AMMAN: La Jordanie a déclaré que ses pressions sur Israël avaient entraîné l’arrêt de tous les vols internationaux au départ de l’aéroport Ramon dans la ville d’Eilat.
Le ministre des Transports, Wajih Azaizeh, a déclaré que l’objection du pays à l’aéroport de la ville portuaire de la mer Rouge avait poussé l’établissement à n'assurer que des vols intérieurs.
Selon la liste des départs des vols sur le site Web de l’aéroport, aucun vol international n’est prévu pour les deux prochaines semaines.
Jusqu’au 16 septembre, les seuls départs réguliers de l’aéroport sont ceux d’Arkia Israeli Airlines et d’Israir Airlines vers l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv.
Les autorités aéroportuaires israéliennes avaient précédemment annoncé que les Palestiniens de Cisjordanie pouvaient effectuer des voyages internationaux via l’aéroport, ce qui a conduit la Jordanie à intensifier ses efforts diplomatiques auprès des Palestiniens pour annuler cette décision.
Avant l’annonce d’Israël, les Palestiniens souhaitant se rendre à l’étranger devaient d’abord entrer en Jordanie par le pont roi Hussein, dans la vallée du Jourdain, puis se rendre à Amman pour prendre des vols internationaux.
Sans donner plus de détails, M. Azaizeh a seulement précisé qu’aucun vol international ne partait de l’aéroport en raison de l’objection de la Jordanie.
Les autorités israéliennes n’ont pas réagi officiellement à sa déclaration.
Le secteur du tourisme jordanien a fait part de son inquiétude face à la décision israélienne, affirmant qu’elle entraînerait une «forte baisse» du nombre de Palestiniens voyageant à l’étranger en passant par le pays.
La Jordan Society of Tourism and Travel Agents s’attendait à ce que le nombre de Palestiniens visitant la Jordanie diminue de 65% s’ils décident de passer par Israël.
Elle a demandé au gouvernement d’intervenir, de résoudre le problème et de simplifier les procédures d’entrée pour les Palestiniens se rendant en Jordanie.
Le secteur de l’hôtellerie avait également mis en garde contre une perte de profit «importante» de plus de 50% en raison de la décision israélienne concernant l’aéroport.
Selon la société, environ 500 000 Palestiniens sont entrés en Jordanie par le pont pour faire du tourisme ou du tourisme de transit, ou pour rendre visite à des parents et amis en Jordanie.
Le Palestinian-Jordanian Business Forum a appelé les Palestiniens à boycotter l’aéroport Ramon, invoquant les conséquences pour l’économie de la Jordanie.
Il a déclaré que l’incapacité des Israéliens à faire fonctionner l’aéroport était la raison pour laquelle ils autorisaient les Palestiniens à l’utiliser.
Un haut fonctionnaire palestinien, qui a requis l’anonymat, a affirmé à Arab News que le refus des Israéliens de voyager via l’aéroport Ramon était la raison pour laquelle les Palestiniens pouvaient s’en servir.
«Ils (les Israéliens) ne sont jamais généreux avec nous», lance le fonctionnaire. «Ils érigent des barrières partout en Cisjordanie et nous empêchent de travailler, et encore moins de nous rendre à l’étranger. Cette “générosité soudaine” avait principalement à voir avec le refus des citoyens Israéliens de se servir de l’aéroport Ramon. Ils nous utilisent donc pour le faire fonctionner.»
Le pont Roi Hussein est souvent bondé, les Jordaniens et les Palestiniens accusant les Israéliens de compliquer intentionnellement les procédures de passage pour pousser les Palestiniens à passer par l’aéroport Ramon.
Lors d’une récente rencontre avec son homologue jordanien à Amman, Bishr al-Khasawneh, le Premier ministre palestinien, Mahmoud Ishtayeh, a mentionné que les Israéliens entravaient les déplacements des Palestiniens et compliquaient leurs procédures de voyage.
«Si le but des Israéliens est de faciliter les déplacements des Palestiniens, ils devraient ouvrir l’aéroport international de Jérusalem», souligne M. Ishtayeh.
Le ministère des Affaires étrangères et des expatriés avait auparavant déclaré que la construction de l’aéroport violerait l’espace aérien jordanien et le droit international, notamment l’article 1 de la Convention de Chicago relative à l’aviation civile internationale de 1944 et les normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
En 2019, la Jordanie a déposé une plainte officielle auprès de l’OACI au sujet de l’aéroport Ramon et des violations commises.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com