Loi sécurité: première étape en pente douce au Sénat

Une photo prise le 23 février 2022 montre une vue du Sénat français à Paris. (Photo par Alain JOCARD / AFP)
Une photo prise le 23 février 2022 montre une vue du Sénat français à Paris. (Photo par Alain JOCARD / AFP)
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Publié le Dimanche 09 octobre 2022

Loi sécurité: première étape en pente douce au Sénat

  • Gérald Darmanin, qui en attend «une transformation profonde» de son ministère, ne devrait pas rencontrer de difficultés majeures pour cette première étape au Parlement
  • La Lopmi a été raccourcie de moitié par rapport à sa version initiale qui avait été transmise au Parlement avant l'élection présidentielle

PARIS: Le Sénat à majorité de droite reprend mardi son rythme de croisière, avec le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi), qui porte un effort financier de 15 milliards d'euros, dont la moitié pour le cyber et le numérique.

Gérald Darmanin, qui en attend "une transformation profonde" de son ministère, ne devrait pas rencontrer de difficultés majeures pour cette première étape au Parlement.

"Il n'y a pas de grand schisme entre le Sénat et le ministère", a déclaré à l'AFP le corapporteur LR Marc-Philippe Daubresse.

La Lopmi a été raccourcie de moitié par rapport à sa version initiale qui avait été transmise au Parlement avant l'élection présidentielle.

Elle ne comprend pas la réforme controversée de la police judiciaire qui rencontre actuellement l'hostilité de nombreux enquêteurs et magistrats. Mais le sujet pourrait néanmoins animer les débats.

Pour l'essentiel, le projet de loi prévoit 15 milliards d'euros supplémentaires de budget en cinq ans, dont la moitié pour les investissements numériques. Le budget 2023 pour l'Intérieur s'inscrit déjà dans cette perspective, avec une hausse annoncée de +6% par rapport à 2022, à 22 milliards d'euros.

Gérald Darmanin espère que "la marche technologique" sera "toutes proportions gardées, semblable à ce que le ministère des Armées a connu à la fin de la conscription et au début de l'armée de métier".

Le texte comprend des effectifs supplémentaires de forces de l'ordre, avec la création de 11 unités de forces mobiles et de 200 nouvelles brigades de gendarmerie.

L'objectif est de permettre, comme souhaité par Emmanuel Macron, un doublement de la présence des forces de l'ordre sur le terrain d'ici 2030.

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé une augmentation  dans le cadre de cette loi de "8 500 postes de policiers et gendarmes" en cinq ans, dont "3 000 dès 2023".

Il s'agit notamment de préparer les deux grands événements sportifs internationaux que va accueillir la France en 2023 (Coupe du monde de rugby) et 2024 (jeux Olympiques et Paralympiques de Paris).

Pour lutter contre la cybercriminalité, le projet de loi permet les saisies d'actifs numériques. Concernant les "rançongiciels" (comme la demande de rançon de 10 milliards de dollars au Centre hospitalier de Corbeil-Essonne, victime d'une attaque informatique), il conditionne le remboursement par les assurances au dépôt d'une plainte par la victime.

Il prévoit par ailleurs de réprimer plus sévèrement l'outrage sexiste et comporte plusieurs mesures de simplification de la procédure pénale.

Rodéos et refus d'obtempérer 

Parmi les modifications apportées en commission, les sénateurs ont adopté un amendement de M. Daubresse visant à "améliorer la réponse pénale sur trois enjeux essentiels: les violences faites aux élus, les refus d’obtempérer et les rodéos urbains".

Selon cet amendement, les peines encourues en cas d'agression contre un élu seraient alignées sur celles prévues pour les agressions contre les forces de l'ordre.

Le Code de la route serait modifié pour punir plus sévèrement le refus d'obtempérer d'un conducteur: la peine encourue passerait de deux à trois ans d’emprisonnement et le montant de l'amende doublé à 30 000 euros.

L'amendement prévoit enfin de réprimer spécifiquement les rodéos urbains "qui exposeraient autrui à un risque de mort ou de blessure de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente". Les peines encourues seraient alors de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende (contre un an de prison et 15 000 euros hors circonstances aggravantes).

Autre modification notable: les sénateurs ont mis un bémol à la généralisation souhaitée par le gouvernement de l'amende forfaitaire délictuelle (AFD) à l'ensemble des délits passibles de moins d'un an de prison.

Par un amendement du corapporteur Loïc Hervé (Union centriste), ils ont restreint l'application de l'AFD à une "liste positive" d'une dizaine de nouveaux délits comme les tags, le délit d'entrave à la circulation, l'usage injustifié du signal d'alarme dans les trains...

L'AFD s'applique aujourd'hui à 10 délits, sa généralisation en concernerait "3 400", explique M. Hervé.

A l'issue de la première lecture par le Sénat, un vote solennel sera organisé le 18 octobre, puis les députés plancheront à leur tour sur le texte amendé.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.