Face aux tensions qui affectent le marché mondial des céréales, conséquence du conflit armé en Ukraine, l’Algérie se retrouve une nouvelle fois face au défi de développer sa production céréalière pour assurer l’autosuffisance.
Selon les agronomes, l’Algérie a besoin de produire plus de 8 millions de tonnes de céréales par an pour satisfaire ses besoins. Pour augmenter les surfaces cultivées et donc la production, des agronomes plaident pour l’instauration d’un impôt sur les terres en jachère, de sorte à inciter les propriétaires terriens à cultiver ces terres ou à les vendre aux cultivateurs.
Une fois cet aspect résolu, il faudra aussi tenir compte d’une problématique qui n’est pas des moindres : la sécheresse. L’objectif d’extension des superficies irriguées de 200 000 hectares et le système d’irrigation au goutte-à-goutte de 500 000 hectares pour accroître le rendement de la céréaliculture à 32 quintaux/hectare, sera-t-il réalisé, comme annoncé par le gouvernement, d’ici 2024 ?
En ces temps de sécheresse, il est à relever que la céréaliculture est très gourmande en eau. Produire 1 kilogramme de blé nécessite près de 600 litres d’eau, alors que le recours aux extractions effrénées des eaux souterraines aura de graves conséquences sur l’extinction des réserves hydriques naturelles.
Par-delà le stress hydrique, une question fondamentale reste posée : faut-il promouvoir un changement structurel des exploitations agricoles et encourager une agriculture industrielle et intensive pour satisfaire les besoins quantitatifs ? Pour produire des aliments en quantité suffisante, recourir à une agriculture intensive, qui n’est pas sans conséquences sur l’environnement et la santé constitue-t-elle la panacée ?
Sinon, les cultures vivrières et l’agriculture familiale de petite échelle sont-elles capables d’assurer une souveraineté alimentaire tant en termes d’efficacité économique, sociale et environnementale, comparée à l’agriculture industrielle ? Le secteur agricole peut-il trouver un moyen plus respectueux de l’environnement de produire la nourriture ? Il faut reconnaître que la politique agricole algérienne est traversée de courants difficilement conciliables que les empilements des correctifs successifs ne parviennent plus à rapprocher.
Comment, en effet, dépasser les sempiternelles oppositions entre d’une part une vision agricole qui est loin de rompre avec un productivisme qui affaiblit les sols, et met fortement à mal l’agro-diversité et la biodiversité et, d’autre part, la culture vivrière qui pourra difficilement atteindre les objectifs quantitatifs escomptés ?
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