Trump ou Biden? Les Américains aux urnes dans un pays sous tension

Le dernier jour de la campagne, le président américain Donald Trump a maintenu le rythme effréné qui a marqué sa tentative de rester à la Maison Blanche (Photo, AFP)
Le dernier jour de la campagne, le président américain Donald Trump a maintenu le rythme effréné qui a marqué sa tentative de rester à la Maison Blanche (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

Trump ou Biden? Les Américains aux urnes dans un pays sous tension

  • « Demain, nous allons gagner quatre ans de plus à la Maison Blanche », a lancé Donald Trump
  • Les démocrates, Joe Biden et Barack Obama en tête

WASHINGTON : Des dizaines de millions d'Américains se rendent mardi aux urnes pour choisir entre Donald Trump et Joe Biden lors d'une élection présidentielle historique dans une Amérique divisée à l'extrême.

Favori des sondages depuis des mois, Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama, espère enfin décrocher les clés de la Maison Blanche à sa troisième tentative.

Armé de son indéniable énergie sur les estrades, le président républicain sortant, 74 ans, qui a mené une campagne d'une agressivité inouïe, promet de son côté de créer de nouveau la surprise, comme en 2016.

« Demain, nous allons une nouvelle fois écrire une page d'histoire », a-t-il lancé lors de son ultime meeting à Grand Rapids, dans le Michigan, évoquant une « magnifique victoire » à venir. 

« J'ai le sentiment que nous allons vers une large victoire », avait lancé, quelques heures plus tôt, Joe Biden depuis Pittsburgh, la ville où il avait débuté sa campagne il y a 18 mois.

La campagne a été dominée par la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 230.000 morts aux Etats-Unis et s'est encore aggravée ces derniers jours.

« Pas quatre ans de plus! »

« Je ne supporterai pas quatre ans de plus avec Trump », a confié une des partisanes de Joe Biden, Jane Perry, 65 ans, croisée à Pittsburgh, où l'ancien vice-président a participé un meeting lundi soir en présence de Lady Gaga.

A l'inverse, Lara Schmidt, 42 ans, espère un « raz-de-marée » en faveur du président, qu'elle a écouté avec ferveur à Scranton. « Mais si les votes par correspondance se font dans l'illégalité, je me mettrai à genoux pour prier », dit-elle, inquiète.  

Au moment où certaines villes se préparent à d'éventuels débordements violents, l'Amérique donne au monde l'image d'un pays scindé en deux blocs qui ne se parlent plus.

Pendant des mois, Donald Trump a agité, scénarios apocalyptiques à l'appui, le spectre d'une « gauche radicale » prête à transformer la première puissance mondiale en un « Venezuela à grande échelle ».

Les démocrates, Joe Biden et Barack Obama en tête, multiplient eux les mises en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices sur les institutions démocratiques d'un second mandat Trump.

Près de 100 millions d'Américains ont déjà voté par anticipation, en personne ou par correspondance, pour éviter les bureaux de vote bondés en pleine pandémie. Depuis des semaines, Donald Trump critique cette option, l'accusant sans preuve de favoriser la fraude électorale.

Les cinq électeurs de Dixville Notch, un hameau de douze habitants du nord-est des Etats-Unis, ont lancé symboliquement l'élection présidentielle mardi à minuit, en votant à l'unanimité pour le démocrate Joe Biden.

Ce village perdu dans les forêts du New Hampshire, près de la frontière canadienne, a perpétué une tradition établie depuis 1960, qui lui vaut le titre de « First in the Nation » (Premier du pays).

Hormis le village voisin de Millsfield qui votait également dans la nuit, la plupart des bureaux de vote de la côte est ouvriront à 06H00 (11H00 GMT) ou 07H00 (12H00 GMT) mardi.

Le scrutin oppose deux hommes radicalement différents.

D'un côté, un héritier de New York, magnat de l'immobilier passé par la téléréalité avant de faire irruption en politique avec un message populiste,  »l'Amérique d'abord », et qui continue de se présenter en « outsider » malgré ses quatre années passées à la Maison Blanche.

De l'autre, un vieux routier de la politique issu des classes moyennes -- au compteur, 36 années comme sénateur puis huit de plus comme vice-président -- qui promet de panser les plaies d'un pays meurtri en remportant "la bataille pour l'âme de la nation".

Après deux échecs en 1988 et 2008, Joe Biden, pur produit de l'aile modérée du parti démocrate, s'est imposé aux primaires de son camp avec un message simple: battre Donald Trump, étrillé comme « le pire président » de l'histoire récente des Etats-Unis.

Peu à peu, il a aussi fait de l'élection de mardi un référendum sur la gestion de la pandémie par le républicain.

Ce dernier n'a lui cessé d'être rattrapé par cette crise sanitaire qu'il s'est toujours efforcé de minimiser.

Jusqu'à être lui-même contaminé et hospitalisé, début octobre. « Je suis guéri » et « immunisé », martèle-t-il depuis, reparti en campagne avec une indéniable énergie en appelant les Américains à ne pas laisser le Covid-19 « dominer » leurs vies.

Participation très élevée

La participation s'annonce historiquement élevée, avec plus de 97 millions d'électeurs qui ont déjà voté par anticipation avant mardi -- par courrier ou en personne --, soit plus de 70% du nombre d'électeurs total de 2016.

Les démocrates avaient appelé à voter en amont en raison du virus, et il faudra voir si les républicains, plus enclins à se déplacer aux urnes le jour-même, seront au rendez-vous.

L'accumulation record de votes par courrier, qui dans certains Etats pourront affluer jusqu'à plusieurs jours après mardi, risque aussi de compliquer le dépouillement, voire retarder l'annonce d'un vainqueur si le résultat est serré.

« Dès que l'élection sera terminée, nos avocats seront prêts », a prévenu Donald Trump, qui, fait inédit pour un président sortant, a obstinément refusé de s'engager à accepter l'issue du vote.

Pour l'emporter, un candidat n'a pas besoin d'être majoritaire en voix au niveau national: il doit gagner la majorité d'au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des Etats.

Mardi soir, dans un premier temps, tous les regards seront braqués sur la Floride, l'un des Etats-pivots les plus célèbres, et qui a promis d'afficher la couleur dès la nuit électorale. Sans cet Etat qu'il avait gagné en 2016, c'est mission quasi-impossible pour Donald Trump.

En revanche, s'il parvient à conserver la Floride, où il est au coude-à-coude avec Joe Biden dans les sondages, l'attention se déplacera vers la Pennsylvanie, l'Etat natal du démocrate. Là, les intentions de vote sont un peu plus favorables à l'ancien vice-président, mais avec un écart proche de la marge d'erreur.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.