PARIS : La réforme de l'assurance chômage, si elle s'appliquait sans modifications en avril 2021, toucherait 1,2 million de personnes la première année par une ouverture de droits retardée ou une baisse de leur indemnisation, selon une note de l'Unédic pour les partenaires sociaux.
Si son entrée en vigueur a été repoussée par l'exécutif de janvier à avril du fait de la crise, la réforme, décidée en 2019, n'a pas été abandonnée et fait l'objet d'une concertation avec les partenaires sociaux pour en aménager l'impact.
Elle prévoit notamment un durcissement de 4 à 6 mois de travail pour ouvrir des droits, une modification du mode de calcul des allocations et l'introduction d'une dégressivité au bout de six mois pour les hauts revenus.
Dans cette note, qui a été présentée mercredi à son bureau, l'Unédic a mis a jour ses chiffrages en tenant compte de « trois effets de la crise » : « une hausse des entrées en indemnisation » du fait des fins de CDD et des licenciements économiques à venir; « une diminution de la reprise d'activité de courte durée en cours d'indemnisation, qui a pour conséquence une moindre affiliation lors d'une éventuelle nouvelle ouverture de droits », et « un ralentissement des sorties vers l'emploi durable ».
En conséquence, l'Unédic estime que, « parmi les 2,56 millions de personnes qui ouvriraient un droit entre avril 2021 et mars 2022 », la réforme en toucherait 47%, « soit 1,2 million ».
Parmi eux, 470.000 verraient leur ouverture de droits retardée ou annulée, du fait du passage de 4 à 6 mois, une mesure qui pénaliserait particulièrement les jeunes de moins de 26 ans ayant perdu un CDD ou un contrat d'intérim.
Sur ces 470.000, 150.000 verraient en outre leur allocation également diminuer par rapport à ce qu'ils pourraient avoir avec les règles actuelles.
Par ailleurs, 690.000 personnes ouvriraient leur droit à la même date, mais verraient leur allocation diminuer. Et enfin 43.000 personnes seraient touchées par la dégressivité.
Sur les 840.000 nouveaux entrants qui toucheraient une allocation plus faible (qu'avec les règles actuelles), la baisse de leur indemnisation mensuelle serait en moyenne de 24%, passant de 902 à 689 euros net. Leur indemnisation durerait en revanche plus longtemps, 18 mois au lien de 12.
Par rapport aux règles actuelles, la réforme conduirait à de moindres dépenses à hauteur d'un milliard en 2021 et 2,67 milliards en 2022. Les dépenses resteraient toutefois en forte hausse du fait de la crise, passant de 35 milliards en 2019 à 38,4 milliards en 2021.
Dans cette note, l'Unédic teste aussi plusieurs scénarios d'aménagement des règles qui pourraient faire l'objet de discussions entre syndicats, patronat et gouvernement lors de leur prochaine séance de concertation le 12 novembre.