Attaque djihadiste en Suisse: le parquet requiert 14 ans de réclusion

Le tribunal pénal fédéral à Bellinzone. (AFP).
Le tribunal pénal fédéral à Bellinzone. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 01 septembre 2022

Attaque djihadiste en Suisse: le parquet requiert 14 ans de réclusion

  • La question de l'état mental de l'accusée qui, selon des experts, souffre d'un léger retard mental et d'une sorte de schizophrénie, est au coeur de ce procès
  • Le 24 novembre 2020, l'accusée --28 ans au moment des faits et convertie à l'islam-- a tenté d'égorger deux femmes dans un grand magasin de Lugano

BELLINZONE: Le parquet suisse a requis jeudi 14 ans de réclusion contre la Suissesse ayant tenté d'égorger en 2020 deux femmes dans un grand magasin au nom du groupe djihadiste Etat islamique, estimant que les problèmes mentaux dont elle souffre ne sont pas incompatibles avec le "terrorisme".

Toutefois, la procureure, Elisabetta Tizzoni, a demandé que la peine de 14 ans de "réclusion" soit "suspendue" afin que l'accusée suive un traitement médical dans un centre fermé tant que le risque de récidive demeure.

"La folie ne dépend pas de l'homme mais de la cause", ont été les premiers mots de la procureure, à l'ouverture de son réquisitoire au tribunal pénal fédéral à Bellinzone (sud).

"Acte de folie ou terrorisme? Les deux hypothèses ne s'excluent pas", a-t-elle poursuivi, soutenant qu'une personne souffrant de problèmes mentaux "peut être capable de commettre un acte terroriste".

La Suisse n'a pas connu d'attentat djihadiste d'envergure mais deux attaques au couteau en 2020.

Le 24 novembre 2020, l'accusée --28 ans au moment des faits et convertie à l'islam-- a tenté d'égorger deux femmes dans un grand magasin de Lugano, région italophone suisse, après avoir acheté un couteau sur place.

L'une des victimes, grièvement blessée au cou, s'est constituée partie civile et réclame 440.000 francs suisses (450.000 euros).

La seconde, blessée à une main, a réussi à maîtriser l'assaillante avec d'autres personnes.

"L'inculpée a porté le terrorisme à nos portes. (...) C'est un cas symbolique pour notre pays", a déclaré la procureure.

En l'espèce, a-t-elle poursuivi, "l'inculpée a commis un attentat terroriste avec une arme blanche", avant d'asséner: elle "voulait tuer, sans scrupule et sans pitié, non pas une mais plusieurs victimes au nom d'une idéologie violente".

Selon les experts cités à la barre cette semaine par la cour, l'accusée souffre d'un léger retard mental et d'une sorte de schizophrénie et présente un risque de récidive.

La défense devrait s'appuyer sur son état mental pour réfuter le motif "terroriste".

Lors de l'attaque, la jeune femme avait crié à plusieurs reprises "Allahou Akbar" et "Je vengerai le prophète Mahomet", et déclaré "Je suis ici pour l'EI", en référence au groupe djihadiste Etat islamique, selon l'acte d'accusation.

Elle est jugée pour "tentatives répétées d'assassinat" et violation de l'article de la loi fédérale interdisant les groupes djihadistes Al-Qaïda et Etat islamique. Elle est également poursuivie pour avoir exercé la prostitution sans le déclarer entre 2017 et 2020.

Elle "voulait répandre la peur et l'effroi, mais aussi diffuser le message de l'Etat islamique", a affirmé la procureure.

Le verdict pourrait tomber le 19 septembre et les parties pourront faire appel.

Noël

Pendant son interrogatoire par la cour, l'accusée, née de père suisse et de mère serbe, n'a fait état d'aucun remords, et a même assuré que si c'était à refaire, elle le referait mais "mieux... avec des complices".

Elle a répondu volontiers aux nombreuses questions de la cour sur son mode opératoire et a expliqué avoir voulu agir le 24 décembre, avant finalement d'opter pour le 24 novembre, craignant qu'il n'y ait trop de sécurité à la veille de Noël.

C'est sur les réseaux sociaux qu'elle a découvert il y a plusieurs années le djihadisme et le groupe Etat islamique, y publiant elle-même des messages et des photos sur le sujet. Elle a assuré avoir déjà fait part sur ces réseaux de sa volonté d'organiser une attaque.

Elle tenait depuis longtemps, a-t-elle insisté, à "faire quelque chose pour l'Etat islamique" et à prouver qu'elle pouvait commettre un "acte terroriste".

C'est d'ailleurs sur ces réseaux qu'elle est "tombée amoureuse" en 2017 d'un combattant djihadiste en Syrie, qu'elle a tenté de rejoindre avant d'être arrêtée à la frontière turco-syrienne et renvoyée en Suisse, puis placée dans une institution psychiatrique.

Selon les deux experts en psychiatrie cités à la barre par la cour, la jeune femme présente un risque de récidive et doit être placée dans une institution fermée où elle pourra continuer à bénéficier de soins psychiatriques.

Elle est actuellement incarcérée en exécution anticipée de peine, et bénéficie d'un traitement médical.

Suivie depuis très jeune par des psychologues, la jeune femme a souffert de crises d'épilepsie pendant l'enfance et d'anorexie pendant l'adolescence. Elle n'a pas fait d'études supérieures mais elle a fait des stages de coiffure et de vendeuse.

Elle a expliqué être tombée enceinte à 17 ans de son futur mari, d'origine afghane, qu'elle a épousé à 19 ans et dont elle a fini par divorcer en 2021. Son mari ne voulait pas qu'elle étudie, ni qu'elle avorte. Ne souhaitant pas s'occuper de l'enfant, elle l'a confié à ses parents, qui l'ont adopté.

La Suisse n'a pas connu d'attentat djihadiste d'envergure mais deux attaques au couteau en 2020.


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

Short Url
  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Short Url
  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Short Url
  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.