L'UE divisée sur la restriction des voyages des Russes

Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, s'adresse à la presse à son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE sur la guerre en Ukraine, au Conseil européen de Bruxelles, le 18 juillet 2022. (AFP).
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, s'adresse à la presse à son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE sur la guerre en Ukraine, au Conseil européen de Bruxelles, le 18 juillet 2022. (AFP).
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Publié le Mercredi 31 août 2022

L'UE divisée sur la restriction des voyages des Russes

  • Les Tchèques veulent suspendre l'accord de 2007 qui facilitait les demandes de visa pour les touristes russes, tandis que d'autres membres ont demandé une interdiction pure et simple des visas
  • Mais d'autres membres de l'UE, dont la Hongrie, le Luxembourg ou l'Autriche, se sont élevés contre cette mesure

PRAGUE: La République tchèque, qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne, s'est heurtée mardi à une forte résistance de certains États membres concernant les mesures visant à limiter les déplacements des Russes suite à l'invasion de l'Ukraine.

Les Tchèques veulent suspendre l'accord de 2007 qui facilitait les demandes de visa pour les touristes russes, tandis que d'autres membres ont demandé une interdiction pure et simple des visas.

Mais d'autres membres, dont la Hongrie, le Luxembourg ou l'Autriche, se sont élevés contre cette mesure.

"Il n'y a pas de place pour le tourisme", a déclaré le ministre tchèque des Affaires étrangères Jan Lipavsky aux journalistes, ajoutant que cette mesure "enverrait un signal à l'élite de Moscou et de Saint-Pétersbourg", aujourd'hui libre de voyager.

"Je ne pense pas que l'interdiction de visa soit une décision appropriée dans les circonstances actuelles", a déclaré, quant à lui, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, dont le pays a conservé des liens étroits avec le Kremlin.

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a également protesté contre une mesure touchant les Russes ordinaires. "Nous ne devons pas avoir un nouveau rideau de fer en Europe", a-t-il souligné. "Nous avons tous convenu dès le départ qu'il s'agissait de la guerre du (président russe Vladimir) Poutine".

Son homologue française a proposé de "distinguer entre les fauteurs de guerre, au premier rang desquels le président russe, son entourage et tous ceux qui soutiennent son effort de guerre, et les citoyens russes, les artistes, les étudiants, les journalistes par exemple".

"Et ceux-là, nous souhaitons, et nous devons, continuer à avoir des liens avec eux", a ajouté Catherine Colonna, rappelant que les oligarques russes, sous sanctions individuelles, ne viendront pas "faire leurs courses ni en France, ni en Europe".

Leur collègue autrichien, Alexander Schallenberg, a estimé de son côté que l'UE ne devait pas "porter un jugement catégorique sur 140 millions de personnes" en Russie.

Moscou répliquera si l'UE prive les Russes de visas

La Russie prendra des mesures de rétorsion si l'Union européenne décide de suspendre ses visas pour les Russes en réponse à l'offensive de Moscou en Ukraine, a mis en garde mardi le Kremlin.

Cet avertissement intervient alors que certains pays veulent interdire l'Europe aux touristes russes, quand d'autres préfèrent une mesure plus symbolique comme la suspension d'un accord prévoyant des facilités pour la délivrance de visas à certaines catégories de Russes.

Ce débat sera au coeur des discussions entre les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UE qui se réunissent mardi et mercredi à Prague.

"Nous savons qu'il y a des points de vue différents parmi les Européens, nous suivrons cela de près. C'est une décision très grave qui pourrait être prise contre nos citoyens et une telle décision ne saurait rester sans réponse", a déclaré le porte-parole eu Kremlin, Dmitri Peskov.

"En répliquant, il faudra faire en sorte de servir au mieux nos intérêts et protéger les intérêts de nos citoyens. Nous ne savons pas encore quelles mesures" les Européens prendront, a-t-il ajouté.

"Petit à petit, Bruxelles comme les capitales européennes affichent un manque total de jugement (...) Cette irrationalité, qui frôle la folie, permet à de telles mesures (sur les visas) d'être débattues", a lancé M. Peksov.

Les pays européens ont déjà imposé plusieurs trains de sanctions économiques à la Russie, pour punir Moscou de son offensive contre l'Ukraine.

En ce qui concerne les visas, une interdiction totale visant les Russes semble peu probable, en l'absence de consensus autour de cette mesure réclamée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Une telle interdiction des visas délivrés aux touristes russes pour l'espace Schengen, qui serait une mesure inédite, est notamment réclamée par les Pays baltes, mais l'Allemagne s'y oppose, et la Commission européenne n'y est pas favorable.

Les 26 pays de l'espace Schengen (22 Etats de l'UE, plus Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein) ont reçu en 2021 trois millions de demandes de visas de court séjour toutes catégories confondues (tourisme, études, voyages d'affaires...), les Russes étant les plus nombreux avec 536.000 demandes.

La République tchèque a cessé de délivrer des visas aux Russes, à quelques exceptions, le 25 février, un jour après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les voisins de la Russie, l'Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, ont exhorté Bruxelles à interdire de délivrer aux touristes russes des visas pour l'espace Schengen.

Selon le ministre estonien des Affaires étrangères Urmas Reinsalu, il est temps de cibler les Russes ordinaires, après la suspension de l'octroi de visas aux délégations officielles et aux chefs d'entreprise russes.

"Ces personnes privées silencieuses devraient également comprendre qu'il y a des conséquences à la guerre", a-t-il déclaré. "Ce qui est littéralement payé par l'argent de leurs impôts, ce sont les bombes qui, maintenant, littéralement, en ce moment, tuent des enfants ukrainiens et bombardent (...) des hôpitaux, des jardins d'enfants, des écoles".

Le gouvernement allemand a proposé mardi un compromis.

"Cela peut être une très bonne voie de dire clairement que nous suspendons les accords sur la facilitation des visas, que nous ne délivrons plus de visas multiples ou de visas de plusieurs années", a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, qui veut "rassembler les différents points de vue" au sein de l'UE pour trouver une solution européenne commune.


L'UE conditionne son aide au Liban à une réforme bancaire et un accord avec le FMI 

La Banque centrale du Liban. (AFP)
La Banque centrale du Liban. (AFP)
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  • Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués"
  • "La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun

BEYROUTH: Une responsable de l'Union européenne (UE) en visite au Liban a déclaré vendredi que le versement d'un demi-milliard d'euros de financement était conditionné à une restructuration du secteur bancaire et à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

En mai dernier, l'UE avait annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban afin d'endiguer l'immigration clandestine vers l'Europe. Cette aide vise à renforcer les services de base, notamment l'éducation et la santé, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués, mais certaines conditions doivent être remplies".

"La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun.

"Une fois ces conditions remplies, nous poursuivrons bien sûr le versement" des fonds, a-t-elle ajouté.

La communauté internationale réclame depuis longtemps que le Liban mette en oeuvre des réformes pour débloquer des milliards de dollars d'aide et relancer son économie, après la crise financière de 2019, imputée à la gabegie et la corruption.

Le mois dernier, le Liban a élu un nouveau président après plus de deux ans de vacance du pouvoir, et un gouvernement a été formé ce mois-ci, remplaçant l'administration intérimaire.

Cette semaine, le FMI a déclaré être ouvert à un nouvel accord de prêt avec le Liban après des discussions avec son nouveau ministre des Finances.

Mme Suica a également dit avoir discuté avec Joseph Aoun d'un "nouveau pacte pour la Méditerranée", ce qui signifie, selon elle, que "nous allons entamer des accords globaux de partenariat stratégique bilatéraux avec des pays, dont le Liban".

L'UE cherche à stabiliser le pourtour méditerranéen afin d'éviter d'importants flux migratoires vers l'Europe. Le Liban affirme accueillir environ deux millions de Syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, et constitue également un point de départ pour les migrants en route vers l'Europe.

 


Le pape François a passé une nouvelle «bonne nuit et s'est levé», selon le Vatican

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  • "La nuit s'est bien passée. Ce matin, le pape François s'est levé et a pris son petit déjeuner", indique un bref communiqué, une semaine après son hospitalisation
  • Le Vatican avait fait savoir jeudi soir que l'état de santé du pape était en légère amélioration

CITE DU VATICAN: Le pape François, 88 ans, a passé une nouvelle nuit calme à l'hôpital Gemelli de Rome où il est soigné pour une pneumonie touchant les deux poumons, a indiqué vendredi le Vatican.

"La nuit s'est bien passée. Ce matin, le pape François s'est levé et a pris son petit déjeuner", indique un bref communiqué, une semaine après son hospitalisation.

Le Vatican avait fait savoir jeudi soir que l'état de santé du pape était en légère amélioration.

"L'état clinique du Saint-Père s'améliore légèrement. Il est apyrétique (sans fièvre, ndlr) et ses paramètres hémodynamiques (circulation sanguine) restent stables", a annoncé le Vatican dans un bulletin de santé.

"Ce matin, il a reçu l'Eucharistie et s'est ensuite consacré à ses activités professionnelles", selon la même source.

Selon une source vaticane, il s'agit de contacts avec ses plus proches collaborateurs, la lecture et la signature de documents et des appels téléphoniques.

Dans la journée déjà, des cardinaux s'étaient montrés encourageants sur l'état de santé du pape argentin, assurant que ce dernier était "sur la bonne voie".

François a été admis à l'hôpital Gemelli de Rome vendredi dernier pour une bronchite, mais le Saint-Siège a révélé mardi qu'il avait développé une pneumonie dans les deux poumons, une infection du tissu pulmonaire potentiellement mortelle.

Cette hospitalisation, la quatrième depuis 2021, suscite de vives inquiétudes alors que le pape a déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années, allant d'opérations du côlon et de l'abdomen à des difficultés à marcher.

Messages de soutien 

Ces préoccupations sont renforcées par la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, notamment sur X, rapportant la mort du pape en plusieurs langues.

"Quelle perte de temps", a déploré le cardinal espagnol Juan José Omella, qui assure que le pape va "beaucoup mieux". "L'important est de savoir comment il réagit aux médicaments. Mais je pense qu'il y a de l'espoir", a-t-il affirmé aux journalistes.

Aucune indication n'a toutefois été fournie sur la durée de ce séjour et le Vatican n'a pas précisé si François, qui n'est plus apparu en public depuis le 14 février, pourrait présider dimanche la prière hebdomadaire de l'Angélus.

L'hospitalisation du pape, à la fois leader spirituel de 1,3 milliard de catholiques et chef de l'Etat de la Cité du Vatican, a relancé les spéculations autour de sa capacité à assurer sa charge, alors que le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altèrerait sa lucidité.

L'évêque de Rome a reçu de nombreux messages de sympathie du monde entier, de la part de responsables politiques et religieux, de fidèles ou des dessins d'enfants.

Malgré des alertes de santé à répétition ces dernières années, Jorge Bergoglio, connu pour sa force de caractère, a maintenu un rythme effréné, au grand dam de ses médecins qui ne cessent de lui répéter de ralentir la cadence.


Poutine remercie le prince héritier saoudien d'avoir accueilli les pourparlers américano-russes

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (SPA/AFP)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (SPA/AFP)
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  • Le président russe a fait l'éloge de la profondeur des relations entre leurs pays et de sa volonté de les développer dans divers domaines
  • Le prince Mohammed a souligné l'engagement du Royaume à déployer tous les efforts possibles pour renforcer la paix et la sécurité mondiales

RIYAD: Le président russe Vladimir Poutine a remercié, jeudi, le Royaume et son prince héritier d'avoir accueilli mardi à Riyad les pourparlers américano-russes.

Lors d'un appel téléphonique entre le prince héritier Mohammed ben Salmane et M. Poutine, le président a également fait l'éloge de la profondeur des relations entre leurs pays et de sa volonté de les développer dans divers domaines.

Le prince Mohammed a souligné l'engagement du Royaume à déployer tous les efforts possibles pour renforcer la paix et la sécurité mondiales, fermement convaincu que le dialogue est le seul moyen de résoudre toutes les crises internationales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com