BEYROUTH: Les autorités libanaises ont arrêté samedi quatre officiers de la Sûreté de l'État soupçonnés d'avoir torturé à mort un détenu syrien.
Les arrestations ont eu lieu sur ordre du commissaire du gouvernement auprès des tribunaux militaires, Fadi Akiki, qui a ordonné l'ouverture d'une enquête sur la mort en détention de Bachar Abdel-Saoud le mois dernier.
Cet assassinat dans le sud du Liban a suscité la colère et des militants ont partagé des photos de son corps, qui présentait des signes de torture.
La Sûreté de l'État a annoncé précédemment qu'elle avait arrêté une cellule affiliée à Daech dans la région de Bint Jbeil. Cette cellule aurait commis des meurtres en Syrie.
Abdel-Saoud occupait un poste de direction au sein de Daech et a tenté d'attaquer l'enquêteur, selon des responsables de la Sûreté de l'État.
CONTEXTE
Cet assassinat dans le sud du Liban a provoqué la colère et des militants ont partagé des photos du corps du détenu, qui présentait des signes de torture.
Selon eux, des officiers de sécurité l'ont retenu pour le calmer, mais il a fait une crise cardiaque et a été transféré à l'hôpital où il est décédé.
Une enquête a été ouverte sur l'incident et Akiki a décidé d'arrêter l'officier et trois membres de la Sûreté de l'État qui enquêtaient sur ce réseau.
Le médecin légiste qui a examiné le corps a publié un rapport réfutant les allégations selon lesquelles Abdel-Saoud serait mort d'une crise cardiaque.
La victime a souffert d'ecchymoses, de blessures graves, de brûlures et de violences physiques, a ajouté le rapport.
Les politiciens ont condamné sa mort sur les médias sociaux, ce qui a incité une source de la Direction générale de la Sûreté de l'État à annoncer qu’une enquête était en cours pour découvrir les circonstances de sa mort.
La même source a indiqué que la victime et d'autres détenus étaient affiliés à Daech.
En vertu d'ordonnances judiciaires, la direction publiera leurs aveux documentés concernant leur affiliation au groupe terroriste, selon la source.
Le ministre intérimaire de l'Environnement, Nasser Yassine, a souligné qu'il était temps d'approuver le règlement de la Commission nationale des droits de l'homme, qui stipule l'interdiction de la torture et la punition de ses auteurs.
Il a signalé que ce qui s'était passé avec le détenu syrien constituait un crime qui violait les droits de l'homme.
Il a avisé que le ministère public était tenu de mener une enquête sérieuse par la justice civile, et non par la justice militaire, et de respecter les principes d'une enquête sur les crimes de torture.
Le chef de la commission des droits de l'homme du Parlement, le député Michel Moussa, a déclaré: «Cela est un crime odieux contre un être humain, quelle que soit sa nationalité ou son affiliation.»
Moussa a demandé que tous ceux qui ont abusé de leurs pouvoirs et violé la loi soient tenus responsables.
Il a indiqué que le Liban a ratifié la Convention contre la torture adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies, puis le Protocole facultatif, et a approuvé la loi 65 de 2017 relative à la prohibition de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Moussa a affirmé que le Liban avait également mis en place la Commission nationale des droits de l'homme, qui comprend un comité contre la torture.
Mais Moussa a révélé que les autorités ne fournissaient pas tout ce qui permettrait à la commission de commencer son travail.
Le député Melhem Khalaf, ancien président du syndicat des avocats, a déclaré: «Nous nous sommes efforcés de modifier l'article 47 du Code de procédure pénale et avons rendu obligatoire la présence d'un avocat lors de l'enquête préliminaire. L'un de nos objectifs était de prévenir toute torture pendant les enquêtes.»
Le député Michel Douaihy a signalé que l'affaire ne pouvait être ignorée sans que les responsables aient à rendre des comptes et sans aborder la question de la torture.
Douaihy a exhorté le chef de la commission à inviter le ministre de l'Intérieur et le directeur général de la Sûreté de l'État à sa prochaine réunion afin de chercher à savoir et de prendre les mesures nécessaires contre les auteurs.
Le service juridique du groupe Justice Pioneers, un organisme militant pour les droits de l'homme, a soutenu que la victime n'était pas morte d'une crise cardiaque.
Le groupe a confirmé la disposition d'informations permettant de croire que le détenu a été torturé et que son cou a été brisé, ajoutant qu'il y avait une intention criminelle de tuer.
Il a prétendu que l'officier et les membres de la Sûreté de l'État avaient fait preuve de ce qu'il a qualifié de «comportement brutal» alors qu'ils étaient censés respecter les principes juridiques en menant des enquêtes préliminaires et en recherchant des indices.
Le groupe Justice Pioneers a également affirmé que les enquêteurs avaient violé la loi et les obligations, notamment celles stipulées dans l'article 41 du Code de procédure pénale.
Celles-ci prévoient qu'un membre de la sécurité peut interroger le suspect à condition que ce dernier fasse sa déclaration de son plein gré, en toute connaissance de cause et sans être soumis à la contrainte. S'il décide de garder le silence, il ne peut être forcé à parler.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.