Au Soudan, pour la récolte, on fait sonner les Waza

Le Dr Dafallah al-Haj Ali Mustafa, 51 ans, fondateur et directeur général du Centre soudanais de musique traditionnelle et professeur adjoint de musique et de théâtre, joue d'un instrument traditionnel "Waza" au centre de la ville jumelle d'Omdurman, la capitale soudanaise, le 10 septembre 2022. (AFP)
Le Dr Dafallah al-Haj Ali Mustafa, 51 ans, fondateur et directeur général du Centre soudanais de musique traditionnelle et professeur adjoint de musique et de théâtre, joue d'un instrument traditionnel "Waza" au centre de la ville jumelle d'Omdurman, la capitale soudanaise, le 10 septembre 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 28 septembre 2022

Au Soudan, pour la récolte, on fait sonner les Waza

  • Youssef Ismaïl, lui, appartient aux Barta, un clan d'origine africaine qui a récemment été impliqué dans un violent affrontement pour les terres contre l'ethnie haoussa
  • Quand les armes se sont tues à la fin de l'été après plus de 120 morts et le déplacement forcé de milliers de familles, les groupes de Waza sont sortis pour faire sonner leurs instruments

GANIS CHARG: Dans les champs verdoyants du sud du Soudan, les agriculteurs aiguisent leurs serpes pour la cueillette du maïs. Mais Youssef Ismaïl prépare, lui, ses outils pour fabriquer des trompettes Waza, qui seront utilisées pour célébrer la saison des récoltes.

Avec des calebasses qu'il découpe, humidifie et assemble, il forme de longs cors, similaires aux didgeridoo des aborigènes d'Australie, au pavillon évasé.

Ses Waza sont de tailles différentes: les plus longues peuvent faire deux mètres alors que certaines ne sont pas plus imposantes qu'un hautbois.

"Ce sont nos parents qui nous ont appris à faire des Waza", explique à l'AFP M. Ismaïl, habitant septuagénaire du village de Ganis Charg dans l'Etat du Nil Bleu, frontalier de l'Ethiopie.

"Traditionnellement, on utilise les Waza pour fêter les récoltes", qui débutent en novembre après la saison des pluies au Soudan, un pays où cette année encore près de 150 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers de maisons détruites par des pluies torrentielles.

L'agriculture est un secteur majeur pour les 45 millions de Soudanais car elle représente 43% des emplois et 30% du PIB du pays, l'un des plus pauvres au monde, englué dans le marasme politique et économique depuis un coup d'Etat militaire il y a un an.

Chaque Waza a sa propre tonalité, les instruments se jouent en groupe. En général, chaque "fanfare" est composée de treize membres, dont certains utilisent parfois des cornes d'animaux pour taper en rythme sur leur instrument.

Perpétuer la tradition 

Ces instruments sont particulièrement utilisés par l'ethnie des Funj du Nil Bleu.

Youssef Ismaïl, lui, appartient aux Barta, un clan d'origine africaine qui a récemment été impliqué dans un violent affrontement pour les terres contre l'ethnie haoussa, elle aussi africaine dans le pays majoritairement peuplé de tribus arabes.

Quand les armes se sont tues à la fin de l'été après plus de 120 morts et le déplacement forcé de milliers de familles, les groupes de Waza sont sortis pour faire sonner leurs instruments.

Ces dernières décennies, les Waza se sont invitées dans les mariages et autres festivals locaux car ces trompettes traditionnelles "sont intimement liées aux rituels des différentes communautés du Nil Bleu", explique à l'AFP Mohamed Soliman, professeur de musicologie à l'Université du Soudan.

Bien décidé à préserver cet héritage, Dafallah Ali Moustafa, passionné de musique soudanaise de 51 ans, présente des Waza dans son Centre des musiques folkloriques en banlieue de Khartoum.

Habilement, il montre à l'AFP comment chaque instrument peut être joué, brandi en l'air pour les plus courts ou appuyé au sol pour les plus longs.

M. Ismaïl, lui, veut perpétuer la tradition. Il enseigne la fabrication des Waza et apprend aux plus jeunes à en jouer à ses côtés.

"Chaque année, nous devons fabriquer de nouvelles Waza", dit-il.

Les instruments peuvent être conservés loin des pluies, des insectes et de l'humidité grâce à des étuis coniques qu'il sait aussi façonner, explique-t-il.

"On a tout appris à nos enfants", ajoute-t-il. "Ils maintiendront cette tradition en vie, même quand on ne sera plus là".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".