Zelensky discrédite les référendums russes, remercie le prince héritier pour l'échange de prisonniers

Zelensky s'adresse à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen, dans une interview exclusive réalisée par visioconférence sur Zoom depuis Kiev (Capture d'écran/Photo AN).
Zelensky s'adresse à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen, dans une interview exclusive réalisée par visioconférence sur Zoom depuis Kiev (Capture d'écran/Photo AN).
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Zelensky discrédite les référendums russes, remercie le prince héritier pour l'échange de prisonniers

  • Les menaces nucléaires du leader tchétchène Ramzan Kadyrov «ne doivent pas être prises au sérieux», déclare le président ukrainien
  • Les pays et entreprises arabes sont invités à investir et à contribuer à la reconstruction des villes et secteurs ukrainiens

RIYAD: Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a qualifié les référendums et les accords du président russe Vladimir Poutine reconnaissant officiellement l'annexion de territoires dans l'est de l'Ukraine de «coup de communication sanglant sur fond de victimes humaines».

«Je ne suis pas sûr du type de référendums qu'ils ont eu. Nous n'avons pas de tels référendums en Ukraine. Nous n'avons même pas de loi à cet effet», a déclaré Zelensky à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen, lors d'une interview exclusive par visioconférence sur Zoom depuis Kiev.

Les référendums organisés à Luhansk, Donetsk, Zaporizhzhia et Kherson ont vu une majorité écrasante voter en faveur de l'adhésion à la Fédération russe, dans un processus qui, selon de nombreux observateurs internationaux, a été truqué.

Zelensky a également réfuté les récentes déclarations de Poutine concernant des victoires majeures sur le champ de bataille. La semaine dernière encore, les forces ukrainiennes ont repris la ville orientale stratégique de Lyman, située dans l'une des quatre régions annexées par la Russie, ce qui a incité Moscou à annoncer le «retrait» de ses troupes vers des «lignes plus favorables».

«Ce qu'ils déclarent est clairement différent de ce qu'ils peuvent faire. Ils ont dit qu'ils occuperont notre territoire, notre nation. Mais en huit mois de guerre, je peux vous dire que nous avons regagné une autre ville, la ville de Lyman dans l'Oblast de Donetsk, exactement celle que la Russie a déclarée comme entièrement occupée il y a quelques jours», a affirmé Zelensky.

«Je peux assurer la Russie et le peuple russe que, contrairement à la Russie, nous ne sommes pas intéressés par les territoires russes. Nous sommes intéressés par notre territoire, par nos frontières fondées sur la reconnaissance internationale de 1991.»

La guerre en Ukraine a ébranlé la région et l'ordre géopolitique et économique mondial en raison des perturbations dans le commerce de l'énergie, de la hausse du coût du pétrole et du gaz et de la reconfiguration des chaînes d'approvisionnement.

Plus de six millions d'Ukrainiens ont fui vers les pays voisins. Les tensions diplomatiques se sont accrues, les pays étant contraints de choisir leur camp. La sécurité alimentaire mondiale suscite également des inquiétudes croissantes.

La nouvelle de l'annexion par Poutine de quatre régions ukrainiennes a inquiété une fois de plus les dirigeants du monde entier, car la guerre ne semble pas toucher à sa fin.

Pour Zelensky, trois éléments contribueront à la victoire ultime de l'Ukraine.

«Je pense que c'est une grande victoire pour n'importe quelle nation dans le monde lorsque son peuple est uni et que les gens sont capables de laisser de côté certaines petites querelles et divergences historiques. C'est très important», a-t-il déclaré.

«Une autre étape importante est que nous avançons contre la deuxième plus grande armée du monde, et nous sommes capables de montrer que la vraie force est dans l'unité, pas dans les armements.»

«La troisième victoire est que nous avons été capables d'unir l'Europe et le monde entier. Vous savez, avant, c'était plutôt chacun pour soi. Maintenant, nous voyons cette unification et nous voyons qu'il y aura beaucoup plus de défis également sur le plan international, et il y en aura davantage.»

Malgré la note d'optimisme de Zelensky, Moscou a juré de ne jamais abandonner ses zones nouvellement annexées et de les défendre avec tous les moyens disponibles. Ramzan Kadyrov, chef de la République tchétchène, est même allé jusqu'à suggérer l'utilisation d'armes nucléaires de faible puissance en Ukraine.

Zelensky a rejeté ces menaces, qualifiant Kadyrov de «terroriste qui n'a même pas été élu par son propre peuple».

«Ce n'est pas sérieux. Allons donc. Dans le monde moderne, comment quelqu'un peut-il menacer autrui avec des armes nucléaires ? Oui, nous avons beaucoup de terroristes dans le monde. Nous avons des tueurs, mais je ne peux pas condescendre à parler à un terroriste comme ça», a-t-il lancé.

Depuis les annexions, Zelensky a signé une requête demandant l'accélération du processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Toutefois, de nombreux sceptiques considèrent qu'il s'agit d'une demande futile, d'autant plus que la réponse de Washington n'a pas signalé d'action immédiate.

Samedi, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que les États-Unis estimaient que la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN «devrait être examinée à un autre moment».

«À l'heure actuelle, nous pensons que la meilleure façon pour nous de soutenir l'Ukraine est de lui apporter un soutien pratique, sur le terrain, et que le processus à Bruxelles devrait être repris à un autre moment», a estimé Sullivan.

Malgré cela, Zelensky a déclaré que les pays devraient «faire attention aux faits, pas seulement aux mots».

Le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'une réunion avec l'envoyé spécial du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, Rustem Umerov, en septembre (Photo, SPA).

«Nous avons obtenu des déclarations de 10 alliés, membres de l'OTAN, avec un soutien total à l'Ukraine», a-t-il déclaré. Le pays devrait rejoindre l'OTAN «dès que possible».

«Je préférerais dire non pas quand, en termes de temps, mais en termes de géographie. Je pense que cela pourrait arriver quand nous serons debout à nos frontières.» 

Dans le même temps, l'acteur ukrainien devenu chef de guerre a également répété son rejet de l'offre de négociation de Poutine, réitérant fermement qu'il ne négociera qu'avec un autre président.

«Nous les avons prévenus, si vous voulez lancer ces faux référendums, il n'y aura pas d'autres discussions avec le président de la Fédération russe, car si le président russe ne peut pas respecter la loi, le droit international, la constitution, et d'ailleurs, pas seulement notre constitution, mais celle de son propre pays, il ne devrait pas violer notre intégrité territoriale si cela se produit», a déclaré Zelensky.

«Suis-je en mesure de lui parler ? Ce n'est pas un président.»

Cependant, il semble qu'il y ait de la place pour une médiation et des initiatives qui pourraient aider à résoudre différentes questions urgentes telles que les échanges de prisonniers et la libération des céréales de la mer Noire des ports du sud de l'Ukraine. 

Le mois dernier encore, l'Arabie saoudite a négocié un échange de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine, jouant ainsi un rôle diplomatique important entre les nations en guerre.

Le mois dernier, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a tenu des séances de médiation fructueuses pour libérer de Russie dix prisonniers de différents pays (Photo, SPA).

«Je voudrais remercier l'Arabie saoudite pour cet effort», a déclaré Zelensky. «Compte tenu des liens que le prince héritier entretient avec la Russie, il y avait probablement, vous savez, de bonnes chances de succès, et je lui suis très reconnaissant pour ce remarquable résultat.»

L'accord a permis le retour de près de 300 personnes, dont 10 étrangers, dans leur pays d'origine, la première des très rares avancées depuis le début de la guerre.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré à cette occasion que l'initiative était fondée sur le soutien du prince héritier Mohammed ben Salmane, et dans le prolongement de ses efforts pour adopter des initiatives humanitaires envers la crise russo-ukrainienne.

«Nous sommes ouverts à toutes les propositions lorsqu'il s'agit des résultats à atteindre, des résultats de ces efforts», a déclaré Zelensky.

Alors que l'Arabie saoudite tente de jouer les médiateurs, l'Iran est accusé d'avoir menti à de hauts responsables ukrainiens et d'avoir vendu des drones à la Russie.

Les forces ukrainiennes ont abattu des drones kamikazes iraniens vendus à la Russie dans le but de cibler des civils, ce qui a conduit Zelensky à renvoyer des diplomates iraniens du pays.

«Il est triste que nous devions reconnaître que le gouvernement iranien ment, tout comme le gouvernement de la Fédération russe, car nous avons eu des contacts avec les dirigeants iraniens au plus haut niveau. Nous avons parlé à l'ambassade, nous avons fait appeler les ambassadeurs au ministère des Affaires étrangères, et on nous a assuré que rien n'avait été vendu à la Russie, que ce n'était pas leurs drones, rien de ce genre», a-t-il signalé.

Au cours de son interview, Zelensky a réfuté les récentes déclarations de Poutine concernant des victoires majeures sur le champ de bataille (Photo AN/Screenshot)

«Nous avons un certain nombre de ces drones iraniens abattus, et ceux-ci ont été vendus à la Russie pour tuer notre peuple, et – vous avez raison – ils sont utilisés contre des infrastructures civiles et des civils, des civils pacifiques. À cause de cela, nous avons renvoyé des diplomates iraniens du pays. Nous n'avons rien à discuter avec eux.»

Alors que la guerre fait rage, Zelensky se tourne également vers l'avenir et insiste sur le fait qu'il existe de grandes opportunités pour les nations arabes d'investir dans la reconstruction de l'Ukraine.

«Nous aimerions vraiment voir des entreprises et des pays arabes être présents, travailler dans notre pays. Nous sommes prêts à offrir des conditions merveilleuses pour les entreprises, au niveau fiscal, etc. Et il y a aussi un objectif ambitieux pour chaque pays qui souhaite venir en Ukraine avec une idée de récupération.»

«Il y aura une possibilité pour les entreprises privées, pour les pays arabes aussi, car il s'agit de reconstruire – de récupérer l'ensemble de l'État, de la nation.»

Cependant, une récente étude d'Arab News/YouGov réalisée en mai a montré qu'une majorité (66 %) d'Arabes se sentait indifférente au conflit russo-ukrainien. En outre, une majorité de personnes interrogées dans le monde arabe ont estimé que la responsabilité de la guerre n'incombait pas à la Russie, mais au président américain Joe Biden et à l'OTAN, qui n'a pas autorisé l'Ukraine à adhérer il y a des années – une conclusion que Zelensky a contestée.

«En vérité, cette guerre a été déclenchée par la Russie, et la Russie est la seule à blâmer. Que pouvait faire l'Occident uni pour l'éviter ? Peut-être qu'ils pouvaient faire davantage, mais accuser les États-Unis que la guerre est à cause d'eux, ce n'est pas juste, ce n'est pas vrai. Seule la Russie est coupable de cela», a-t-il déclaré.

Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), du Levant et d'Afrique du Nord, bien que l'OTAN soit plus souvent perçue comme la partie responsable du conflit, la répartition des responsabilités est plus équilibrée. Les habitants des pays du Golfe, par exemple, accusent l'OTAN (23 %) à peine plus que la Russie (19 %).

Bien qu'ils aient choisi de condamner l'agression russe lors d'un vote de l'ONU en mars dernier, les principaux pays arabes, tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte et les Émirats arabes unis, sont restés largement neutres et ont exprimé le souhait de servir de médiateur entre Moscou et Kiev.

 

Clause de non-responsabilité d'Arab News

* Il est important de noter que depuis le début de cette guerre, Arab News a contacté à de nombreuses reprises divers responsables russes pour obtenir des commentaires. Plus récemment, le journal a également contacté la porte-parole officielle du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, afin qu'elle participe à l'émission Frankly Speaking.

À ce jour, toutes nos demandes d'interview sont restées lettre morte. Cependant, Arab News souhaite réitérer que, dans le respect de notre devoir professionnel, l'invitation de Mme Zakharova à participer à Frankly Speaking reste ouverte, et l'émission se réjouit de l'accueillir sur son plateau dès qu'elle y consent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tentative d'assassinat du Premier ministre slovaque, «entre la vie et la mort»

Cette image extraite d'une séquence vidéo obtenue par l'AFPTV montre des agents de sécurité transportant le Premier ministre slovaque Robert Fico vers un véhicule après qu'il ait été abattu à Handlova le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Cette image extraite d'une séquence vidéo obtenue par l'AFPTV montre des agents de sécurité transportant le Premier ministre slovaque Robert Fico vers un véhicule après qu'il ait été abattu à Handlova le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Robert Fico, âgé de 59 ans, devait subir une « intervention urgente » après avoir été acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica
  • Selon sa page officielle Facebook, M. Fico a été touché par balle «plusieurs »

BRATISLAVA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve "entre la vie et la mort" après avoir été blessé par plusieurs balles mercredi après une réunion de cabinet, a indiqué le gouvernement de ce pays d'Europe centrale.

Robert Fico, âgé de 59 ans, devait subir une "intervention urgente" après avoir été acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica, une ville du centre de la Slovaquie, a précisé le gouvernement dans un communiqué.

Selon sa page officielle Facebook, M. Fico a été touché par balle "plusieurs fois".

"La police a arrêté l'assaillant et donnera davantage d'informations le plus vite possible", a en outre annoncé dans un communiqué la présidente sortante de la Slovaquie, Zuzana Caputova, qualifiant l'agression de son opposant politique d'"attaque contre la démocratie".

La télévision slovaque a diffusé des images d'un homme en jeans menotté au sol.

L'attaque est intervenue après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie, selon le journal Dennik N, dont un reporter a entendu plusieurs coups de feu et vu le chef de gouvernement emmené précipitamment dans une voiture par des gardes du corps.

"Aujourd'hui, après une réunion gouvernementale à Handlova, il y a eu une tentative d'assassinat sur le Premier ministre", a confirmé le gouvernement.

M. Fico avait tout d'abord été transporté à l'hôpital de Handlova, dans "l'unité de chirurgie vasculaire", a indiqué à l'AFP la directrice de l'établissement, Marta Eckhardtova, qui n'a pas donné de précisions sur la nature de ses blessures.

Un ex-communiste pro-Poutine

Après être revenu au pouvoir comme Premier ministre en octobre dernier, Robert Fico a mis en doute la souveraineté de l'Ukraine et fait cesser toute aide militaire au pays.

Cet ancien membre du parti communiste, qui a fondé sa propre formation et rejette les étiquettes de "populiste" et de "démagogue", s'est opposé aux sanctions contre la Russie.

En avril, il a néanmoins opéré un changement de ton face à la guerre en Ukraine, prônant une solution pacifique qui respecte "l'intégrité territoriale" de ce pays.

Son allié au gouvernement, Peter Pellegrini, a remporté le mois dernier la présidentielle devançant largement un diplomate pro-européen, en faisant de la guerre en Ukraine un élément clés de la campagne dans ce pays de 5,4 millions d'habitants membre de l'Union européenne et de l'Otan.

Sa coalition gouvernementale a notamment adopté un projet de loi controversé sur la radio et la télévision publiques RTVS que le pouvoir en place accuse de manquer d'objectivité

Vive émotion en Europe

Les dirigeants des institutions de l'Union européenne ont vivement réagi à la nouvelle.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déploré "l'attaque ignoble" contre le Premier ministre slovaque, jugeant que "de tels actes de violence n'ont pas leur place dans notre société et sapent la démocratie, notre bien commun le plus précieux".

"Rien ne peut jamais justifier la violence ni de telles attaques", a souligné le président du Conseil européen Charles Michel, tandis que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est déclaré "consterné".

En Hongrie, frontalière avec la Slovaquie, le Premier ministre Viktor Orban s'est dit "profondément choqué par l'attentat odieux perpétré contre mon ami, le Premier ministre Robert Fico".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé l'attaque "épouvantable" contre le Premier ministre slovaque. Et le président russe Vladimir Poutine a parlé d'un "crime odieux", en décrivant Robert Fico "comme un homme courageux et déterminé".

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est pour sa part dit "bouleversé par le lâche attentat" car "la violence ne peut avoir sa place dans la politique européenne".

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a exprimé "la plus ferme condamnation de toute forme de violence et d'attaque aux principes de base de la démocratie et de la liberté". Et le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est dit "choqué d'apprendre cette nouvellle épouvantable".

 

 


Un feu de forêt menace une ville pétrolière de l'ouest du Canada, nouvelles évacuations

Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada  (Photo, AFP).
Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada (Photo, AFP).
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  • Tous les regards sont néanmoins tournés vers la région car le risque est grand à cause des installations pétrolières
  • Le Canada possède 10% des réserves mondiales d'or noir, dont une très grande partie se trouve dans les sables bitumineux

FORT-MCMURRAY: Nouvelle alerte au Canada: des milliers d'habitants ont reçu l'ordre mardi d'évacuer en raison de l'approche d'un feu de forêt à proximité de Fort McMurray, le plus gros complexe de sables bitumineux du pays.

Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada et aussi le symbole de la plus grosse catastrophe de l'histoire du pays, en termes de destruction, après avoir été partiellement ravagée par les flammes en 2016.

"Nous observons un comportement extrême du feu" qui "est poussé vers la ville par le vent", a déclaré Josée St-Onge, porte-parole des pompiers de l'Alberta, lors d'une conférence de presse.

"La fumée réduit la visibilité et il est difficile de déterminer les distances exactes", a-t-elle complété, précisant que les "pompiers avaient été retirés de la première ligne pour des raisons de sécurité" face à un feu trop intense.

Cet incendie, qui a déjà consumé 9.600 hectares de forêt, se trouve à maintenant seulement 13 kilomètres de la ville. Tous les quartiers sud (Prairie Creek, Abasand, Grayling Terrace et Beacon Hill) ont donc reçu un ordre d'évacuation en milieu de journée mardi.

Mardi en fin d'après-midi sous un ciel obscurci par la fumée des feux de forêt, d'immenses files de voitures se pressaient sur l'autoroute pour quitter la zone. De nombreux habitants sont encore traumatisés par le chaos qui a entouré l'évacuation en 2016 des 90.000 habitants par l'unique route d'accès de la ville entourée de forêt.

"Je suis très angoissée car en 2016 mon appartement a brûlé donc je revis tout cela", raconte Ashley Russell, résidente de Fort McMurray.

Cette dernière n'habite pas dans un quartier évacué mais elle a déjà fait ses "valises", pour ne pas être prise au dépourvu comme il y a huit ans. "Je suis prête à partir".

Après avoir vécu l'an passé la pire saison d'incendies de son histoire, le Canada a connu l'un de ses hivers les plus chauds, avec peu de neige dans de nombreuses régions.

Des conditions de sécheresse forte ou extrême dans une grande partie du pays qui font craindre un nouvel été apocalyptique. D'autant plus que cet hiver, le pays a enregistré un nombre record de feux zombies, ces brasiers qui couvent sous la neige dans l'épaisse profondeur des tourbières de la forêt boréale.

3 millions de barils de pétrole 

Toutefois le chef des pompiers de la région Jody Butz a tenu à rassurer la population estimant que "l'activité des incendies est très différente de celle de 2016".

"Nous disposons de ressources abondantes et nous sommes bien placés pour répondre à la situation", a-t-il estimé.

Tous les regards sont néanmoins tournés vers la région car le risque est grand à cause des installations pétrolières. Le Canada possède 10% des réserves mondiales d'or noir, dont une très grande partie se trouve dans les sables bitumineux.

Chaque jour, plus de 3 millions de barils de pétrole sont extraits des sables, d'après les chiffres officiels du gouvernement, contribuant à faire du Canada le quatrième producteur mondial et le premier exportateur de brut vers les Etats-Unis.

Un peu plus à l'ouest, où près de 5.000 personnes ont également été évacuées durant le week-end près de la ville de Fort Nelson dans la province de Colombie-Britannique, la situation était mardi plus favorable.

"Il fait frais, le ciel est couvert et le vent est très léger", a déclaré à l'AFP Rob Fraser, le maire de la ville. "Si cela continue ainsi, nous pourrons peut-être maîtriser cette bête".

Victime des conséquences dévastatrices du réchauffement climatique, le Canada a connu en 2023 la pire saison des feux de son histoire.

Près de 18 millions d'hectares de terres sont partis en fumée - soit une superficie plus grande que la Grèce. Quelque 200.000 personnes ont par ailleurs dû être évacuées et la fumée des incendies s'est répandue jusqu'aux Etats-Unis et même en Europe.


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".