Victoire sans précédent de la droite et de l'extrême-droite aux élections en Suède

La Première ministre suédoise Magdalena Andersson et son mari Richard Friberg dans un bureau de vote à Nacka, près de Stockholm, le 11 septembre 2022. (Photo, AFP)
La Première ministre suédoise Magdalena Andersson et son mari Richard Friberg dans un bureau de vote à Nacka, près de Stockholm, le 11 septembre 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 15 septembre 2022

Victoire sans précédent de la droite et de l'extrême-droite aux élections en Suède

La Première ministre suédoise Magdalena Andersson et son mari Richard Friberg dans un centre de vote à Nacka, près de Stockholm, le 11 septembre 2022. (Photo, AFP)
  • La Première ministre sortante, la sociale-démocrate Magdalena Andersson, a reconnu la défaite de son camp et annoncé sa démission
  • Avec 176 sièges, dont 73 pour le parti d'extrême droite des Démocrates de Suède (SD), le bloc de quatre partis devance de très peu celui de gauche (173 sièges)

STOCKHOLM: Un bloc inédit réunissant la droite et l’extrême droite a remporté mercredi de justesse les élections législatives en Suède, chassant du pouvoir la gauche aux commandes depuis huit ans.

Au terme d'une dernière journée de comptage du scrutin archiserré de dimanche, la Première ministre sortante, la sociale-démocrate Magdalena Andersson, a reconnu la défaite de son camp et annoncé sa démission, effective jeudi.

"Maintenant nous allons remettre de l'ordre en Suède!", a immédiatement réagi sur Facebook celui qui doit lui succéder, le chef du parti conservateur des Modérés, Ulf Kristersson. "Je commence maintenant le travail pour former un nouveau gouvernement efficace", a ajouté le dirigeant de droite dans un message vidéo.

Avec 176 sièges, dont 73 pour le parti d'extrême droite des Démocrates de Suède (SD), le bloc de quatre partis devance de très peu celui de gauche (173 sièges), selon un comptage quasi final de l'autorité électorale portant sur 99,9% des bureaux de vote.

Les élections de dimanche étaient si serrées qu’il a fallu attendre l'ajout de quelques dizaines de milliers de voix manquantes mercredi.

La bascule est historique : jamais jusqu'ici un gouvernement suédois ne s'était appuyé au parlement sur les Démocrates de Suède, les grands vainqueurs des élections avec 20,5% des voix et un nouveau rang de deuxième parti du pays.

"Maintenant le travail commence pour faire que la Suède soit bien de nouveau", a réagi son leader Jimmie Åkesson sur Facebook, promettant d'être une "force constructive et d'initiative".

Héritier d'un groupe néonazi à sa création en 1988, le parti d'extrême droite s'est peu à peu banalisé dans le paysage politique suédois, entrant au parlement en 2010 avec 5,7%, puis grimpant à chaque élection, sur fond de forte immigration et de problèmes de gangs criminels en Suède.

Bien que les SD soient le premier parti de la majorité des droites, son dirigeant n'est pas en mesure d'avoir le soutien des trois autres partis pour devenir Premier ministre, poste promis à Ulf Kristersson.

Un des points les plus compliqués concerne l'ambition affichée par le parti d'extrême-droite de faire partie du gouvernement. Les trois partis de droite traditionnelle (Modérés, chrétiens-démocrates et Libéraux) y sont défavorables.

Le scénario le plus probable selon les analystes est que les SD, bien que le plus gros parti des quatre, appuient seulement le gouvernement au parlement, sans en faire directement partie.

"Le processus prendra le temps qu'il faudra", a dit Jimmie Åkesson mercredi.

Salvini aux anges

Mais cette majorité étriquée, allant du centre-droit à l'extrême-droite, s'annonce bien fragile, les Libéraux notamment et les SD ayant des lignes politiques très divergentes sur nombre de dossiers.

"Nous allons être à seulement un ou deux sièges d'une crise gouvernementale", a prévenu Magdalena Andersson.

Ancien gymnaste, Ulf Kristersson va maintenant devoir réussir l'acrobatie de finaliser et de maintenir l'union des trois droites libérale, conservatrice et nationaliste.

C'est lui qui fin 2019 avait pour la première fois envisagé un scénario de collaboration entre la droite et les SD.

La campagne a été dominée par des thèmes favorables à l'opposition de droite: criminalité et règlements de compte meurtriers entres gangs d'origine immigrée, intégration et flambée des factures énergétiques.

"C'est un triste signe de notre époque, qu'ils puissent profiter de faire peur aux gens, sur ce qu'ils disent sur tous ces criminels, etc", soupire Larry Nilsson, un retraité de Malmö (sud). "Il n'y a que 1 ou 2% de la population qui subit ça, la plupart vivent une vie très sûre, comment on peut gagner une élection là-dessus?"

"C'est effrayant, c'est étrange. Nous voyons l'idiocratie progresser partout", abonde Anna Senno, une commissaire d'exposition de 39 ans.

La victoire d'une alliance droite/extrême droite en Suède intervient à moins de deux semaines d'élections en Italie, où une coalition réunissant Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni (post-fasciste) et Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite libérale) est donnée favorite.

"Même dans la belle et démocratique Suède, les gauches sont défaites et renvoyées à la maison! Le dimanche 25 (septembre) c’est notre tour, nous allons gagner !", a déclaré Matteo Salvini, le chef de la Ligue italienne (anti-immigration).

Au parlement suédois, les SD auront 73 sièges, 11 de plus qu'en 2018. Les Modérés décrochent 68 fauteuils (-2), tandis que les chrétiens-démocrates en ont 19 (-3) et les Libéraux 16 (-4).

A gauche, les sociaux-démocrates grimpent à 107 sièges (+7) grâce à leur bon score de 30,3%, devant les partis de Gauche et du Centre (24 chacun) et les Verts (18).


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

Short Url
  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Short Url
  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Short Url
  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.