AL-MOUKALLA : Le ministre yéménite de l'Information a sollicité une action internationale plus vigoureuse pour contenir les activités destructrices de l'Iran et bien précisé que l'Iran armait les Houthis pour affaiblir le pays et prendre le contrôle des activités commerciales et énergétiques internationales à travers la mer Rouge.
Dans un article publié par l'Atlantic Council, Moammar al-Eryani a indiqué que l'Iran était en train de créer un modèle de Hezbollah yéménite en équipant et en finançant la milice houthie, dans le but de s'emparer du Yémen et de s'en servir comme tremplin pour des attaques contre les pays voisins et les activités maritimes internationales en passant par Bab al-Mandab et la mer Rouge.
« La communauté internationale semble indifférente aux risques que représentent le comportement hostile et l'intrusion de l'Iran à travers le soutien qu'il apporte à la milice houthie et les efforts qu'il déploie pour cloner un autre Hezbollah libanais au Yémen », a déclaré le ministre yéménite.
« L'intérêt du régime iranien pour le Yémen va au-delà du conflit interne du pays. Il cherche en effet à imposer son influence dans le sud de la péninsule arabique et à renforcer son contrôle sur la bande côtière de 2 500 kms de long qui longe la mer Rouge, la mer d'Oman, le détroit stratégique de Bab al-Mandab et l'océan Indien. »
Cela fait plus de dix ans que les responsables du gouvernement yéménite accusent les Houthis de bénéficier du savoir-faire militaire, des fonds et du soutien politique du régime iranien, ce qui leur a permis de défier le gouvernement et de prendre militairement le pouvoir au Yémen en 2014.
Al-Eryani a fait part de son inquiétude face à un éventuel accord entre les puissances mondiales et l'Iran sur son programme nucléaire, qui entraînerait le déblocage de milliards de dollars d'actifs gelés que l'Iran utiliserait pour alimenter la guerre au Yémen en faisant pression sur les Houthis pour qu'ils rejettent les initiatives de paix et renforcent leurs capacités militaires.
« Au fil des années, les Houthis ont profité des ressources et du soutien de l'Iran pour passer d'une milice de l'extrême nord du Yémen à un bras armé de la République islamique qui mène des guerres par procuration dans la région », a-t-il poursuivi.
Il a également signalé que le fait de permettre aux Houthis – qui refusent d'adhérer à la trêve négociée par l'ONU et aux autres efforts de paix visant à mettre fin à la guerre – de posséder des armes de pointe serait désastreux pour le monde entier.
« Cette menace affecte le mouvement commercial mondial dans la mer Rouge et le détroit de Bab al-Mandab, la sécurité énergétique mondiale, ainsi que la paix et la sécurité régionales et internationales », a-t-il précisé.
Dans le cadre de la trêve négociée par les Nations Unies, le gouvernement yéménite a accepté, en avril, de mettre fin aux combats, d'autoriser les vols commerciaux à quitter Sanaa – ville contrôlée par les Houthis –, de faciliter l'arrivée de navires pétroliers à Hodeïda et d'engager des pourparlers directs avec les Houthis afin d'ouvrir des routes à Taïz et dans d'autres provinces.
Malgré la pression internationale croissante, les Houthis refusent de lever le siège imposé depuis sept ans à Taïz, troisième plus grande ville du Yémen. Ils organisent plutôt des parades militaires et mobilisent des forces en dehors des villes clés.
Parallèlement, les émissaires occidentaux ont félicité le gouvernement yéménite internationalement reconnu pour avoir autorisé l'entrée d'un plus grand nombre de navires pétroliers dans le port de Hodeïda, malgré les violations houthies de l'accord d'importation de carburant conclu sous l'égide des Nations Unies.
« L'UE salue le geste du président Rachad al-Alimi destiné à faciliter l'entrée des navires pétroliers dans le port de Hodeïda », a indiqué sur Twitter la mission de l'UE au Yémen, en référence au président du Conseil des dirigeants présidentiels du Yémen. « L'UE s'attend à ce que les Houthis suivent son exemple et fassent preuve de bonne volonté pour le bien des #Yéménites en cette période critique, en respectant la trêve, ses termes et ses mécanismes et en évitant tout acte qui la compromettrait. »
Steven H. Fagin, l'ambassadeur américain au Yémen, a décrit l'autorisation des navires pétroliers à Hodeïda comme un geste positif par rapport à la trêve négociée par l'ONU et aux efforts de paix visant à prolonger la trêve et à mettre fin au conflit.
« La décision du président offre la possibilité de relancer les efforts de l'ONU pour prolonger la trêve, et nous appelons toutes les parties à s'engager dans ce processus avec bonne foi et avec un engagement renouvelé pour rétablir la paix et soulager le peuple yéménite», a souligné l'ambassadeur américain dans un communiqué, critiquant les Houthis pour avoir retardé le processus précédent d'importation de carburant, faisant ainsi grimper les prix de l'énergie et provoquant une crise du carburant dans les zones qu'ils contrôlent.
« Le retard pris par les Houthis sur les navires pétroliers a eu des conséquences humanitaires défavorables : hausse des prix du pétrole et limitation de l'approvisionnement en carburant pour les services publics vitaux, notamment les hôpitaux », a-t-il observé.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com