier ministre désigné Saad Al-Hariri navigue dans la politique sectaire du Liban. Il cherche à former un cabinet qui puisse réaliser les réformes exigées par les donateurs extérieurs dans le but de lutter contre la corruption et le gaspillage et de débloquer l'aide internationale.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com