Les affiches de films alternatives, du «fan art» aux galeries

L'illustrateur d'affiches de cinéma Laurent Durieux pose lors d'une séance photo à Bruxelles, le 21 septembre 2022. (Photo par John THYS / AFP)
L'illustrateur d'affiches de cinéma Laurent Durieux pose lors d'une séance photo à Bruxelles, le 21 septembre 2022. (Photo par John THYS / AFP)
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Publié le Samedi 24 septembre 2022

Les affiches de films alternatives, du «fan art» aux galeries

  • L'artiste belge Laurent Durieux, 52 ans, devenu l'une des références du monde de l'affiche alternative, a osé s'emparer de ce totem de la culture populaire, pour en proposer sa propre version
  • Au contraire des affiches de film commerciales, destinées à attirer les spectateurs en salles, les affiches de «fan art» exploitent plutôt la nostalgie des grands films et l'amour du 7e art

PARIS : C'est une passion qui devient un art à part entière: dessinées par des amoureux du cinéma, les affiches de films alternatives se multiplient, des réseaux sociaux aux galeries d'art, surpassant parfois l'original par leur créativité.

Même parmi ceux qui n'ont jamais vu le film de Spielberg, tout le monde connaît l'affiche des «Dents de la Mer» : l'attaque d'une baigneuse par une énorme requin blanc, surgissant mâchoire béante du bas du poster.

L'artiste belge Laurent Durieux, 52 ans, devenu l'une des références du monde de l'affiche alternative, a osé s'emparer de ce totem de la culture populaire, pour en proposer sa propre version, devenue une oeuvre d'art exposée en galerie et vendue en tirages limités.

Sa version est à l'opposé de l'original: on y voit une plage paisible où des enfants font des châteaux de sable, et le danger n'y est suggéré que par le dessin de l'aileron du requin, que l'on peut deviner sur le motif d'un parasol.

«J'aime bien raconter mon propre scénario, ma propre vision du film, tout en étant respectueux de la vision du réalisateur», a expliqué Laurent Durieux à l'AFP, lors de la dernière édition du Festival du film d'animation d'Annecy, dont il a dessiné l'affiche et où il a été invité à présenter ses oeuvres.

«Je raconte la même chose, mais de façon un peu décentrée, je vais chercher des éléments que le réalisateur, et surtout les agences de communication (qui s'occupent de la promotion des films) n'ont pas mis en valeur. Mes affiches sont en dehors du marketing, c'est la grosse différence».

Au contraire des affiches de film commerciales, destinées à attirer les spectateurs en salles, les affiches de «fan art» exploitent plutôt la nostalgie des grands films et l'amour du 7e art, quitte à rarement mettre en scène les acteurs, ou de dos - ce qui simplifie également les questions de droit.

- Jusqu'à 7.000 dollars -

Ses sérigraphies, aux couleurs pastels et au look rétrofuturiste, qu'il peaufine parfois pendant trois mois dans son atelier d'Uccle à Bruxelles, fourmillent de petits détails en forme de clins d'oeil aux films culte auxquels il rend hommage: de «SOS Fantômes» avec une image de valise qui est à la fois caserne de pompiers et piège à fantômes, où «Shining», avec un petit tricycle portant le numéro de la porte de la fameuse chambre interdite, la 237.

La recette a fait mouche: les sérigraphies en 13 ou 14 couleurs de Laurent Durieux sont mises en vente 80 à 100 dollars, mais certaines se revendent ensuite jusqu'à 7.000 dollars entre collectionneurs.

Mais l'artiste assure être bien plus honoré de la reconnaissance que lui portent certains réalisateurs, dont le légendaire Francis Ford Coppola qui, consécration suprême, lui a commandé une affiche pour la réédition d'«Apocalypse Now».

«On a travaillé main dans la main, il était vraiment fan», précise Laurent Durieux, qui se souvient encore aussi être tombé de sa chaise après avoir reçu un mail de félicitations de Steven Spielberg.

Il est loin d'être le seul à créer ses affiches alternatives, des objets de «fan art» fièrement exposés sur Instagram ou vendues par des galeries spécialisées en ligne. Plusieurs galeries ayant pignon sur rue diffusent aussi des affiches alternatives, de Brooklyn à Paris, ou encore à Austin (Texas), siège de Mondo, l'une des références du secteur.

Sans compter l'infinie créativité à l'oeuvre de la part des fans sur les réseaux sociaux, sous des mots-clé comme #AlternativeMoviePosters ou #altposter.

Et la valeur de ces oeuvres peut parfois s'envoler. Responsable au sein de la maison d'enchères américaine Heritage Auctions, Hope Grubbs a déjà organisé deux sessions d'enchères d'affiches de films alternatives, dont la dernière, en juillet, a rapporté plus de 100.000 dollars.

Cette mode a débuté «avec des réinterprétations de films cultes classiques, créés par des artistes renommés», explique-t-elle à l'AFP. Apparues au début des années 2000, ce sont «de véritables objets d'art, dont la valeur tient notamment au design, à leur rareté et à leur tirage limité».


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com