AMMAN: Un bloc de partis arabes s'est divisé à l'approche des élections israéliennes de novembre — un mouvement qui pourrait diluer l'influence politique de la minorité et renforcer les espoirs de retour au pouvoir de l'ancien Premier ministre, Benjamin Netanyahou.
Le parti nationaliste arabe Balad se présentera séparément des deux autres partis de la liste commune aux élections générales.
Le scrutin du 1er novembre devrait donner lieu à une lutte acharnée entre Netanyahou et une constellation de partis issus de tout l'éventail politique.
Mais la décision de dernière minute de la faction Balad de se séparer de la Liste arabe commune pourrait faire le jeu de Netanyahou.
Balad, également connu sous le nom de Tajamu et dirigé par Sami Abou Chehadeh, a présenté une liste distincte pour les élections du 1er novembre.
Abou Chehadeh, membre de la Knesset et tête de liste de Balad, a déclaré à Arab News qu'il était confiant que le parti puisse passer le seuil électoral nécessaire afin d’entrer à la Knesset.
Cependant, Botrus Mansour, avocat installé à Nazareth et observateur de la carte politique arabe en Israël, n'en est pas si certain.
«Balad n'a qu'une faible chance de franchir le seuil. D'après les estimations, le seuil de 3,25 % nécessite environ 140 000 voix», a-t-il signalé.
Les sondages et les estimations générales indiquent que Balad ne peut gagner plus de la moitié de ce nombre.
Expliquant ce retrait de dernière minute, les partisans de Balad ont affirmé qu'ils avaient signé un accord avec Hadach (le Front démocratique pour la paix et l'égalité) et son leader Ayman Odeh sur les questions idéologiques et la répartition des sièges, mais ils ont accusé le parti de revenir sur cet accord et de faire pression pour une rotation du sixième siège.
Wadie Abou Nassar, directeur du Centre international de consultation, a déclaré à Arab News que Balad n'a que peu de chances d'envoyer l'un de ses membres à la Knesset.
«Ils se lancent seuls dans une course à l'avant des élections à un stade très tardif, moins de deux mois avant le jour du scrutin. La deuxième raison est que le discours dominant au sein de la population arabe s'est déplacé vers l'intérieur», a-t-il expliqué.
L'analyste basé à Haïfa a déclaré à Arab News que si, au cours des décennies passées, le discours palestinien et panarabe était le principal centre d'intérêt des citoyens palestiniens en Israël, ceux-ci ont aujourd'hui d'autres priorités.
«Le discours se concentre sur les questions intérieures et moins sur les questions liées à la Palestine, et cela signifie que les partisans de Balad ne seront pas en mesure de recueillir le nombre de votes nécessaires.»
Les observateurs ne savent pas comment cette division affectera le faible taux de participation, qui devrait être de l'ordre de 40 %.
«La nouvelle division ajoutera à la frustration et au désespoir, combinés à l'humeur générale d'incapacité à cause du manque de changement envers les Arabes d'Israël de la part du gouvernement actuel. Par conséquent, et sans un changement radical, le pourcentage du vote est susceptible de diminuer», a estimé Mansour.
Mais Abou Nassar croit que la division de Balad pourrait avoir un effet différent sur le taux de participation.
Il a ajouté: «D’une part, la compétition sera plus rude et chaque faction investira plus de temps. D'autre part, plus de gens seront en colère, donc je pense que la division aura un impact limité sur le taux de participation.»
Si Balad ne parvient pas à franchir le seuil, le gaspillage potentiel d'environ 70 000 voix arabes pourrait aider le bloc Netanyahou.
Abou Nassar a affirmé que les chances de Netanyahou s'étaient «améliorées d’une façon considérable».
Toutefois, il a ajouté que «la partie n'est pas encore terminée parce que les choses ne sont pas claires dans l’extrême droite», faisant référence aux scénarios possibles entre Netanyahou et l'extrême droite contre les blocs du Premier ministre intérimaire, Yair Lapid, et du ministre de la Défense, Benny Gantz.
Mansour estime que si le bloc Netanyahou ne parvient pas à obtenir les 61 sièges nécessaires sur 120 à la Knesset, l'absence de Balad permettra à Ayman Odeh et à Ahmad Tibi, chef du parti Ta'al, de soutenir plus facilement l'alliance Lapid/Gantz.
«Si Balad ne figure pas sur la liste commune, les chances de rejoindre une coalition gouvernementale seront plus faciles maintenant, d'autant plus que cette ligne a déjà été franchie par le leader islamiste Mansour Abbas», a soutenu Mansour.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com