L'imam Iquioussen en fuite, le Maroc suspend son laissez-passer consulaire

L'Imam Hassan Iquioussen, alors président de l'association en charge de la gestion de la mosquée des Escaudain à Escaudain, est photographié dans le nord de la France, le 18 juin 2004 (Photo, AFP).
L'Imam Hassan Iquioussen, alors président de l'association en charge de la gestion de la mosquée des Escaudain à Escaudain, est photographié dans le nord de la France, le 18 juin 2004 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 30 août 2023

L'imam Iquioussen en fuite, le Maroc suspend son laissez-passer consulaire

  • Mardi après-midi, quand la police s’est rendue au domicile du prédicateur de nationalité marocaine, à Lourches, près de Valenciennes (Nord), il avait pris la fuite
  • L’imam est accusé «d’incitation à la haine» et d'antisémitisme, dans des propos qu’il a tenus lors de discours publics entre 2003 et 2019

PARIS: Visé par une demande d’expulsion vers le Maroc par le Conseil d’État français, l’imam Hassan Iquioussen a pris la fuite dans la nuit de mardi à mercredi, selon plusieurs médias français et marocains. 

Mardi, à la suite de la décision du Conseil d’État, qui a donné son feu vert à l’expulsion de l’imam vers le Maroc, la police s’est rendue dans l’après-midi au domicile du prédicateur de nationalité marocaine, à Lourches, près de Valenciennes (Nord), afin de l’interpeller pour l’expulser vers le Maroc. Cependant, l'un de ses fils leur aurait indiqué qu’il ne se trouvait pas à son domicile, selon Europe 1.

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Des policiers près d'une maison appartenant à la famille d'Iman Hassan Iquioussen, à Lourches, dans le nord de la France (Photo, AFP).

La classe politique n’a pas manqué de réagir à la fuite de l’imam. Le député LR Éric Ciotti a estimé que son départ était une «humiliation pour notre pays». Pour sa part, la vice-présidente RN de l’Assemblée nationale, Hélène Laporte, a déploré que «bien que fiché S depuis dix-huit mois, l’imam Iquioussen soit introuvable malgré la surveillance de l’État». 

Le fils de l’imam, quant à lui, a témoigné sur RMC, affirmant ne pas comprendre le dispositif déployé contre son père. Soufiane Iquioussen indique être sous le choc et assure «ne pas avoir de nouvelles» de son père.

Le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, a affirmé mercredi que Hassan Iquioussen était susceptible d'avoir pris la fuite en Belgique.

«Le scénario qui est aujourd'hui privilégié est une fuite en Belgique de M. Iquioussen», a déclaré le préfet lors d'une conférence de presse, qualifiant le prédicateur, mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République, de «délinquant» dès lors «qu'il s’est soustrait à un arrêt d’expulsion».

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a précisé en début de soirée qu'il donnerait à son homologue belge "des informations" sur l'imam Hassan Iquioussen, qui serait "manifestement en Belgique", afin qu'il ne puisse "pas venir en France".

"Il sera interdit de venir en France. Tant mieux", a ajouté le ministre sur la chaîne de télévision France 5, alors qu'un début de polémique a commencé à poindre avec l'annonce de la fuite de l'imam.

M. Darmanin a affirmé en outre que le gouvernement avait "pris des actes administratifs très importants pour l'empêcher de revenir" en France.

À la question de savoir si les autorités n'avaient pas été suffisamment vigilantes pour l'empêcher de partir, M. Darmanin a répliqué que la France n'était "pas une dictature".

"Le droit ne permet pas de mettre dans des prisons en (détention) préventive avant que quelqu'un ne soit condamné", a souligné le ministre.

Avant la décision du Conseil d'Etat, "il n'était pas fugitif délinquant", a-t-il ajouté.

 

Le Maroc suspend le «laissez-passer consulaire» permettant de l'accueillir

Le Maroc a suspendu le "laissez-passer consulaire" qu'il avait délivré le 1er août à l'imam Hassan Iquioussen afin de permettre son expulsion par la France vers ce pays, a appris mercredi l'AFP de source proche du dossier.

Cette source proche du Maroc a expliqué cette décision par le fait qu'il "n'y avait pas eu de concertations avec les autorités marocaines", au lendemain de la décision du Conseil d’État ouvrant la voie à son expulsion. La décision d'expulsion est "unilatérale", a-t-on ajouté.

Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on a rappelé que la validité d'un laissez-passer était de "60 jours", soulignant qu'il serait "incompréhensible que ce document qui n'a d'autre fonction que d'officialiser la reconnaissance par le Maroc de la nationalité de M. Iquioussen soit suspendu".

"Comment peut-on reconnaître la nationalité d’un de ses ressortissants un jour et ne plus la reconnaître le lendemain ?", s'est étonné l'entourage de Gérald Darmanin.

Qui est Hassan Iquioussen?

Hassan Iquioussen est un imam marocain de 58 ans qui est né et réside en France. Il a cinq enfants et quinze petits-enfants, tous français. Selon le ministère de l’Intérieur, le prédicateur a fait le choix à sa majorité de «répudier» la nationalité française. Il est dans le radar des services de renseignement depuis des années, et fiché S depuis un an et demi.

Homme à la réputation sulfureuse, il n'a jamais caché ses sympathies pour la mouvance islamiste des Frères musulmans ni son adoration pour Oussama ben Laden, «grand combattant contre les Américains» et «grand défenseur de l'islam». «Ce sont ses propos, ses croyances et ses agressions verbales qui se transforment en violence physique. Du coup, à un moment donné, des frappes terroristes peuvent survenir», estime Christian Gravel, secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR).

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin avait salué la décision d'expulser l'imam pour «discours de haine» et «rhétorique antisémite» considérant cette expulsion comme une «victoire de la république».

Iquioussen a réussi à réunir autour de lui un large public qui écoute ses prêches dans les mosquées ou en ligne. Il a atteint 174 000 abonnés sur YouTube et 44 000 sur Facebook.

«Incitation à la haine»

Dans son arrêté d'expulsion, le ministère de l'intérieur a notamment reproché à l'imam «un discours à teneur antisémite particulièrement virulent». Dans des vidéos diffusées sur internet, Iquioussen décrit les juifs comme «avares et usuraires», les accusant d'être «les meilleurs de la trahison et du crime» et d'éviter «les autres qu'ils considèrent comme des esclaves». «Souvenez-vous de cela, parce que vous comprendrez ce qui se passe aujourd'hui. Les juifs ont continué à comploter contre l'islam et les musulmans», a-t-il affirmé.

D’autre part, l’imam a fait des remarques complotistes et a suggéré que les frappes terroristes dans les pays occidentaux sont des «pseudo-attaques» orchestrées pour alimenter l'islamophobie.

«Vous connaissez ce film, ces dessins animés, c'est quoi le but? Ce n'est pas que les non- musulmans nous détestent, c'est déjà fait, ils l'ont fait avec le 11-septembre, ils l'ont fait avec le 18 juillet, Londres, Madrid. Vous voyez toutes ces pseudo-affaires? Oui? Ces pseudo-attaques visent à effrayer les non-musulmans dans la peur de l'islam et des musulmans», a-t-il déclaré. 

 

Une "carence" administrative

Passer la frontière belge pour éviter une expulsion vers le Maroc, un délit ? Pas forcément. L'imam Iquioussen, dont la France pense qu'il a fui pour se soustraire à son éloignement, a plutôt profité d'une "carence dans la loi", estiment les spécialistes.

Selon les spécialistes de ces procédures, l'imam aux 178.000 abonnés sur YouTube n'a commis aucune infraction pour ce qui est de son expulsion.

"Cet imam a profité d'une carence dans la loi", estime Amine Elbahi, juriste en droit public, interrogé sur BFM TV.

Hassan Iquioussen, 58 ans, n'est en effet pas visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), qui l'aurait obligé à être reconduit dans son pays d'origine (le plus souvent après avoir été placé en centre de rétention), mais par un arrêté d'expulsion, signé le 29 juillet par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lui-même.

"Le principe d'un tel arrêté est simplement qu'il quitte le territoire français, sans aucune obligation de retour dans le pays d'origine. Donc il n'est pas en infraction, ni n'a commis de délit s'il est bien en Belgique", abonde auprès de l'AFP Serge Slama, professeur de droit public et spécialiste du droit constitutionnel.

Les autorités belges, elles, ont indiqué ne pas rechercher l'imam, qui fait l'objet d'une procédure administrative seulement en France.

Une pensée misogyne «dominante»

«Il est regrettable qu'aujourd'hui les femmes considèrent que servir leur mari et leurs enfants est une punition, alors que c'est une bénédiction», a également affirmé Iquioussen.

En 2014, sur sa chaîne YouTube, Iquioussen s'est moqué d’une téléspectatrice qui lui a dit qu'elle n'appréciait pas son commentaire selon lequel «la place de la femme est dans la cuisine». En effet, l’imam avait déclaré que «la place de la femme est dans la cuisine, dans le salon». «Je ne vois pas pourquoi vous êtes allergique à la cuisine. Vous pensez que nous sommes misogynes. Mais, il est évident que c'est la femme qui est plus souvent dans la cuisine que l'homme. Généralement, si l'homme est dans la cuisine, c’est pour ouvrir le frigo, ce n'est pas pour faire la vaisselle ou préparer à manger.»

Un combat judiciaire

L'avocate de l'imam, Me Lucie Simon, a réagi sur le même réseau social en estimant que cette décision symbolisait «un État de droit affaibli» et a déploré «un contexte alarmant de pression de l’exécutif sur le judiciaire».

«Le combat judiciaire continue, le tribunal administratif de Paris sera amené à se pencher sur le fond du dossier prochainement et Hassan Iquioussen étudie la possibilité de saisir de nouveau la CEDH», a-t-elle expliqué

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait refusé de suspendre l'expulsion début août, expliquant qu'elle n'accordait des mesures provisoires de suspension «qu'à titre exceptionnel», lorsque le requérant est exposé «à un risque réel de dommages irréparables».

Les accusations «d'incitation à la haine» et d'antisémitisme découlent de propos tenus lors de discours publics prononcés entre 2003 et 2019.

 

(Avec AFP)


Macron en Asie du Sud-Est pour porter la voix française face aux crises mondiales

Le président français Emmanuel Macron (C) attend sur les marches du palais présidentiel de l'Élysée d'accueillir le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (non photographié) avant une réunion et un dîner de travail, à Paris, le 22 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) attend sur les marches du palais présidentiel de l'Élysée d'accueillir le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (non photographié) avant une réunion et un dîner de travail, à Paris, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron débutera dimanche une tournée en Asie du Sud-Est, nouvelle déclinaison de la "stratégie indopacifique" de la France
  • Vietnam, Indonésie, Singapour: trois pays pour trois visites d'Etat en six jours

Hanoï, Vietnam: Emmanuel Macron débutera dimanche une tournée en Asie du Sud-Est, nouvelle déclinaison de la "stratégie indopacifique" de la France pour proposer une troisième voie entre Washington et Pékin et défendre ses positions sur les conflits en Ukraine et Gaza.

Vietnam, Indonésie, Singapour: trois pays pour trois visites d'Etat en six jours, où le président français veut se poser en partenaire "fiable" et "respectueux" de la "souveraineté" et de l'"indépendance" de ces Etats dans une région "prise entre les Etats-Unis et la Chine", a affirmé son entourage.

Emmanuel Macron est attendu dimanche soir à Hanoï, capitale du Vietnam, pays au passé colonial français, souvent douloureux, où il rencontrera lundi les dirigeants et mardi des acteurs du secteurs de l'énergie, autre thème-clé de la tournée.

La France espère faire valoir son expertise dans le nucléaire civil, au Vietnam comme en Indonésie, qui veut se convertir à cette énergie, même si d'autres pays, dont la Russie, sont sur les rangs.

A Jakarta, en Indonésie, il s'entretiendra aussi mercredi avec le secrétaire général de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), Kao Kim Hourn.

L'occasion de défendre la position française de "puissance d'équilibre", qui peut être vue avec bienveillance dans la région.

La volonté de la France "de s'engager résolument dans la géopolitique indopacifique offre au Vietnam un contrepoids utile face à l'influence grandissante de la Chine", estime ainsi Nguyen Khac Giang, chercheur au ISEAS-Yusof Ishak Institute de Singapour.

- "Double standard" -

Paris et Jakarta partagent une même "préoccupation" au sujet des "tensions qui règnent actuellement en raison de la rivalité entre les grandes puissances", abonde Lina Alexandra, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) dans la capitale indonésienne.

"Nous, nous défendons l'idée de règles du commerce international, nous ne souhaitons pas une jungle où la loi du plus fort s'impose", sera en substance le message du président français à ses partenaires du Sud-Est asiatique, selon un de ses conseillers. Pour mieux cibler en creux une Amérique qui met "une pression extrêmement forte" via les taxes commerciales de Donald Trump, et des autorités chinoises de plus en plus offensive sur les contentieux à la fois commerciaux et territoriaux, notamment en mer de Chine méridionale, a ajouté la présidence française.

Emmanuel Macron s'est d'ailleurs entretenu avant son départ avec son homologue chinois Xi Jinping, qui vient lui-même de faire une tournée régionale en passant par Hanoï, et auprès duquel il a plaidé pour des "conditions de concurrence équitables".

Enfin à Singapour, vendredi, le chef de l'Etat prononcera le discours d'ouverture du Shangri-La Dialogue, plus grand forum asiatique sur la sécurité et la défense.

Il entend marteler que "la guerre menée par la Russie en Ukraine est un conflit qui a des conséquences mondiales", "y compris pour l'Asie du Sud-Est", selon l'Elysée, puisqu'il "s'agit d'une remise en cause de la souveraineté" et que Moscou "déstabilise l'Asie" en "faisant combattre les soldats nord-coréens sur le sol européen contre les Ukrainiens et en soutenant les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord".

Là aussi, la France veut se poser en partenaire de défense solide, notamment auprès de l'Indonésie, qui s'est fournie par le passé notamment en Russie pour ses avions de chasse. Jakarta "entend se diversifier" en la matière, pour "ne pas dépendre d'un seul fournisseur", assure Lina Alexandra.

Enfin, au Shangri-La Dialogue comme devant les étudiants universitaires qu'il rencontrera au Vietnam et en Indonésie, le président français veut tenter de tordre le cou à la vision d'un "double standard" européen et occidental entre la guerre en Ukraine et le conflit à Gaza.

"Nous comprenons parfaitement les sensibilités des communautés musulmanes dans la région", a expliqué ce conseiller du président français, assurant vouloir démontrer que celui-ci est "particulièrement impliqué" pour "parvenir à la paix au Proche-Orient".

En vue de la conférence que coprésidera la France avec l'Arabie saoudite en juin à l'ONU sur la solution dite "à deux Etats", palestinien et israélien, la reconnaissance de l'Etat d'Israël est aussi "un enjeu" de l'étape en Indonésie, pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde, selon l'Elysée.


Les taxis en colère bloquent les accès à des gares parisiennes

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  • "On bloque tout pour se faire entendre. Le service taxi ne sera pas honoré", a lancé Abdel Heouamel, 43 ans, taxi parisien
  • L'intersyndicale des taxis a entamé lundi une mobilisation massive, avec pour centre le boulevard Raspail à Paris, près du quartier des ministères

PARIS: Des dizaines de taxis bloquaient vendredi les prises en charge à la Gare de Lyon et à la Gare du Nord, à Paris, manifestant contre une nouvelle convention régissant le transport de patients mais aussi contre la concurrence des véhicules avec chauffeur (VTC).

"On bloque tout pour se faire entendre. Le service taxi ne sera pas honoré", a lancé Abdel Heouamel, 43 ans, taxi parisien.

Vers 9H, une trentaine d'artisans ont bloqué la Gare de Lyon, puis vers midi une autre trentaine la Gare du Nord, a constaté un journaliste de l'AFP. "Viens avec nous", lançaient les taxis à leurs collègues non grévistes, les poussant à éteindre leur "lumineux", l'enseigne qui signale en vert ou en rouge leur disponibilité.

Réunion samedi 

L'intersyndicale des taxis a entamé lundi une mobilisation massive, avec pour centre le boulevard Raspail à Paris, près du quartier des ministères.

Les artisans protestent notamment contre la nouvelle tarification prévue par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), qui rembourse les transports de patients sur prescription, activité essentielle dans le chiffre d'affaires de certains taxis.

L'objectif est de contrôler la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d'euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (avec un bond de 45% depuis 2019).

Ces trajets vers les hôpitaux ou cabinets médicaux représentent la majorité du chiffre d'affaires de nombreux chauffeurs, surtout dans les petites villes.

"Ce que la CNAM propose est viable, mais on peut pas tout faire d'un coup. Pour moi c'est -60% de chiffre d'affaires!", expliquait devant la Gare du Nord un taxi de la région lyonnaise.

La mobilisation "montre que le gouvernement a très largement sous-estimé l'impact humain, économique et social des pratiques déloyales organisées dans le secteur du VTC ainsi que de la nouvelle convention pour le transport de malades", a observé l'intersyndicale dans une lettre adressée jeudi au Premier ministre.

Les taxis ont depuis obtenu une réunion samedi au ministère des Transports en présence du Premier ministre. Ils demandent notamment le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d'un médiateur.

Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu'il n'allait "pas faire machine arrière".

"Il s'agit de faire entre 100 et 150 millions d'économies sur 6,3 milliards. Donc, c'est 2% d'économies qui seront faites sur l'efficacité, pas sur le service aux malades", a déclaré vendredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur BFMTV/RMC.

"Il ne faut pas abîmer ce qui est l'accès aux soins pour les Français. Donc il faut travailler sur l'organisation des flux avec les taxis, s'assurer qu'on fait le maximum pour réduire les frais", a-t-elle ajouté.

Le patron de l'Assurance maladie a assuré de son côté que le nouveau système de tarification prévu à partir d'octobre pour les transports de malades sera "économiquement pertinent pour eux et soutenable pour l'Assurance maladie".

VTC 

Le climat s'est tendu à plusieurs reprises cette semaine entre les taxis et les forces de l'ordre mais aussi avec les conducteurs de voitures de transport avec chauffeur (VTC).

De nombreux taxis manifestent en effet également contre la concurrence des VTC, coordonnés par des plateformes comme Uber ou Bolt.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a demandé aux forces de l'ordre de renforcer les contrôles des VTC, accusés par les taxis de pratiques irrégulières.

Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l'AFP, le ministre de l'Intérieur met en exergue "les incidents récurrents" des derniers mois qui "démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC".

En cause, selon M. Retailleau, "des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique".

Le ministre a demandé que les forces de l'ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d'inscription au registre VTC. Ces trois nouveaux types de verbalisation sont expérimentés depuis avril dans 12 tribunaux, dont Marseille, Paris, et Lille.

 


Voile, sujets régaliens: Gabriel Attal droit sur sa ligne

Le président du groupe parlementaire Ensemble Pour la République Gabriel Attal (à droite) et le député et conseiller municipal d'Ensemble Pour la République à Saint-Cloud Pierre Cazeneuve (à gauche) sortent d'une réunion avec le Premier ministre français dans le cadre des consultations sur la représentation proportionnelle, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 1er mai 2025. (AFP)
Le président du groupe parlementaire Ensemble Pour la République Gabriel Attal (à droite) et le député et conseiller municipal d'Ensemble Pour la République à Saint-Cloud Pierre Cazeneuve (à gauche) sortent d'une réunion avec le Premier ministre français dans le cadre des consultations sur la représentation proportionnelle, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 1er mai 2025. (AFP)
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  • En proposant l'interdiction du voile pour les moins de quinze ans, Gabriel Attal poursuit sa trajectoire de "fermeté" sur la laïcité et les sujets régaliens, mais s'attire de nombreuses critiques jusque dans son camp
  • Des membres de Renaissance ont soutenu publiquement la proposition, comme les député Mathieu Lefevre et Charles Rodwell ou le chef de file des sénateurs macronistes François Patriat

PARIS: En proposant l'interdiction du voile pour les moins de quinze ans, Gabriel Attal poursuit sa trajectoire de "fermeté" sur la laïcité et les sujets régaliens, mais s'attire de nombreuses critiques jusque dans son camp, sur le fond comme sur sa méthode jugée solitaire.

Exposition garantie. Mardi, à la veille du Conseil de défense consacré au rapport sur les Frères musulmans et l'islamisme politique en France, Le Parisien publie une proposition choc du parti Renaissance: interdire le voile pour les moins de quinze ans et instaurer un "délit de contrainte au port du voile" pour les parents.

"Primaire sauvage de la droite" face à Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Édouard Philippe, dénonce, à gauche, le patron du PS Olivier Faure. "Ca suffit de faire des annonces qui deviennent inapplicables une fois le texte éventuellement voté", tonne, à droite, le président du Sénat Gérard Larcher, quand l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, fustige une proposition "complètement démente".

Dans son propre camp également, les critiques ont fusé. "Propositions complètement indigentes", juge un cadre du camp présidentiel. "Sur le fond, je ne suis pas d'accord. Sur le plan du droit, il me semble que c'est probablement inconstitutionnel", juge auprès de l'AFP le député Renaissance (ex-PS) Éric Bothorel.

"Je ne vois pas quel est le sens profond de cette proposition qui va diviser au lieu de rassembler", abonde le député Karl Olive, plutôt estampillé aile droite du groupe.

"Ah bon, Gabriel Attal fait de la politique... Vous croyez ?", ironise un député de l'aile gauche du groupe, pas vraiment à l'aise. "Mon avis sur la proposition, je le garde", évacue-t-il, pour ne pas "nourrir la division".

Gabriel Attal, président de Renaissance et patron des députés du groupe, s'est lui-même chargé d'assurer le service après-vente. "On dit que c'est pas bien, que ce n'est pas normal que des fillettes de 5, 6 ans soient voilées, mais qu'il n'y a pas de mesures pour y répondre ? Moi, je n'ai jamais accepté de me résigner", a-t-il expliqué mercredi.

L'ancien Premier ministre "croi(t) qu'il y a une voie de passage constitutionnelle", au nom de "la protection de l'enfance", et en invoquant le précédent de la loi prohibant le port de la burka.

-Fin de "l'ambiguïté"-

Des membres de Renaissance ont soutenu publiquement la proposition, comme les député Mathieu Lefevre et Charles Rodwell ou le chef de file des sénateurs macronistes François Patriat. La ministre déléguée à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes Aurore Bergé s'est dite satisfaite de voir reprise une proposition qu'elle défend depuis des années, y compris contre le camp macroniste.

Mais les troupes ont été "mises devant le fait accompli", regrette un député Renaissance pas vraiment hostile à Gabriel Attal.

Nouveau virage droitier de l'ancien Premier ministre, qui a fait ses classes au PS avant de rejoindre Emmanuel Macron ? Constance, fait valoir son entourage, qui rappelle l'interdiction de l'abaya à l'école quand il était ministre de l’Éducation, ou la proposition de loi durcissant la justice des mineurs récemment adoptée par le Parlement, en attendant la décision du Conseil constitutionnel.

Désormais à la tête du parti fondé par Emmanuel Macron, "on assume le tournant régalien de notre famille politique" après des années "d'une forme d'ambiguïté qui nous a beaucoup coûté", expliquait-on récemment du côté de Renaissance.

Sur "l'insécurité culturelle nourrie par l'immigration", "si on laisse le champ libre à l'extrême droite", dont ce sujet unifie les différentes chapelles, "on leur fait un cadeau monumental", fait valoir le député Charles Rodwell.

Après les sujets régaliens lundi, viendront, en juin, les conclusions de la "convention thématique" sur les sujets économiques et sociaux. En janvier, Gabriel Attal avait évoqué une proposition pour alléger "le fardeau fiscal qui pèse sur le travail". Les conclusions de la convention thématique sur l'écologie sont également attendues en juin.

"Attal veut parler de tout. Il cultive son image assez ferme mais il ne faut pas que cela. On travaille sur l'immigration de travail, plus positive, sur le social, l'international etc. Je ne crois pas qu'il souhaite se cantonner à ce sujet-là". "Mais c'est vrai qu'il y a un risque de course à l'échalote" pour 2027, juge un député.