Deux soeurs veulent «répondre au mal par le bien» au procès de l'attentat de Nice

Le 14 juillet 2016, au volant d'un camion, un Tunisien de 31 ans fait 86 morts et plus de 450 blessés, avant d'être abattu par la police (Photo, AFP).
Le 14 juillet 2016, au volant d'un camion, un Tunisien de 31 ans fait 86 morts et plus de 450 blessés, avant d'être abattu par la police (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 29 septembre 2022

Deux soeurs veulent «répondre au mal par le bien» au procès de l'attentat de Nice

  • Seloua et Sabra se sont soutenues pour dire leur volonté de «répondre au mal par le bien»
  • «En tant que musulmane, amoureuse de ma religion, je peux vous dire avec force que vous n'êtes pas de ma religion. Je suis ce que vous n'êtes pas», lance aussi Sabra

PARIS: Elles ont perdu leur sœur, "pilier" de la famille, tuée à 42 ans dans l'attentat de Nice, survenu en 2016 sur la Côte d'Azur. Au procès à Paris, mercredi, Seloua et Sabra se sont soutenues pour dire leur volonté de "répondre au mal par le bien".

Devant la cour d'assises spéciale de Paris, une photo de sa sœur Aldjia Bouzaouit projetée face à elle, Seloua Mensi raconte la soirée de la fête nationale, le 14 juillet 2016.

Une sortie festive en famille sur la Promenade des Anglais à Nice (sud-est) pour assister au feu d'artifice et manger une glace, qui bascule dans l'horreur quand la foule est prise pour cible par un camion de 19 tonnes.

Au volant, un Tunisien de 31 ans fait 86 morts et plus de 450 blessés, avant d'être abattu par la police.

Aldjia, une mère de quatre enfants née à Sétif, en Algérie, et qui vivait à Nice depuis l'enfance, figure parmi les victimes.

Un de ses neveux sera grièvement blessé et sa fille de 9 ans touchée au genou. Son aînée, 17 ans à l'époque, s'en sort sans blessure physique. Ses fils de 12 et 14 ans étaient en vacances en Algérie.

Comme d'autres avant elle, Seloua, longs cheveux noirs et robe noire à fleurs, relate l'attente interminable - quatre jours - avant la confirmation du décès de sa sœur. Et l'annonce, lapidaire: "C'est bien le corps d'Aldjia Bouzaouit qui a été identifié, d'après l'ADN de sa fille".

«Il avait honte»

Aldjia, surnommée "Moum", était une seconde mère pour cette famille nombreuse, explique Sabra, en manteau et voile gris clair. "Tous les matins, depuis la clinique Saint-Georges où elle travaillait" comme agente de service hospitalier, "elle appelait (...) pour savoir si on allait bien. C’était le rituel".

Après son décès, la famille "a éclaté", regrette Sabra. "Chacun était dans sa souffrance, se rejetait la faute."

"Il y a eu beaucoup de crispations et de reproches", confirme Seloua. "Pourquoi on est allés acheter cette glace" ce soir-là ?

"Si tu ne réponds pas au mal par le bien, tu vas te détruire. Sois courageuse (...) sois un exemple", lui conseille l'imam d'une mosquée de Nice, où elle organise une veillée pour les victimes.

Seloua prend alors en charge ses quatre neveux et s'investit dans l'association de victimes Promenade des anges.

Concernant "ceux qui ont perpétré cet attentat", "je m'en remets à la justice" et "je m'en remets à Dieu", conclut-elle en français et en arabe à destination des trois principaux accusés, tous tunisiens ou d'origine tunisienne.

Parler en arabe, c'est s'adresser "directement à eux afin qu’ils comprennent exactement ce que j'ai dans le cœur", avait-elle expliqué avant son témoignage.

«Pas de ma religion»

Aucun d'entre eux n'est poursuivi pour complicité, mais pour association de malfaiteurs terroriste. Les cinq autres accusés sont soupçonnés d'avoir fourni des armes à l'assaillant.

"En tant que musulmane, amoureuse de ma religion, je peux vous dire avec force que vous n'êtes pas de ma religion. Je suis ce que vous n'êtes pas", lance aussi Sabra, épouse d'un gendarme, à ceux qui "s'associent" au terrorisme.

"Les Tunisiens, ils sont pas comme ça. C'est le pays le plus ouvert dans le monde arabe", ajoute Olfa Villani, venue témoigner ensuite.

Pour cette secrétaire au consulat de Tunisie à Nice, qui a perdu son mari, ses beaux-parents et un neveu dans l'attentat, le fait que "le tueur (soit) tunisien" représente "une double-peine".

Au consulat, elle raconte avoir "rencontré le tueur" trois mois avant les faits. Il était venu réclamer un extrait de son casier judiciaire tunisien pour son employeur. "Il était énervé parce qu'il voulait son papier. J'ai dû le calmer."

Après l'attentat, ce fut à nouveau à elle de gérer "le père et l'oncle" de l'assaillant, qui voulaient qu'il soit enterré en Tunisie. "L'oncle était très agressif, la vérité. Et le père, il parlait pas, parce qu’il avait honte, je pense."


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.