Les Américains, à cran, votent pour départager Trump et Biden

Joe Biden, candidat démocrate à la présidence et ancien vice-président des États-Unis. (ROBERTO SCHMIDT / AFP)
Joe Biden, candidat démocrate à la présidence et ancien vice-président des États-Unis. (ROBERTO SCHMIDT / AFP)
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

Les Américains, à cran, votent pour départager Trump et Biden

  • Les Américains se rendent mardi aux urnes dans un contexte très tendu pour livrer leur verdict sur le mandat hors norme de Donald Trump
  • "Je veux restaurer la décence et l'honneur à la Maison Blanche"

Les Américains se rendent mardi aux urnes dans un contexte très tendu pour livrer leur verdict sur le mandat hors norme de Donald Trump, qui espère faire mentir les sondages et battre Joe Biden lors de cette présidentielle historique.

Près de 100 millions d'électeurs, soucieux d'éviter le risque du Covid-19 dans des files d'attente le jour de l'élection, ont voté par anticipation ces dernières semaines, ce qui laisse augurer d'une participation record.

Malgré un bilan plombé par la pandémie, le président républicain a assuré avoir une "très solide chance de gagner" face à son rival démocrate, lors d'un entretien sur la chaîne Fox News au petit matin.

Armé de son indéniable énergie sur les estrades, le milliardaire de 74 ans mise sur l'ardeur de ses partisans, chauffés à blanc par une campagne d'une agressivité inouïe, pour créer la surprise, comme en 2016.

Favori des sondages depuis des mois, Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama, compte lui sur le rejet que suscite son rival auprès d'une large partie de l'électorat pour remporter une "large victoire".

"Je veux restaurer la décence et l'honneur à la Maison Blanche", a-t-il lancé mardi, armé d'un mégaphone, devant un petit groupe de partisans dans sa ville natale de Scranton, dans l'Etat-clé de Pennsylvanie.

Donald Trump se rendra lui dans un QG du parti républicain à Arlington, dans la banlieue de de Washington, pour sa dernière sortie publique d'une campagne bouleversée par le coronavirus, qui a fait plus de 230.000 morts aux Etats-Unis.

"Virer Trump"

"Je veux virer Trump", confiait à l'AFP Veronica Castro, une éducatrice de 37 ans croisée dans un bureau de vote à Easton en Pennsylvanie. "Il n'y a pas moyen: on ne va passer passer quatre ans de plus avec lui !"

A l'inverse, Juan Carlos Bertran, un Américain d'origine cubaine, a voté pour le président sortant à Miami, parce qu'il le juge "meilleur pour l'économie" américaine.

Partout les électeurs se méfiaient de l'attitude du camp adverse. "Trump va faire tout ce qui est en son pouvoir pour gagner, c'est effrayant", estimait Megan Byrnes-Borderan, une New-Yorkaise démocrate de 35 ans.

Le président assure depuis des mois, sans apporter de preuves, que le vote par courrier va susciter des fraudes massives et entretient le doute sur son attitude. 

Il a assuré mardi qu'il ne déclarerait pas victoire avant l'annonce des résultats officiels, balayant les spéculations de plusieurs médias américains. "Il n'y a aucune raison de tirer des plans sur la comète", a-t-il dit sur Fox News.

Mais "dès que l'élection sera terminée, nos avocats seront prêts", a-t-il aussi dit par le passé.

Le vote par correspondance risque de retarder le dépouillement, car le décompte des bulletins arrivés dans les jours suivant le scrutin est possible dans de nombreux Etats.

Signe tangible des angoisses suscitées par le scrutin, les commerces de plusieurs grandes villes, dont Washington, Los Angeles ou New York, se sont barricadés en prévision de possibles violences post-électorales. 

"L'Amérique d'abord" 

Pendant toute la campagne, l'Amérique a donné au monde l'image d'un pays scindé en deux blocs qui ne se parlent plus.

Pendant des mois, Donald Trump a agité le spectre d'une "gauche radicale" prête à transformer la première puissance mondiale en un "Venezuela à grande échelle". "S'ils gagnent, notre pays ne sera plus jamais le même", a-t-il encore lancé mardi.

Le magnat de l'immobilier passé par la téléréalité avant de faire irruption en politique avec un message populiste, "l'Amérique d'abord", continue de se présenter en "outsider" en lutte contre un "establishment corrompu".

Le démocrate Joe Biden, soutenu par Barack Obama, multiplie les mises en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices sur les institutions démocratiques d'un second mandat Trump, étrillé comme "le pire président" de l'histoire récente des Etats-Unis.

Ce vieux routier de la politique, pur représentant de l'aile modérée du parti démocrate, a aussi fait de l'élection un référendum sur la gestion de la pandémie par le républicain.

Donald Trump n'a lui cessé d'être rattrapé par cette crise sanitaire qu'il s'est toujours efforcé de minimiser. Jusqu'à être lui-même contaminé et hospitalisé, début octobre. "Je suis guéri" et "immunisé", martèle-t-il depuis.

Etats-clés

A en croire les sondages, le président pourrait perdre le vote populaire, mais ses chances ne sont pas nulles pour autant. 

Pour l'emporter, un candidat n'a pas besoin d'être majoritaire en voix au niveau national: il doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des Etats. 

Une poignée d'Etats où les deux candidats semblent au coude-à-coude joue donc un rôle primordial. 

Mardi soir, dans un premier temps, tous les regards seront braqués sur la Floride, qui a promis d'afficher la couleur dans la nuit. Sans cet Etat qu'il avait gagné en 2016, c'est mission quasi-impossible pour Donald Trump.

En revanche, s'il parvient à conserver la Floride, l'attention se déplacera vers la Pennsylvanie. Les intentions de vote y sont un peu plus favorables à l'ancien vice-président, mais avec un écart proche de la marge d'erreur.

Les résultats des candidats au Congrès sont également à suivre, puisque les marges de manoeuvre du futur président dépendront de la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.